Stéphane Lagarde
Il flotte toujours à Hong Kong un air de guérilla urbaine en cette rentrée. Ce matin, des policiers étaient présents dans les couloirs du métro, mais aussi dans les rames, des agents des forces anti émeutes, bottés, casqués. Des incidents ont été signalés dans plusieurs stations : des manifestants ont tenté de bloquer les portes des trains. La police est intervenue. Il y a eu des arrestations notamment aux changements de lignes, les points de transfert vers les universités étant particulièrement surveillés.
Chaînes humaines
C’est aujourd’hui, lundi 2 septembre, la rentrée des écoles et des lycées avec des scènes étonnantes devant l’entrée des établissements où des lycéens en noir et masqués distribuent des tracts appelant à la mobilisation à leurs camarades en chemise blanche se rendant en cours.Certains élèves du secondaire ont également formé des chaînes humaines devant plusieurs lycées publics.
D'autres ont même séché les cours pour se rendre à une manifestation dans le centre de l'ex-colonie britannique. On a même vu un étudiant un peu provocateur en uniforme se rendant à son école privée, et portant un masque à gaz qu’il a du retirer avant de passer la grille.
Selon le secrétaire à l’Education de l’exécutif hongkongais, la rentrée s’est passée normalement. Pour l’instant, les syndicats étudiants du secondaire ont appelé à un boycott partiel de la rentrée. En revanche, demain, c’est la rentrée universitaire et plusieurs syndicats étudiants ont appelé à un blocage total de leur établissement.
Pour Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, « l’appel à la grève rappelle celui du 5 août dernier ; vont s’y ajouter les grèves des étudiants puisque les universités et les syndicats d’étudiants ont appelé également à la grève. L’objectif, c’est qu’il n’y ait pas uniquement les manifestants du samedi ou du dimanche qui manifestent, mais que le mouvement soit suivi par l’ensemble de la population de Hong Kong. »
Un « moindre suivi » ?
« Il est possible, indique le chercheur, que le suivi soit moindre.
De nombreuses entreprises à Hong Kong ont incité leurs employés à ne pas manifester. C’est notamment le cas de Cathay Pacific qui a annoncé que si des employés manifestaient, ils seraient licenciés. L’objectif, du point de vue des manifestants, c’est de montrer qu’il y a un large soutien. Mais il est malheureusement peu probable que les autorités de Hong Kong bougent dans les jours qui viennent. Dans le cadre de la guerre commerciale avec les États-Unis, mais aussi le 70e anniversaire de la République populaire de Chine, le message que veut envoyer Pékin, c’est celui d’une intransigeance vis-à-vis de la moindre revendication à Hong Kong. »
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