NOUAKCHOTT - La police mauritanienne a violemment dispersé jeudi à Nouakchott des manifestations d'opposants au pouvoir militaire qui entendaient dénoncer le "simulacre" d'élection présidentielle prévue la semaine prochaine, a constaté l'AFP.
L'opposant Ahmed Ould Daddah et le président de l'Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir qui refuse de siéger depuis la prise de pouvoir par l'armée le 6 août 2008, était en tête de la manifestation, qui a débuté vers 18H00 (locale et GMT) dans le quartier de la Polyclinique.
Les policiers ont fait usage de lacrymogènes et de matraques pour disperser les manifestants, qui ont riposté par des jets de pierres et en engageant des corps à corps avec les policiers.
La manifestation a ensuite éclaté en plusieurs groupes de centaines de personnes, en majorité des jeunes, qui ont affronté la police, notamment Place des Blocs.
Les violences ont duré plus d'une heure. Elles ont fait plusieurs blessés qui ont été soignés dans les hôpitaux de Nouakchott, ont indiqué à l'AFP des sources hospitalières, sans préciser leur nombre ni s'il s'agissait de manifestants ou de policiers.
"Nous n'avons pas encore de bilan précis mais nous savons que beaucoup de nos militants se trouvent dans les hôpitaux" a ensuite assuré à la presse le dirigeant du parti islamiste Tawassoul, Jemil Ould Mansour, président en exercice du Front national pour la défense de la démocratie).
M. Ould Mansour a également annoncé plusieurs arrestations.
Ces manifestations ont eu lieu au moment même où le groupe de contact international sur la Mauritanie était réuni à Dakar, avec des négociateurs mauritaniens, dans l'espoir de "trouver un consensus pour une solution démocratique" selon les mots du président sénégalais Abdoulaye Wade.
Les anti-putsch exigent le report de la présidentielle prévue par la junte le 6 juin, 10 mois après le renversement du président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, meneur du putsch, est déjà donné vainqueur de ce scrutin puisqu'il ne rivalise qu'avec trois candidats de moindre poids qui n'ont pas condamné le coup d'Etat.
Au cours de la conférence de presse qui a suivi les échauffourées, M. Ould Boulkheir a appelé à des manifestations "encore plus massives et plus engagées". "Le sang des manifestants, leurs larmes et leurs sueurs n'aurons pas été versés en vain, mais bien au service de leur peuple en lutte contre l'arbitraire" a-t-il lancé.
M. Ould Daddah a renchéri: "Un jour, les forces de l'ordre se verront arracher leurs armes pour être utilisées contre elles si cet arbitraire continue".
L'opposition avait annoncé avant le départ de ses négociateurs pour Dakar qu'elle "accentuerait sa présence dans la rue pour les appuyer et faire échec au simulacre d'élection programmée le 6 juin".
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Romandie.com
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