Les forces de l'ordre ont investi mardi au petit matin à Libreville le siège du principal parti d'opposition gabonais, l'Union du peuple gabonais (Upg), dont le président Pierre Mamboundou a affirmé avoir pris la fuite, a-t-on appris de sources concordantes.
"Des dizaines de soldats ont encerclé le siège de notre parti vers 4h30 ce matin et ils ont investi la concession peu après 6h00", a déclaré par téléphone M. Mamboundou, qui se trouvait dans son quartier général d'Awendjé au moment de l'intervention. "J'ai heureusement pu être exfiltré. Je ne sais pas de quoi il s'agit. Les militaires ont complètement bouclé le quartier et ils fouillent maison par maison", a-t-il ajouté. Les forces de l'ordre ont interpellé plusieurs militants de l'Upg lors de leur intervention au siège du parti et y ont saisi du matériel informatique ainsi que de nombreux documents, a affirmé un responsable du parti, David Tona Ngoye. "Nous avons sollicité l'assistance de plusieurs ambassades pour assurer la protection du président Mamboundou mais nous n'avons pour l'heure reçu aucune réponse de leur part", a poursuivi M. Tona.
D'importants effectifs de l'armée, de la police et de la gendarmerie étaient toujours déployés mardi à la mi-journée dans le quartier d'Awendjé, dans le nord de la capitale gabonaise, ont rapporté des témoins. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement René Ndemezo Obiang s'est refusé à toute déclaration. Cette opération intervient alors que des incidents ont opposé samedi près du siège de l'Upg les forces de l'ordre et de jeunes militants du parti de M. Mamboundou qui souhaitaient manifester contre "la vie chère au Gabon". D'autres incidents violents, qui se sont soldés par une dizaine de voitures incendiées et des interpellations, ont opposé les forces de l'ordre à des manifestants non identifiés lundi dans ces mêmes quartiers du nord de Libreville, selon les médias gabonais. "Le gouvernement essaie de se servir de Pierre Mamboundou comme un bouc émissaire et de nous mettre sur le dos toutes ces manifestations de colère", a regretté M. Tona Ngoye. "Nous estimons, nous, que ces événements sont dus au malaise général qui frappe le pays", a-t-il ajouté.
Arrivé deuxième à la présidentielle du 27 novembre avec 13,57% des voix, M. Mamboundou a refusé de reconnaître la victoire qu'il qualifie de "frauduleuse" du président Omar Bongo Ondimba, au pouvoir depuis trente-huit ans, crédité par les résultats officiels de 79,18% des suffrages.
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