Une carte bleue, sur le modèle de la «green card» américaine, permettra à l'élite du tiers-monde de s'intégrer plus facilement sur le territoire européen.
Bienvenue aux ingénieurs indiens ! Tout en faisant la chasse aux immigrés clandestins, l'Europe souhaite attirer sur son sol des travailleurs hautement qualifiés issus des pays tiers, qu'ils soient africains, chinois ou du sous-continent. Réunis jeudi à Bruxelles, les ministres de l'Immigration ont mis la dernière main à un projet de directive permettant d'offrir à cette élite diplômée, une carte bleue, l'équivalent de la célèbre «green card» américaine. «Nous envoyons un signal d'ouverture», a déclaré le ministre français, Brice Hortefeux, au nom de la présidence de l'Union européenne. Un accord définitif devrait être conclu en novembre.
Les Vingt-Sept s'inquiètent du déficit de compétitivité dont souffrirait l'UE, continent à la démographie vieillissante, surtout en comparaison des États-Unis ou du Canada dont les frontières sont réputées ouvertes aux talents étrangers. Le futur possesseur d'une carte bleue bénéficiera d'une liberté de circulation sur l'ensemble du territoire européen et dès sa première installation, pourra y convier sa famille, sans nécessité de satisfaire à des tests d'intégration. Son conjoint bénéficiera d'un «accès à l'emploi». Ses droits sociaux sont censés être identiques à ceux accordés aux nationaux. Pour autant, la carte bleue n'a rien d'un passeport illimité. Chaque État membre reste libre ou non de l'octroyer, en fonction des caractéristiques propres à son marché du travail. La Hongrie ou la France pourraient se contenter d'offrir ces sésames à des médecins ou des infirmières, où la compétence y fait défaut, tandis que la Belgique cherche des informaticiens ou des ingénieurs. Le salaire des impétrants devra être 1,5 fois supérieur au salaire moyen du pays concerné.
Spécificités nationales
Après quatre ans, le titulaire devra renouveler sa carte bleue, quand bien même son contrat de travail serait à durée indéterminée. S'il est licencié, il disposera de trois mois pour trouver un point de chute équivalent, faute de quoi il perdra le bénéfice de la carte. Plus restrictif encore : ce n'est qu'après dix-huit mois de résidence dans un pays de l'UE que l'intéressé pourra s'établir dans un autre État, une fois le feu vert reçu. «Ce ne sera ni une autorisation automatique, ni le redémarrage d'une nouvelle procédure», indique un diplomate.
«La Blue Card ne règle pas l'accès aux marchés du travail nationaux», a résumé le ministre de l'Intérieur allemand, Wolfgang Schaüble, jugeant «exagérées» les «attentes» nourries par le public. Les États ont fait valoir avec succès leurs spécificités nationales. La Suède, où aucune législation ne fixe le niveau des salaires, craignait que l'Europe ne lui fixe une norme salariale. Pour sa part, la République tchèque refuse d'ouvrir ses frontières aux migrants des pays tiers tant que ses deux voisins, l'Autriche et l'Allemagne, n'ouvrent pas leurs portes aux travailleurs tchèques. Ce qui devrait avoir lieu en 2011. L'objection de Prague représente le seul obstacle que la présidence française devra lever avant d'espérer décrocher un accord, à l'unanimité.
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