Les appels à l'unité face au Covid-19 commencent-ils à porter leurs fruits ? Toujours est-il que l'OMS a su dépasser ses divisions ce mardi pour mieux coordonner la réponse de la communauté internationale. Ses membres se sont prononcés pour un accès universel aux traitements. Vaccins compris. Le texte demande également une évaluation de la gestion de crise par l'OMS. Washington, en guerre larvée contre la Chine et l'OMS, a laissé faire, tout en se dissociant de points majeurs de la résolution.
Après presque 15 heures de vidéoconférence, répartis sur deux jours, entre 194 Etats membres, les applaudissements ne sont pas surjoués. Jusqu'au bout, personne ne savait vraiment si les États-Unis allaient bloquer l'adoption du texte, rapporte notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche. Ce texte demande notamment aux États et aux groupes pharmaceutiques de tout faire pour rendre accessible au plus grand nombre les futurs traitements contre le Covid-19. Mais Washington s'est désolidarisé de ce paragraphe, comme l'y autorisent les règles de l'OMS.
Les États-Unis se sont en revanche félicités de l'ouverture d'un « processus d'évaluation impartiale, indépendante et complète » des « mesures prises par l'OMS face à la pandémie de Covid-19 ».
« On craignait le pire, et le pire a été évité »
L'accord a été largement salué. Après les annonces de Donald Trump, qui avait menacé de retirer définitivement les États-Unis de l'organisation onusienne, cette résolution prend en effet l'allure d'un gage : pour faire face à la crise sanitaire mondiale, les pays membres de l'OMS font primer la réponse multilatérale sur le repli sur soi.
Pourtant, force est de constater que les contours de cette future évaluation indépendante - comme la composition de la commission d'enquête, le début de ses travaux ainsi que ses terrains de recherche - demeurent flous. Le directeur général de l'OMS s'est contenté d'expliquer que l'enquête débutera « au moment approprié ». La Chine, de son côté s'est déclarée ouverte à une évaluation indépendante sur son sol... mais pas avant la fin de l'épidémie.
« On craignait le pire, et le pire a été évité, souligne Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques, au micro de Stefanie Schüler. Au contraire, on peut dire que cette réunion a été un succès. » Ces succès, explique-t-il, portent sur deux points : « le fait qu’un éventuel vaccin serait considéré comme un bien public mondial, et donc mis à disposition de tous » et l’acceptation d’une enquête indépendante, qui souligne, selon lui, « un souci de transparence et l’acceptation d’une autocritique très bienvenue, qui protègera l’OMS sur le long terme. »
La Chine et l'Union européenne, grandes gagnantes de la réunion
« Sur le plan diplomatique, poursuit Pascal Boniface, c'est bien sûr la Chine qui a gagné. Avec d'une part, l'engagement du président Xi Jinping, au cas où la Chine découvrirait un vaccin qui serait considéré comme un bien public mondial, et donc mis au service de tous, ce qui va bien sûr à l'encontre des délibérations du patron américain de Sanofi, disant qu'un vaccin serait d'abord destiné au marché américain. Et puis l'absence de Trump laisse de la place à la Chine ! »
« On peut penser que l'Union européenne est également vainqueure de cet épisode, dans la mesure où la réunion qu'elle a organisée le 8 mai pour rassembler des fonds pour aider à trouver un vaccin a été un succès, avec 8 milliards [d'euros récoltés]. Et l'Europe offre une image multilatérale, elle n'est pas soupçonnée, comme la Chine, de dissimulation, voire d'appétit déguisé. Du fait de l'absence des États-Unis, la présence de l'Europe permet une présence occidentale, et permet que la Chine ne soit pas lal seule puissance à occuper ce terrain. »
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