Les pharmaciens ont suivi mardi de façon très soutenue l'appel à fermer leurs officines pour protester contre la réforme à venir des professions réglementées, selon l'Ordre national des pharmaciens.
Les pharmaciens font partie des 37 professions qui répondaient à l'appel à une "Journée sans professions libérales" lancé par l'UNAPL, organisation interprofessionnelle, à la suite des manifestations des notaires et des huissiers il y a deux semaines.
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui a hérité de ce dossier ouvert par son prédécesseur Arnaud Montebourg, a tenté une nouvelle fois de rassurer les professionnels quant à la finalité de son projet de loi "croissance et pouvoir d'achat".
Les professions libérales accusent le gouvernement de vouloir les "priver de leur outil de travail", notamment en ouvrant le capital de leurs sociétés à des investisseurs tiers.
"Il y a beaucoup de fausses idées qui circulent sur ce projet", dit Emmanuel Macron dans le quotidien Paris-Normandie de mardi. "D'abord, les professions dites réglementées ne sont qu'une partie mineure de mon projet de loi sur l'activité. Deuxièmement, ce n'est en aucun cas une déréglementation ou une dérégulation."
"Le projet que je porte ne reviendra en aucun cas sur quelque sécurité juridique que ce soit ou sur quelque sécurité sanitaire que ce soit. En aucun cas sur l'équilibre des territoires non plus", ajoute-t-il.
"L'esprit de la loi que je porte, c'est d'aider à moderniser le pays pour créer de l'activité, là où c'est possible, de baisser les prix pour les ménages et les entreprises parce que tout cela est bon pour la croissance."
NEUF PHARMACIES SUR DIX FERMÉES
Malgré ces tentatives multiples d'apaiser la tension, le mouvement, qui s'étendait des pharmaciens aux géomètres, en passant par les notaires, huissiers ou moniteurs d'auto-école, semblait très suivi, notamment dans le domaine médical.
Près de neuf pharmacies sur dix (87,2%) étaient fermées mardi entre 09h00 et 10h00, a dit à Reuters Isabelle Adenot, présidente de l'Ordre national des pharmaciens, et une manifestation a réuni plusieurs centaines de professionnels à Paris.
"Comme nous évaluons entre 10% et 15% les pharmacies qui étaient réquisitionnées, on est à une mobilisation de la totalité de la profession", a-t-elle dit.
Les Agences régionales de santé avaient reçu pour consigne de garantir l'ouverture d'au moins une pharmacie par "territoire de santé" pour délivrer les médicaments en cas d'urgence, selon le ministère de la Santé.
Ce dispositif a été rendu possible, précisait-on au ministère, grâce à la réquisition de pharmacies mais aussi parce que certaines n'étaient pas fermées et que des pharmacies ayant répondu à l'appel s'étaient organisées entre elles pour assurer la continuité des soins.
"Le taux d'activité est inférieur à la normale", a relevé Isabelle Adenot, expliquant que cela témoignait d'une réponse adaptée aux besoins. "On en conclut que les pharmaciens sont des personnes responsables et assurent leur mission de service public."
(Gregory Blachier, édité par Sophie Louet)
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