Manuel Valls connaît une campagne éprouvante. Après avoir été visé par un jet de farine le 22 décembre à Strasbourg, il a reçu une gifle dans les Côtes-d’Armor mardi. 20 Minutes fait le point sur la sécurité des responsables politiques avec Jean-Pierre Diot, vice-président de la Fédération française de protection rapprochée, ancien garde du corps de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur.
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Comment ce type d’incident peut se produire ?
Tous les incidents sont imprévisibles par nature. Ils sont souvent dus à la personnalité politique, qui décide d’aller à un endroit alors que ce n’était pas prévu. Il faut que les effectifs de sécurité soient au courant du déplacement à la lettre, et ce n’est pas toujours facile de savoir si la personnalité va bifurquer à droite pour aller voir quelqu’un, ou à gauche, ou faire un demi-tour arrière pour serrer une main. Les officiers sont bien sûr formés pour surveiller à la fois les mouvements, les poches, les blousons. Mais malgré tout, il arrive parfois que des gens cherchent à se faire voir et à provoquer les médias, ce qui est le cas ici. C’est la même idée que quand Nicolas Sarkozy s’était fait tirer la manche, ou quand Manuel Valls a reçu un jet de farine. L’agresseur veut humilier la personnalité.
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Combien de personnes sont nécessaires pour assurer la sécurité du candidat dans ce type de déplacement ?
Il y a d’abord la protection rapprochée, sept ou huit personnes, dix s’il le faut. On compte les conducteurs, la moto qui suit, le porteur du kevlar, les éléments pour le flanc gauche, pour le flanc droit, etc. Mais il y a aussi un service général qui est mobilisé. Quand un ancien Premier ministre se déplace, la préfecture est avisée et met à disposition des gendarmes, des CRS, des policiers municipaux aux alentours du point de rendez-vous de la personnalité.
Les responsables politiques français sont-ils aussi bien protégés que leurs homologues étrangers ?
Les services de sécurité français dépendent du service de protocole. C’est lui qui décide des mouvements de la personnalité. Problème : il n’y a pas cette culture de la protection en France, ce qui met parfois en difficulté, sans le vouloir évidemment, les services de sécurité. Le mode de fonctionnement est totalement différent aux Etats-Unis par exemple. Là-bas, le chef de la sécurité décide du parcours, et le service protocolaire valide. Il y a une « culture de l’attentat » beaucoup plus importante au sommet de l’Etat américain, c’est donc les services de sécurité qui investissent les lieux et qui disent « la personnalité politique ira ici, puis là ». Mais s’il y a défaillance, c’est bien sûr eux les premiers responsables.
Le garde du corps a-t-il eu la réaction adéquate en plaquant l’auteur de la gifle ?
L’officier a très bien réagi. Si vous regardez l’image, il y a trois ou quatre personnes autour de Manuel Valls plus un porteur de kevlar. La personnalité n’était donc pas laissée à découvert. Le garde du corps a ceinturé l’assaillant pour ne pas qu’il se serve de ses mains, au cas où il serait porteur d’une arme. Et dans le même temps, sa place aux côtés de Valls est automatiquement prise par un autre membre de l’effectif.
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