Dans la tourmente, Donald Trump a sèchement contesté jeudi toute interférence dans l'enquête du FBI sur les liens éventuels entre des membres de son équipe et Moscou, se posant en victime d'un acharnement.
A la veille de son départ pour son premier voyage à l'étranger, qui le mènera au Proche-Orient et Europe, le président des Etats-Unis est dans une position très inconfortable et sait que l'affaire russe ne fait que commencer.
"Toute cette histoire est une chasse aux sorcières (...). Je pense que cela divise le pays", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse dans les salons de la Maison Blanche avec le président colombien Juan Manuel Santos.
"Il n'y a aucune collusion (...), zéro" avec Moscou, a-t-il martelé, tout en prenant soin de souligner - nuance de taille au moment où les l'étau semble se resserrer sur certains de ses proches - qu'il ne pouvait parler que pour lui-même.
Les révélations se sont enchainées depuis l'éviction brutale du patron du FBI James Comey par le locataire de la Maison Blanche.
Selon le New York Times, M. Trump aurait fait pression sur ce dernier pour qu'il classe le volet de l'enquête concernant Michael Flynn, son éphémère conseiller à la sécurité nationale soupçonné de jeux troubles avec les Russes.
- 'Non, non' -
M. Comey aurait refusé, mais consigné cette conversation dans des notes qui ont commencé à fuiter dans la presse.
"Avez-vous, à un moment ou un autre, demandé au directeur du FBI James Comey, d'une manière ou d'une autre, de clore ou ralentir une enquête concernant Michael Flynn et...?", lui a demandé un journaliste jeudi.
"Non, non. Question suivante ?", a interrompu le président, visage fermé.
Le numéro deux du ministère de la Justice, Rod Rosenstein, qui a annoncé la nomination de Robert Mueller, directeur du FBI de 2001 à 2013 au poste de procureur spécial, a répondu jeudi aux questions pressantes des sénateurs.
"Il a dit qu'il voulait être certain que l'intégrité du département de la Justice soit protégée, et que les Américains sachent que cela sera géré avec équité", a rapporté le sénateur Dick Durbin à l'issue de cette réunion qui s'est tenue à huis clos dans une salle sécurisée du Capitole.
Mais le haut responsable s'est refusé, selon plusieurs élus, à commenter le fond de l'enquête, qui est désormais entre les mains de M. Mueller.
M. Mueller est chargé d'enquêter sur "tout lien et/ou coordination entre le gouvernement russe et des individus associés à la campagne du président Donald Trump", mais aussi "tout sujet" découlant de ces investigations, ce qui lui donne de facto les coudées franches.
- Message républicain inaudible -
Sa réputation et sa stature devraient en elles-mêmes le protéger contre toute interférence du pouvoir exécutif.
Chaque jour apporte désormais son lot de détails et nouvelles révélations sur le comportement du président et de son entourage, avant et après l'élection, alimentant les comparaisons avec la montée en puissance de l'affaire du Watergate qui contraignit Richard Nixon à la démission, le 8 août 1974.
Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, rappelle inlassablement que la majorité continue de travailler malgré les turbulences, mais son message est inaudible.
L'affaire russe est sur toutes les lèvres, et le mot de "destitution" est murmuré dans la capitale fédérale, un scénario pour l'instant très hypothétique qui ferait que le vice-président Mike Pence hérite du pouvoir.
"Je refuse de donner du crédit à cela, je n'ai rien à dire là-dessus", a lâché Paul Ryan, interrogé sur une telle perspective.
Dernière révélation, selon le New York Times, Michael Flynn avait prévenu l'équipe du président élu qu'il faisait l'objet d'une enquête fédérale mais cela n'a pas empêché sa nomination.
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