La République Islamique de Mauritanie, « Terre des hommes » comme l’écrivait Antoine De Saint Exupéry, vient de réussir une transition démocratique en douceur. Un nouveau président de la République, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi a été élu à la suite d’un scrutin salué par l’ensemble de la communauté internationale pour sa transparence et son caractère démocratique. Et les militaires ayant organisé tout le processus dans le dialogue et le consensus sont en train de retourner dans les casernes.
Le nouveau président mauritanien Ould Abdallahi
Le colonel Ely Ould Mohamed Vall, grand artisan de cette transition avait mis fin au règne de plus de vingt ans du président déchu Maaouya ould Sid'Ahmed Taya en août 2005. Depuis, les Mauritaniens n’ont cessé de rêver et de voir leurs rêves se réaliser parce que la junte militaire au pouvoir n’a pas cessé de tenir parole d’abord dans l’organisation d’un scrutin libre ensuite dans la dévolution volontaire du pouvoir aux civils. Prévu auparavant pour 2 ans, la transition a seulement eu lieu 18 mois après le coup d’Etat. Le premier tour des élections a eu lieu le 11 mars de cette année avec en lice quelque 19 candidats dont les plus connus sont, outre les deux hommes arrivés en tête, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi et Ahmed Ould Daddah, Zeine Ould Zeidane, Messaoud Ould Boukheir qui représente la communauté noire Haratine (Maures noirs) et Ibrahima Moctar Sarr, au nom de la communauté négro-africaine. Finalement, c’est Ould Cheikh Abdellahi qui l’a remporté avec 52,85 pour cent des voix, soit la majorité simple dont il avait besoin pour battre son concurrent Ahmed Ould Daddah. Un scrutin jugé « transparent et démocratique » par nombre d’observateurs parmi lesquels notre compatriote Alioune Tine de la Raddho (voir notre texte).
Une rupture nette avec l’ère des coups d’Etats qui depuis 1978, se chiffrent à au moins 6, plongeant le pays dans une sorte d’impasse au plan politique, social, culturel et économique. En 1989, les évènements douleureux avec le Sénégal qui se sont chiffrés de part et d’autre par des centaines de morts et de blessés, a révélé au grand jour les atrocités du régime de Taya avec en toile de fond, des problèmes d’ordre racial, ethnique mais surtout de mal gouvernance. Aujourd’hui, le nouveau pouvoir qui a fait des promesses fermes à ce propos devra s’attaquer aux problèmes des réfugiés et des déportés dont certains sont encore à la frontière avec le Sénégal, celui des veuves dont les maris ont miraculeusement disparu durant ces événements de 1989, et amorcer rapidement le dialogue social pour une intégration plus affermée des communautés. La Mauraitanie se trouve ainsi, à la croisée des chemins partagée qu’elle elle entre des traditions séculaires à lourdes pesanteurs sociales et un modernisme voulu par ses fils. Il appartiendra à son peuple, dans un sursaut unanime, de consolider les acquis dans le respect de la diversité de chacun.
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