L’opération qui a permis de libérer quatre otages, dont deux touristes français, au Burkina Faso au prix de la mort de deux soldats des forces spéciales a mobilisé “de l’ordre de 200 personnes” et a été décidée en “une demi-heure” par Emmanuel Macron, a déclaré mardi le chef d’état-major des armées.
Invité de RTL, le général François Lecointre a souligné qu’au-delà du caractère exceptionnel de l’assaut mené par une vingtaine de commandos marine dans le nord du Burkina Faso dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, les soldats d’élite de l’opération française Barkhane (Task Force Sabre) “conduisent hebdomadairement des missions comme celle-là” dans le combat contre les groupes djihadistes au Sahel.
Emmanuel Macron devait présider mardi matin aux Invalides un hommage national à Cédric de Pierrepont, né en 1986, et Alain Bertoncello, né en 1991, tués dans l’opération. “La mission de ces militaires d’élite, c’est de combattre l’ennemi terroriste, ce n’est pas spécifiquement d’aller libérer des otages”, a expliqué le chef d’état-major des armées.
“Là, il se trouve qu’en combattant cet ennemi, la meilleure façon de l’atteindre c’était d’aller le priver de la ressource que représente pour cet ennemi des otages, exactement comme une opération qui consisterait, dans le cadre d’un affrontement militaire, à aller attaquer les flux logistiques d’un ennemi”, a-t-il précisé.
“Le but principal, au moins équivalent à celui qui consiste à sauver des vies humaines, c’est bien le message adressé à ces terroristes et le fait qu’on les prive d’une capacité logistique”, a insisté l’officier. “Au-delà du fait qu’il fallait libérer deux hommes”, a ajouté le général Lecointre, “il faudrait que tout le monde mesure que cette lutte que nous conduisons depuis longtemps et que nous conduirons encore longtemps vise à défendre et à protéger notre société, à défendre et à protéger nos valeurs, nos modes de fonctionnement.”
“JE NE VEUX PAS PORTER DE JUGEMENT”
Concédant que “ces opérations emportent une part de risque important”, il a précisé que le feu vert d’intervenir à la faveur d’”une saisie d’opportunité” - les ravisseurs ayant fait halte pour bivouaquer - avait été donné jeudi par Emmanuel Macron, chef des armées, “une demi-heure après” que la situation lui avait été exposée.
“Tout cela représente objectivement de l’ordre de 200 personnes”, a-t-il indiqué, précisant que des drones, hélicoptères et d’importants moyens logistiques avaient été engagés. Le général Lecointre s’est refusé à entrer dans la polémique sur le “sacrifice” présumé des deux militaires au profit de deux touristes français, enlevés le 1er mai au Bénin, supposément “imprudents”.
“C’est une question que je ne me pose pas”, a-t-il répondu. “Il se trouve que j’ai des enfants qui veulent aller dans des régions dangereuses pour s’engager sur le plan humanitaire. J’essaye de les en dissuader ou de leur demander d’être le plus prudents possible, mais je ne veux pas porter de jugement”, a-t-il ajouté.
“Ce n’était pas la question, la question c’était de combattre les terroristes comme nous le faisons depuis des années au Sahel”, a-t-il tranché. En allant samedi à l’aéroport de Villacoublay avec le président pour accueillir les ex-otages - décision qui leur a été reprochée -, “j’ai pu être remercié par ces otages”, a justifié le général Lecointre.
Interrogé sur le sort de Sophie Pétronin, la ressortissante française enlevée le 24 décembre 2016 à Gao, au Mali, le général Lecointre a déclaré ne pas avoir “d’élément sur l’endroit” où elle est détenue. A la question de savoir s’il était impossible qu’une opération similaire soit engagée pour la libérer, l’officier a répondu : “Je ne pense pas qu’il y ait de choses impossibles.”
Sophie Louet, édité par Yann Le Guernigou
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