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Le candidat social-démocrate néerlandais Frans Timmermans qui semblait faire consensus à Paris, Berlin, Madrid et La Haye à la tête de la Commission, s’est heurté à l’opposition des chefs d’État et de gouvernement de la droite européenne, dimanche soir à Bruxelles.
Dix jours après un premier round infructueux, un deuxième marathon consacré aux nominations aux plus hautes responsabilités de l’Union européenne se tenait dimanche soir à Bruxelles. Il s’annonçait, à nouveau, non concluant. Et, en fin de soirée, alors que les Vingt-Huit s’étaient mis à table avec trois heures de retard, c’est donc la perspective d’un troisième sommet qui se profilait.
L’objectif des Vingt-Huit était, cette fois, de tester la candidature du Néerlandais Frans Timmermans à la tête de la Commission. Le social-démocrate, actuel premier vice-président de la Commission, semblait faire consensus à la fois à Paris, Berlin, Madrid et La Haye. Chacun pouvait y trouver son compte. Avec cette option, Angela Merkel donnait un gage aux sociaux-démocrates allemands et consolidait ainsi sa coalition chancelante. Emmanuel Macron, qui ne voulait pas entendre parler du PPE Manfred Weber, sortait celui-ci du jeu. L’Espagnol Pedro Sanchez voyait un socialiste prendre la tête d’une puissante institution européenne. Et Mark Rutte assistait à la promotion d’un Néerlandais. Frans Timmermans disposait surtout d’un CV bien plus solide que celui du chef de file du PPE. En début d’après-midi, à son arrivée au Conseil européen, Emmanuel Macron se voulait d’ailleurs «optimiste». «Je pense que nous pouvons trouver un accord constructif» ce soir, déclarait-il, affirmant que le sommet permettrait de boucler trois nominations, en l’occurrence celles pour les présidences de la Commission, du Conseil et la fonction de Haut Représentant.
Barrage du groupe de Visegrad
Mais, en fin d’après-midi, le plan Timmermans, concocté en marge du sommet du G20 d’Osaka, prenait l’eau de toute part. Outre la nomination Frans Timmermans, ce plan, proposé par le président du Conseil européen Donald Tusk, prévoyait de désigner le libéral belge Charles Michel au Conseil européen, la PPE Mariya Gabriel au poste de Haut représentant et le PPE Manfred Weber à la présidence du Parlement européen.
Mais, il s’est heurté à un tir de barrage des chefs d’État et de gouvernement de la droite européenne qui refusent que leur parti, arrivé en tête aux élections de mai, cède la présidence de la Commission aux sociaux-démocrates. Dans un courrier envoyé dimanche au président du PPE, Joseph Daul, Viktor Orban mettait les points sur les «i», parlant d’une «erreur historique» si le parti donnait son feu vert à un tel compromis. «Aucun des dirigeants du PPE n’a accepté l’accord qui a été négocié à Osaka», affirmait le premier ministre irlandais Leo Varadkar, membre de la droite européenne. Plus tard dans la soirée, le président sortant du Parlement européen, Antonio Tajani, également PPE, remettait même en selle le nom de Manfred Weber pour la présidence de la Commission, affirmant également que l’élection du prochain président du Parlement européen aurait lieu, comme prévu, mercredi à Strasbourg. «Vu comment se présentent les choses, ce ne seront pas des discussions très faciles. C’est le moins que l’on puisse dire», a admis Angela Merkel. La chancelière allemande a, manifestement, sur-estimé son poids au sein de la famille PPE et au sein de la CDU où certains ne décoléraient pas contre le plan Timmermans.
«Ni Manfred Weber, ni Frans Timmermans»
L’affaire semblait d’autant plus mal engagée pour le Néerlandais qu’il restait d’autres obstacles à lever pour voir se concrétiser ses ambitions. Sa candidature essuyait aussi un tir de barrage de l’Italien Matteo Salvini et des pays dits du groupe de Visegrad: la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. En tant que premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans s’est en effet attaqué à la Hongrie et à la Pologne sur les questions d’État de droit, jusqu’à remporter de belles batailles. Et cela fait des semaines que le Hongrois Viktor Orban répète à l’envi que, pour lui, ce ne sera «ni Manfred Weber, ni Frans Timmermans». Varsovie est sur la même ligne. «Frans Timmermans n’est pas le candidat du compromis, Frans Timmermans est le candidat qui divise fortement l’Europe. Il ne comprend certainement pas l’Europe centrale, pas plus que l’Europe qui émerge maintenant de l’effondrement du système post-communiste», a martelé le Polonais Mateusz Morawiecki à son arrivée au Conseil.
Au final, le plan Timmermans semble être une bien mauvaise idée. Il reste deux petites semaines aux Vingt-Huit pour s’entendre sur un autre nom. Car, mi-juillet, les eurodéputés seront appelés à voter pour élire le futur président de la Commission européenne. Sauf à voir la saga des «top jobs» s’éterniser.
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