Cinquante et une personnes ont été tuées et 69 autres blessées samedi dans un attentat suicide commis lors d'un mariage à Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, à une quarantaine de kilomètres de la frontière syrienne, a déclaré dimanche le président Recep Tayyip Erdogan. Dans une allocution diffusée en direct par la chaîne de télévision NTV, le chef de l'Etat a ajouté que l'auteur de l'attentat était un enfant âgé de 12 à 14 ans. Il a fait état de 17 blessés graves.
Recep Tayyip Erdogan avait auparavant mis en cause l'organisation djihadiste Etat islamique (EI), à laquelle ont été attribués plusieurs attentats commis ces derniers mois en Turquie, dont celui qui a fait 44 morts à l'aéroport d'Istanbul en juin. L'attentat de samedi est le plus meurtrier depuis le début de l'année en Turquie. En octobre, un attentat commis pendant une manifestation pro-kurde dans les rues d'Ankara avait fait plus de 100 morts. Le mariage visé était celui d'un membre du Parti démocratique des peuples (HDP), a annoncé le mouvement prokurde, et le marié figure parmi les blessées.
La mariée est indemne, selon un responsable local. Les festivités étaient en train de se terminer avec la traditionnelle cérémonie du henné, durant laquelle les invités reçoivent des tatouages éphémères sur les mains et les pieds. Certaines familles avaient déjà quitté les lieux lorsque l'explosion s'est produite mais des femmes et des enfants figurent parmi les victimes, ont rapporté des témoins. Les murs de la ruelle où a eu lieu l'attentat étaient tachés de sang et de suie.
Devant la morgue, des femmes assises en pleurs attendaient dimanche des informations sur des proches portés disparus. "Les célébrations se terminaient et il y a eu une grosse explosion au milieu des gens qui dansaient", a déclaré un témoin, Veli Can.
DES TESTS ADN NÉCESSAIRES POUR IDENTIFIER CERTAINES VICTIMES
"Les auteurs de cet acte barbare s'en sont pris avec cynisme et lâcheté à un mariage, faisant des dizaines de morts et de blessés", s'indigne le département d'Etat américain dans un communiqué. Le vice-président Joe Biden, attendu la semaine prochaine en Turquie, évoquera la lutte antiterroriste avec ses interlocuteurs, ajoute-t-il. A Paris, François Hollande a dénoncé un "ignoble attentat terroriste". La France, poursuit l'Elysée dans un communiqué, "se tient aux côtés de tous ceux qui luttent contre le fléau du terrorisme".
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies dimanche pour les premières funérailles, autour de cercueils recouverts du drapeau vert de l'islam, comme le montrent des images diffusées par des chaînes de télévision locales. Certains enterrements devront toutefois être retardés, un grand nombre des victimes ayant été déchiquetées par l'explosion, ce qui impose des tests ADN pour les identifier, dit-on de sources proches des services de sécurité. Selon le parquet de Gaziantep, les restes d'une ceinture d'explosifs ont été retrouvés sur les lieux de l'attentat.
L'EI a par le passé été accusé de viser des rassemblements kurdes pour attiser les tensions communautaires. Les violences se sont multipliées cette semaine dans le sud-est de la Turquie, où une série d'attentats à la bombe a fait dix morts, principalement des policiers et des militaires. Les autorités ont mis cette escalade sur le compte des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
A une demi-heure seulement de Gaziantep, la ville frontalière de Kilis est régulièrement la cible de tirs d'artillerie et de roquettes en provenance de zones tenues par l'EI, dont certaines ont fait des morts. Dimanche, des députés de l'AKP, le parti au pouvoir, et Erdogan lui-même ont souligné qu'ils ne faisaient pas de différence entre l'EI, le PKK et les partisans du prédicateur en exil Fethullah Gülen, présenté par Ankara comme l'instigateur de la tentative de coup d'Etat du 15 juillet qui a fait 240 morts et a été suivi de vastes purges, y compris au sein des services de sécurité.
Depuis la fin, en juillet 2015, d'une trêve observée depuis deux ans et demi, le PKK multiplie les attentats contre la police et l'armée dans le Sud-Est turc à majorité kurde.
(avec Dasha Afanasieva, Daren Butler, Humeyra Pamuk et les équipes de Reuters TV; Danielle Rouquié, Tangi Salaün, Marc Angrand et Jean-Philippe Lefief pour le service français)
2 Commentaires
Anonyme
En Août, 2016 (11:38 AM)Anonyme
En Août, 2016 (16:40 PM)Participer à la Discussion