"C'était mon destin, je ne pouvais pas espérer mieux." "Quand parlera-t-on de Sonia, employée de maison pour 600 euros brut par mois?", demande le site de Slate. Dans un article déjà publié sur The Conversation, une doctorante en sociologie donne la parole à Sonia, une femme française et marocaine âgée de 42 ans qui travaille comme employée domestique. "Les mouvements sociaux de ces derniers mois sont une occasion, ou plutôt, un prétexte, pour évoquer des réalités d'emplois et de nombreuses situations d'exploitation que beaucoup de Français ignorent.
Parmi eux, le quotidien des employés domestiques, largement invisibles des discours politiques et des politiques économiques", explique Alizée Delpierre. De 6h à 19h Tous les jours, Sonia part à 4h50 de chez elle. Elle marche trente minutes pour arriver à la gare et prend toujours le même train. Employée par quatre familles en tant que femme de ménage, elle travaille de 6h à 19h à cause de ses nombreux trajets en transports en commun. "Ses employeurs vivent loin les uns des autres (entre 45 minutes et 1h30 séparent leurs maisons), et à plus d'1h15 de chez elle."
Elle a renoncé à prendre sa voiture pour travailler parce que ça lui coûte trop cher. Moins de deux heures de sommeil Mère de trois enfants, Sonia doit aussi aller chercher son plus jeune fils à l'école et le déposer chez sa mère, entre deux ménages. En plus de tout ça, quatre soirs par semaine, elle bosse dans une grande "tour en verre". De 22h à 1h du matin, elle nettoie les bureaux d'une entreprise avant de rentrer chez elle, en bus de nuit, vers 3h du matin. "Je n'ai pas le choix, je dois travailler au maximum pour nourrir mes trois enfants, et pour vivre, tout simplement.
Alors, tant pis si je ne dors pas", confie Sonia. Le stress tous les 20 du mois Avec ses trois fils, elle vit dans un logement social de 25m². "Sonia touche entre 500 et 650 euros brut, la moitié de ces heures n'étant pas déclarées. Elle perçoit plusieurs aides sociales, et en a honte", indique l'autrice et doctorante. Sonia a arrêté les études à 16 ans. Il y a quelques années, elle a voulu suivre une formation d'auxiliaire de vie sociale mais elle a abandonné par manque d'argent et de temps. Quand le 20 du mois arrive, elle stresse.
"Alors j'appelle mes employeurs pour voir s'ils ne peuvent pas me faire travailler encore plus d'heures, le dimanche ou le samedi. Je leur dis que je peux tout faire. De temps en temps, ils acceptent, mais c'est rare." Mon destin Résignée sur son sort, Sonia n'est pas syndiquée, elle n'a pas participé aux manifestations des dernières semaines. Mais elle sait qu'elle n'est pas seule dans son cas, en France ou ailleurs. "C'était mon destin, je ne pouvais pas espérer mieux, mais je pense que ce n'est quand même pas normal qu'on soit beaucoup de femmes dans mon cas", poursuit-elle. "Il faudrait que moi aussi, je porte un gilet jaune!"
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