Au lendemain de festivités de Noël plus sobres que d'habitude, les Libériens votent ce mardi 26 décembre pour élire leur nouveau président. Les électeurs se rendent aux urnes avec sept semaines de retard sur le calendrier initial pour déterminer qui, de la légende du football George Weah ou du vice-président Joseph Boakai, succèdera à Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue chef d'Etat en Afrique.
Après des semaines d'imbroglio juridique, né de la contestation des résultats du premier tour du 10 octobre, les urnes vont enfin désigner le successeur d'Ellen Johnson Sirleaf, seule femme à avoir été élue chef d'Etat en Afrique. Les bureaux de vote ont ouvert à 8h TU et ferment à 18h TU aux quelque 2,1 millions d'électeurs de ce petit pays anglophone. Les premiers résultats sont attendus quelques jours plus tard.
Ce mardi matin, dans les bureaux de monde, la foule était moins nombreuse qu'à la même heure, au premier tour, le 10 octobre. Le bureau de vote de Sinkor, un quartier de classe moyenne de la capitale, était presque vide. Ses électeurs iront peut-être voter plus tard.
George Weah, star du PSG et du Milan AC dans les années 1990, part favori après être arrivé en tête au premier tour dans 11 provinces sur 15. Il bénéficie du ralliement du sénateur et ancien chef de milice Prince Johnson (8,2%) et du parti de Charles Brumskine. Au total, quatre candidats défaits au premier tour ont appelé leurs partisans à soutenir le footballeur de légende, qui brigue la présidence pour la troisième fois, après 2005 et 2011.
« La victoire est mienne », a répondu dimanche 24 décembre Joseph Boakai, 73 ans, bien qu'il n'ait réuni qu'une centaine de militants à son quartier général dimanche soir. « Nous prions pour qu'ils fassent que cette élection soit libre, juste et crédible », a ajouté le vice-président sortant, très critique ces dernières semaines envers la Commission électorale nationale.
Les résultats du premier tour, qui s'est déroulé le 10 octobre et avait donné dix points d'avance à Geroge Weah sur son rival, avaient toutes les apparences d'un vote de contestation. Le second tour ce mardi permettra de savoir si les Libériens se sont réconciliés entre temps avec le parti au pouvoir, le Parti de l'unité, ou s'ils préfèrent l'opposition.
Un second tour plus transparent ?
Le camp de George Weah est un peu inquiet. L’ex-footballeur, qui avait presque dix points d’avance sur son rival Joseph Boakai au premier tour, est donné favori. Au point que certains de ses supporters peuvent penser que l’affaire est pliée et qu’il n’est pas absolument essentiel de faire le déplacement.
Par crainte des fraudes, la procédure a changé entre le premier et le second tour. Il existe désormais une liste électorale en bonne et due forme. Aujourd’hui, seuls peuvent voter ceux dont le noms figure sur cette liste. Au premier tour, il suffisait d’une carte d’électeur, ce qui a provoqué certaines irrégularités, évoquées par la Cour suprême.
Des observateurs internationaux ont pu témoigner que des cartes d’électeurs avaient été vendues sous leurs yeux. Ce matin la police a d’ailleurs interpellé deux personnes dans un bureau de vote de Monrovia. Une employée de la commission électorale, qui aurait donné deux bulletins à un électeur, peut-être par erreur. Un homme, qui a lui aussi été interpellé, aurait également tenté de les glisser tous les deux dans l’urne. Ils sont tous les deux pour l’instant au commissariat.
La corruption au coeur de la campagne
La campagne du second tour au Liberia a été tellement dominée par la personnalité et le style des deux candidats, le sénateur Weah et le vice-président Boakai, qu’on en viendrait à oublier les enjeux, pourtant majeurs. A commencer par la lutte contre la corruption.
A Monrovia, le mot corruption est sur toutes les lèvres. George Weah évoque souvent le sujet. Mais il est avare de détails lorsqu’il s’agit d’expliquer comment il ferait pour assainir la situation.
La Cour des comptes libérienne a pourtant souvent sonné l’alarme, notamment au sujet de la disparition de fonds publics qui devaient être consacrés aux victimes de l’épidémie d’Ebola, il y a deux ans. La présidente Ellen Johnson Sirleaf a rejeté les accusations du gendarme antifraude, affirmant qu’il avait fallu, vu l’urgence de la situation, contourner la procédure.
Le vice-président Boakai promet, s’il est élu, de s’en tenir a la lettre de la loi. Il assure, entre autres, qu’il n’interviendra pas dans le fonctionnement des institutions.
En matière d’économie, le candidat du parti au pouvoir a été plus précis que le candidat de l’opposition. Le vice-président s’est engagé à créer 50 000 emplois, dans l’industrie du meuble notamment. Reste a savoir si les électeurs voteront ce mardi pour un homme ou pour son programme.
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