L’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Gouès, avait été admis le 14 janvier dernier à un hôpital militaire de Paris pour une infection pulmonaire. Voilà plusieurs mois qu’il avait renoncé aux apparitions publiques.
Il avait passé sa vie d’adulte à prendre la défense des plus faibles. Ancien résistant, ancien député, il a été un infatigable insurgé au service des plus pauvres et des mal-logés.
Le président d’Emmaus France, Martin Hirsch, a évoqué aujourd’hui l’immense émotion provoquée par le décès de l’abbé Pierre. Ses proches, a-t-il dit, ont tenu à faire en sorte que ces derniers jours puissent être sereins, calmes et propices au recueillement.
Le président de la France, Jacques Chirac, estime qu’avec sa disparition, c’est la France entière qui est touchée au coeur car elle perd une immense figure, une conscience, une incarnation de la bonté. L’abbé Pierre représentera toujours l’esprit de révolte contre la misère, la souffrance, l’injustice et la force de la solidarité, selon le président français.
Le premier ministre Dominique de Villepin a salué la mémoire d’un homme de coeur et d’engagement, qui a montré à tous le chemin vers les plus démunis.
L’abbé Pierre, né le 5 août 1912 à Lyon, cinquième d’une famille bourgeoise de huit enfants, a été ordonné prêtre en août 1938 ; il a quitté le clergé régulier pour le clergé séculier et est devenu vicaire à Grenoble l’année suivante.
Il a rejoint la Résistance au cours de l’été 1942, faisant passer des évadés et des Juifs en Suisse. C’est là qu’il a pris son nom de guerre, abbé Pierre. Il a aussi diffusé des journaux de la presse clandestine. Arrêté en mai 1944 par l’armée allemande, il s’est évadé, passant en Espagne et en Algérie où il rencontra le général Charles de Gaulle.
Il s’est par la suite lancé en politique sous les couleurs du Mouvement républicain populaire, qu’il a ultérieurement quitté. Il a été député de 1945 à 1951.
En 1949, il a accueilli dans la maison délabrée qu’il restaurait à Neuilly-Plaisance, dans la banlieue est de Paris, un homme désespéré. Le lieu est alors devenu une auberge de jeunesse internationale baptisée Emmaus ; c’est là qu’a commencé son combat contre l’exclusion.
On compte aujourd’hui 161 communautés du genre en France, 421 groupes répartis dans 41 pays sur tous les continents, sauf l’Océanie.
L’ancien président français, Valéry Giscard d’Estaing, a émis publiquement le voeu, ce matin, que l’abbé Pierre fasse l’objet de funérailles nationales.
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