*Déplacements des ministres et secrétaires d’Etat strictement encadrés
*Les ministres paieront leurs frais privés sur leurs deniers personnels
Nicolas Sarkozy a demandé dans un courrier lundi à François Fillon la mise en œuvre de mesures pour réduire ‘vigoureusement’ le train de vie de l’Etat, en imposant à ses ministres une cure d’austérité, sous peine de ‘sanctions’.
Alors que son credo de campagne électorale sur la ‘République irréprochable’ a été mis à mal par une série de polémiques secouant l’Exécutif, le chef de l’Etat affirme dans ce courrier la ‘nécessité’ de ‘rechercher les économies’ pour ‘redresser nos finances publiques’. En pleine crise économique, alors que les déficits de la France atteignent des sommets, M. Sarkozy y voit ‘un impératif moral’. Il faut ‘lutter contre les gaspillages à tous les niveaux de l’administration’, écrit-il. Logements de Christian Estrosi ou Fadela Amara, rémunération de Christine Boutin, cigares de Christian Blanc, accusations de conflit d’intérêts visant Eric Woerth dans l’affaire Bettencourt : la lettre intervient alors que le train de vie et les avantages de plusieurs ministres ont défrayé la chronique depuis un mois. ‘L’Etat doit, plus que jamais, faire preuve d’exemplarité’ et ‘faire un usage irréprochable de l’argent public’, assène Nicolas Sarkozy. ‘Un euro public doit être un euro utile et légitime’, résume le président, en revendiquant ‘un usage irréprochable de l’argent public’.
M. Sarkozy déroule toute une série de mesures, concernant le train de vie du gouvernement et de l’administration, ‘à tous les niveaux hiérarchiques’. Ainsi, les ministres paieront-ils désormais leurs frais privés ‘sur leurs deniers personnels’. Des ‘sanctions’ sont prévues en cas d’abus.
M. Sarkozy confirme également la suppression, ‘cette année’, de la garden party du 14 juillet à l’Elysée et annonce la fin des chasses présidentielles qui ‘seront remplacées par de simples battues de régulation’. Autres annonces : la suppression de ‘10 000 véhicules et de 7 000 logements de fonction d’ici 2013’. ‘Lors de la livraison de l’avion long-courrier qui a été commandé pour la flotte gouvernementale, les deux moyens courriers actuellement en dotation (seront) cédés’. Aux yeux du président, il s’agit de ‘faire émerger une administration plus rapide, plus simple, moins coûteuse’, apte à ‘faciliter la vie des Français dans un contexte difficile’. ‘Un plan quinquennal de 150 fusions de corps sera engagé’ et ‘un programme de 100 simplifications de procédures et de 30 accélérations de démarches administratives’ sera ‘mené à bien en trois ans’. Pour établir ‘la transparence sur les résultats des services publics’, un baromètre sera publié tous les six mois.
Le chef de l’Etat souhaite également que ‘les déplacements des ministres
et secrétaires d’Etat soient strictement encadrés’. ‘Pour leur
hébergement, ils auront recours aux locaux des services de l’Etat tels
que les ambassades et les préfectures, de préférence aux prestations
hôtelières’, précise-t-il. ‘Cet effort d’exemplarité’ concerne également
l’entourage des ministres: le nombre de leurs collaborateurs de cabinet
est fixé à un maximum de 20 personnes et 4 pour les secrétaires d’Etat,
avec une réduction de 10 % des budgets consacrés à leurs rémunérations
et déplacements. Là aussi, les abus, ‘notamment en matière de
déplacements ou de frais de bouche’, seront sanctionnés, promet le
président. Autres restrictions : les avantages en nature, l’attribution
de logements, de véhicules et les déplacements en avion.
Le chef de l’Etat français demande au Premier ministre de lui ‘rendre
compte chaque trimestre des progrès accomplis’.
La France se met au Pas*, le Sénégal
traîne le pas
L’heure est à la prise de conscience, au réalisme, à la réduction du
train de vie au strict minimum. Par effet d’entraînement, la crise
économique a déstabilisé le tissu économique des pays dits développés.
Les conséquences, on les connaît : hausse du chômage, baisse de la
consommation, déficits budgétaires importants, etc. Après l’Allemagne
et plus récemment l’Angleterre, la France s’est engagée résolument à
réduire le train de vie de l’Etat pour ramener son déficit à 3 % du Pib
d’ici 2013. L’objectif chiffré en termes de valeurs est de diminuer le
déficit public de 100 milliards d’euros à terme.
