L’employée franco-tunisienne de la Croix-Rouge retenue otage au Yémen pendant dix mois se reposait mardi au sultanat d’Oman au lendemain de sa libération, ont indiqué des sources diplomatique et humanitaire.
Nourane Houas, 38 ans, avait été transférée lundi soir à Mascate, capitale du sultanat, qui a joué un grand rôle dans sa libération.
Le ministère omanais des Affaires étrangères avait annoncé avoir réussi, « à la demande des autorités françaises, sur instruction du sultan Qabous et en coordination avec certaines parties yéménites, à retrouver l’otage et à la transférer lundi soir au sultanat en attendant son rapatriement ».
Les conditions de sa libération n’ont pas été précisées. Des sources diplomatiques à Mascate ont cependant indiqué que l’employée du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait été victime d’une « entreprise criminelle à but lucratif, et non politique ».
Mais il y avait « peut-être des accointances » entre les ravisseurs qui exigeaient une rançon et certains militants politiques, a dit à l’AFP une de ces sources.
Nourane Houas, responsable d’un programme de protection humanitaire au sein de la mission de l’ONG au Yémen, avait été enlevée le 1er décembre 2015 dans la capitale Sanaa,sous contrôle des rebelles chiites Houthis. Un employé yéménite du CICR avait été également capturé avant d’être relâché quelques heures plus tard.
La jeune femme « se repose et restera à Mascate deux ou trois jours », a indiqué une source diplomatique, ajoutant qu’elle avait appelé ses parents en Tunisie et qu’après Oman, elle se rendrait « peut-être à Genève », où se trouve le siège du CICR.
L’ex-otage, citée par l’agence omanaise de presse ONA, a tenu à remercier, à son arrivée à Mascate, « le sultanat, sans lequel (sa) libération n’aurait pas eu lieu ». Elle a également loué les efforts du gouvernement français et du CICR.
Le président français François Hollande a « exprimé sa gratitude à tous ceux qui ont permis l’issue heureuse de cette épreuve, et notamment au sultan Qabous Ibn Saïd », tout en saluant « le courage de Nourane Houas pendant sa longue détention ».
Tunis a également exprimé « son profond soulagement après cette bonne nouvelle », tandis que le CICR remerciait « tous ceux qui ont contribué à faciliter la libération de Mme Houas, en particulier sa Majesté le sultan Qabous d’Oman ».
– Les enlèvements, industrie au Yémen –
Au Yémen, une porte-parole du CICR, Rima Kamal, a déclaré que l’organisation humanitaire préférait « ne pas spéculer » sur les raisons de l’enlèvement et « ne pas partager d’informations liées aux ravisseurs ou leur identité » afin de ne pas mettre en péril « la sécurité de (ses) équipes au Yémen ».
« Nous restons déterminés à venir en aide à la population du Yémen, qui souffre terriblement dans le conflit en cours. Nous espérons pouvoir bientôt reprendre la totalité de nos activités dans le pays », a en outre déclaré Alexandre Faite, le chef de la délégation du CICR au Yémen.
En août, de nombreux Tunisiens avaient appelé sur les réseaux sociaux à ne pas oublier Nourane Houas, après la diffusion d’une vidéo de l’otage. Début septembre, le gouvernement tunisien avait affirmé qu’elle « allait bien », sans plus de précisions.
Le sultanat d’Oman a joué le rôle d’intermédiaire dans la libération de nombreux étrangers, contribuant notamment à la libération en août 2015 de la Française Isabelle Prime, après six mois de détention au Yémen.
Contrairement aux autres pays de la péninsule arabique, Mascate garde des relations avec tous les protagonistes du conflit yéménite. Il est en bons termes à la fois avec les rebelles Houthis, qui se sont emparés du pouvoir dans le nord du Yémen, et avec le gouvernement reconnu par la communauté internationale du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par une coalition conduite par l’Arabie saoudite.
Le Yémen a connu de nombreux enlèvements d’étrangers ces dernières décennies. Véritable industrie dans ce pays à forte tradition tribale, l’enlèvement d’étrangers servait aux tribus pour demander des avantages au gouvernement.
Mais certains enlèvements ont été le fait de bandes criminelles ou de groupes jihadistes comme Al-Qaïda, qui a une forte présence notamment dans le sud et le sud-est du pays.
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