Le ton est monté encore d'un cran, hier, entre la chancelière Angela Merkel et le président Donald Trump. Jamais la tension entre les deux pays n'avaient atteint un tel niveau dans l'histoire récente.
Depuis la fin du sommet du G7 en Sicile, où le président américain a fait cavalier seul, en particulier sur la question du climat, la chancelière allemande ne mâche plus ses mots sur la politique du nouveau locataire de la Maison Blanche.
Dès samedi, après cet échec des sept pays les plus riches de la planète à trouver un accord à Taormina, elle avait jugé les discussions sur le climat "pas du tout satisfaisantes". Et dès lundi, le chef de la diplomatie allemande lançait à son tour une salve contre Donald Trump, accusé d'affaiblir l'Occident, propos illustrant l'agacement de la première puissance européenne vis-à-vis du président américain.
"Toute personne qui accélère le changement climatique en réduisant la protection de l'environnement, qui vend plus d'armes dans une zone de conflit et qui ne veut pas résoudre politiquement des conflits religieux, eh bien cette personne met en danger la paix en Europe", soulignait ainsi le ministre des Affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel, ajoutant "la politique à courte vue du gouvernement américain est contraire aux intérêts de l'Union européenne".
Réplique… sur Twitter
Comme souvent, Donald Trump a choisi hier Twitter pour lancer la riposte. "Nous avons un ENORME déficit commercial avec l'Allemagne, en plus elle paye BIEN MOINS qu'elle ne le devrait pour l'Otan et le secteur militaire. Très mauvais pour les USA. Ça va changer", a-t-il lancé alors qu'une heure plus tôt, Angela Merkel, connue pour choisir ses mots avec attention, avait jugé "extrêmement important" que l'Europe devienne un "acteur qui s'engage à l'international" notamment en raison de l'évolution de la politique américaine.
La chancelière a certes souligné que la relation transatlantique était "d'une importance primordiale", mais, "compte tenu de la situation actuelle, il y a encore plus de raisons pour lesquelles nous devons en Europe prendre notre destin en main", a-t-elle ajouté.
Ces tensions ne sont pas nouvelles. Dès le jour de l'élection de l'homme d'affaires, Angela Merkel avait signifié à Donald Trump qu'il devait se tenir aux valeurs des démocraties occidentales après une campagne marquée par les dérapages et les controverses.
Avant et après son élection, le président américain ne s'était pas privé non plus d'attaquer l'Allemagne, menaçant en particulier d'instaurer des taxes douanières en représailles face aux excédents commerciaux allemands.
Le sommet du G7 de Taormina pourrait donc marquer un tournant sans précédent dans les relations entre Berlin et Washington, depuis des décennies. Reste à déterminer quelles seront les conséquences de cette escalade verbale sur les relations entre les deux géants économiques. Donald Trump et Angela Merkel ont d'ores et déjà une nouvelle rencontre en vue : elle aura lieu lors du sommet du G20, début juillet, à Hambourg.
Rappel au réel
Peu avant le tweet matinal de Donald Trump, la ministre allemande de l'économie, Brigitte Zypries, a minimisé l'importance des humeurs du locataire de la Maison Blanche sur l'excédent commercial allemand. "Je fais une différence entre le président américain Trump et ceux qui ont aussi leur mot à dire aux états-Unis, comme les ministres, les gouverneurs et le Congrès", a-t-elle lancé sur la radio publique NDR. "Les entreprises allemandes veulent continuer à investir aux Etats-Unis et à y créer des emplois", a-t-elle ajouté, soulignant que les états-Unis n'avaient aucune raison de craindre que les entreprises allemandes détruisent des emplois dans le pays.
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