Depuis 2007, cent mille postes de fonctionnaires ont été supprimés et sept milliards d’euros d’économie réalisés chaque année, dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (Rgpp). Le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux se poursuit.
Dans la lettre annonçant les nouvelles réformes au Premier ministre François Fillon, le président Nicolas Sarkozy écrit ceci : ‘A l'heure du nécessaire redressement de nos finances publiques, la réforme de l'Etat doit se poursuivre. Elle nous permet de réaliser des économies intelligentes, en réexaminant les différentes politiques publiques, en hiérarchisant les priorités, en supprimant les doublons et les structures inutiles. Faire émerger une administration plus rapide, plus simple, moins coûteuse est une nécessité pour faciliter la vie des Français dans un contexte difficile. Voilà pourquoi j'ai décidé de poursuivre la révision générale des politiques publiques’.
Réaliser des économies intelligentes, hiérarchiser les priorités en supprimant les doublons et les structures inutiles. Voilà autant d’idées que le Sénégal de Abdoulaye Wade devrait piquer à la France de Nicolas Sarkozy. Le dernier remaniement en date a reposé le débat sur les priorités de l’Etat et sur ses capacités à les identifier et à les hiérarchiser. Qu’est-ce qu’un pays comme le nôtre fait avec une quarantaine de ministères dont la majorité ne mérite pas plus que le nom de direction ? Parce que, en réalité, ce sont bien des directions qui ont été érigées en départements ministériels. De même que, ce n’est pas une nouveauté, toutes ces agences qui ne sont rien d’autres que de simples programmes qui auraient dû être intégrés dans des directions et pour lesquels, le budget et l’échéance devraient être à court terme.
C’est aussi dans ce pays si cher à Abdoulaye Wade - ce n’est pas de l’ironie - où un ministre peut être relevé de ses fonctions, logiquement pour manque de résultats, et reclassé ministre d’Etat dans l’immédiat. On sanctionne pour quoi ?
Le président avait émis la sage idée de réduction du déplacement des ministres pour ne pas trop grever le budget. Soit. L’on n’a pas tardé à lui rétorquer qu’en la matière, en tant que roi des airs, il prêche le mauvais exemple. Les voyages du Chef de l’Etat sont discutables. Il faut bien qu’il vende le Sénégal à l’extérieur, c’est diplomatiquement correct. Qu’ils soient cinq ou cent, le Chef de l’Etat et ses collaborateurs prennent le même avion. A ce niveau, pas de charge supplémentaire. Mais une fois à destination, ce sont les suites, et pas dans n’importe quel hôtel, les voitures pour les déplacements, les frais de mission, etc. Là, il y a un problème.
Le déficit public est passé de 4,9 % du Pib en 2008 à 8,1 % en 2009, selon Jeune Afrique. Pendant ce temps, l’Etat croule sous le poids de ses ministères, sociétés nationales, agences et autres démembrements aussi inutiles que budgétivores.
Que dire de la fonction publique. Omettre les fonctionnaires serait une faute lourde de notre part. En France, Sarkozy soutient que ‘les fonctionnaires sont moins nombreux mais mieux payés ; les obstacles à leur mobilité ont été levés ; leur travail et leurs compétences sont mieux reconnues’. Ici le problème est resté en l’état. Absentéisme, non-productivité, lenteurs et lourdeurs administratives. Des efforts sont faits pour améliorer l’environnement des affaires. Mais, l’un des maux du Sénégal, ce sont ces fonctionnaires payés à se tourner les puces. Dont les seules activités se résument à venir au bureau mettre la climatisation, lire la presse, allumer sa machine, surfer pendant des heures, prendre une pause, ‘tuer le temps’ pour le reste de l’après-midi et rentrer. Voilà le résultat que l’on obtient lorsqu’on recrute quelqu’un pour un travail pour lequel il n’a pas été formé. Pour être juste, il y a d’autres fonctionnaires qui se tournent les pouces parce que l’on a préféré la présence physique de militants ou camarades de partis à leur compétence. En somme l’Etat se retrouve à payer des gens improductifs. Le Sénégal n’a pas ces moyens-là. Tout comme il n’a pas à attendre que la situation économique se détériore, que des injonctions proviennent de bailleurs de fonds pour s’ajuster. Gouverner, c’est se remettre en question.
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