Le président du Sénégal a réitéré son désaccord avec la politique d'immigration "choisie" de Nicolas Sarkozy. A u terme d'un séjour d'une dizaine de jours en France, le président du Sénégal Abdoulaye Wade a exprimé à nouveau son rejet de la loi Sarkozy sur l'immigration "choisie" adoptée par les députés français, dans un entretien publié vendredi 26 mai par le quotidien Aujourd'Hui en France/Le Parisien.
"Ce n'est pas honnête de vouloir nous prendre nos meilleurs fils", a affirmé le président sénégalais qui a longuement reçu mercredi dernier Nicolas Sarkozy à Paris. "Je le lui ai bien fait comprendre", a précisé Abdoulaye Wade, "mais si on laisse les mots de côté, je suis sûr qu'il y a moyen de s'entendre".
Concertation
"C'est pourquoi Sarkozy va m'écrire pour arriver à une conception commune de l'immigration", a ajouté le président soulignant qu'il avait convenu avec le ministre de l'Intérieur "d'échanger deux délégations qui vont travailler sur le sujet".
"Nos deux pays doivent discuter et ne pas agir de manière unilatérale", a-t-il dit. "Tous les moyens sont bons pour créer des emplois (au Sénégal) et dissuader les Sénégalais de partir", a-t-il indiqué notant que "ce phénomène d'émigration s'accélère depuis deux ans". "D'où la nécessité de contrôles renforcés de nos frontières et de nos côtes", a-t-il déclaré. Abdoulaye Wade entend notamment développer l'agriculture biologique au Sénégal.
Contre l'émigation
Le président du Sénégal, avait déjà exprimé ses réticences quelques jours plus tôt, face à la loi française sur l'immigration "choisie", quelques jours après la tournée en Afrique de Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur français.
"Je constate une certaine variation dans l'explication de l'immigration choisie", avait-il déclaré. "Moi, en tant que président du Sénégal, je suis contre l'émigration et je ne choisirai rien du tout", avait-il affirmé, prônant des initiatives pour créer des emplois sur place.
La semaine dernière, Nicolas Sarkozy s'est fait chahuter par des manifestants au Mali et au Bénin, où le ministre s'est rendu immédiatement après le vote par l'Assemblée nationale de sa loi qui durcit les conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France.
"Je ne veux pas que les jeunes qualifiés s'en aillent"
Abdoulaye Wade a exprimé son étonnement quant aux déclarations de Nicolas Sarkozy selon lesquelles la France ne cherche pas priver l'Afrique de ses élites.
"La France devrait avoir une autre attitude à notre égard plutôt que de nous prendre les cadres que nous formons", a dénoncé Abdoulaye Wade. "M. Sarkozy peut avoir la politique qu'il veut. Mais ce n'est pas honnête de vouloir prendre nos diplômés, alors que je dépense beaucoup d'argent pour les former. Je consacre 40% de mon budget à l'éducation et je ne veux pas que les ingénieurs, les jeunes qualifiés s'en aillent".
Selon le président du Sénégal, "le devoir normal de tous ces gens qui se sont formés à l'étranger, c'est de retourner dans leur pays". Abdoulaye Wade a assuré qu'il "fera tout pour limiter l'émigration à partir du Sénégal".
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