Une femme enceinte peut-elle être candidate à la mairie de Rome ? Une mère peut-elle être maire ? Dans la Ville éternelle, la polémique faisait rage mardi, avec des manoeuvres politiques entre droite et extrême droite. Pour l'élection municipale attendue en mai ou juin, l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi et Matteo Salvini, l'allié italien du Front national français, semblaient s'être mis d'accord pour un candidat unique. Mais dimanche, alors que les militants entérinaient le choix de Guido Bertolaso, ancien secrétaire d'Etat et membre de Forza Italia, Giorgia Meloni, une alliée de M. Salvini, a annoncé sa volonté d'être également candidate.
Berlusconi pas favorable Interrogé lundi à la télévision sur un éventuel "ticket" à l'Américaine, M. Bertolaso a estimé sans détour qu'on ne pouvait demander à Mme Meloni, qui attend un enfant pour l'été, de faire campagne enceinte puis de gérer les ordures, les bouchons et les rats de Rome "au moment où elle devra allaiter". "Une maman ne peut pas se dédier à un travail de brute et Rome aujourd'hui est un travail de brute, qui nécessite de passer 14 heures par jour au bureau. Je ne crois pas que ce soit le bon choix", a appuyé M. Berlusconi mardi à la radio.
"Bertolaso a 50 ans de retard", a répliqué M. Salvini. L'intéressée est également intervenue: "Je ne veux pas polémiquer, je dis seulement avec politesse et orgueil à Bertolaso que j'espère être une très bonne mère, comme le sont toutes ces femmes qui avec mille difficultés et souvent dans des conditions plus difficiles réussissent à concilier engagements professionnels et maternité". En face, le chef du gouvernement Matteo Renzi ne s'est pas privé de semer la zizanie: "Bien sûr qu'une maman peut être maire !", a-t-il déclaré mardi tout en appuyant le candidat de son bord, le Parti démocrate (PD), Roberto Giachetti.
"Ce pays n'est pas pour les femmes" "Si tous ces hommes changeaient plus de couches au lieu de donner des conseils aux femmes, on vivrait dans un plus beau pays", a pour sa part estimé M. Giachetti sur Twitter. Plusieurs femmes du gouvernement sont également intervenues, même si Mme Meloni est détestée à gauche en tant que représentante de la jeune génération fasciste.
"Quand demanderont-ils à un candidat homme de se retirer parce qu'il doit être père ?", a ainsi raillé sur Twitter Maria Elena Boschi, ministre des Réformes institutionnelles. "Ce pays n'est pas pour les femmes", s'est désolée Beatrice Lorenzin, ministre de la Santé qui a accouché de jumeaux l'année dernière, en dénonçant "une misogynie de fond" et en lançant: "Qui vous critique parce que vous êtes femme ne vous mérite pas".
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