Victoire de Barack Obama à Iowa : L’Amérique prête pour élire un président Noir ?

Barack Obama un noir dont le père est un Kenya et la mère une blanche originaire de l’Etat de Wisconsin dans le Midwest des Etats-Unis vient de gagner les Caucus du Parti démocrate dans l’Etat de Iowa, l’un des Etats de l’Union qui comptent le moins de personnes de race non blanche. 

Obama candidat à la candidature du Parti démocrate à l’élection présidentielle du mois de novembre prochain a obtenu 38% des suffrages de l’électorat démocrate de ce petit Etat, face à John Edwards ancien sénateur de la Caroline du nord 30%, et surtout face à Hillary Clinton 29%, sénateur de l’Etat de New York et épouse de Bill Clinton le président américain le plus populaire à la fin de son second et dernier mandat. Tous les autres candidats de ce parti ont obtenu des scores presque insignifiants.

Au départ de la pré-campagne, très peu d’observateurs misaient sur le sénateur noir de l’Etat de l’Illinois qui venait juste d’effectuer ses premiers pas au Sénat. Non seulement Obama est un noir et aucun candidat non blanc n’a jamais eu la possibilité de présenter une candidature avec des chances de gagner, mais à part le célèbre discours qu’il a prononcé à la convention du Parti démocrate qui avait plébiscité John Kerry à la dernière présidentielle, la nouvelle étoile de la politique américaine était peu connue hors son Etat, l’Illinois.

La victoire acquise à Iowa n’est pas le seul signe, ni le plus significatif, de la viabilité de la candidature d’Obama. La première preuve de la crédibilité d’un candidat aux Etats-Unis est le montant de l’argent que les supporters contribuent à la campagne du candidat. A ce sujet, Barack Obama a séduit dès les premiers rapports financiers à la commission fédérale électorale, en se plaçant deuxième derrière Hillary Clinton avec plus de 30 millions de dollars de contribution par ses militants. Alors que jusque-là, l’ancienne Première Dame était considérée comme le choix inévitable du Parti démocrate aux joutes électorales du premier mardi du mois novembre prochain. Le deuxième signe de la force du premier noir à être en position de devenir occupant du Bureau ovale est sa capacité à mettre en place une organisation à l’échelle nationale qui regroupe des gens issus de toutes les races. En plus du caractère multiracial du soutien au sénateur, sa popularité en milieux jeunes fait également la différence. De même que son important score parmi l’électorat féminin dans un Etat aussi blanc que Iowa laisse penser que ce qui pouvait être un avantage pour Hillary Clinton devrait être de plus en plus relativiser.

Il faudra cependant rappeler que les choses ne font que commencer. Les Caucus de Iowa ne sont que la première compétition qui va devoir se répéter dans les autres 49 Etats. Déjà un autre teste important sera constitué de la première primaire de New Hemshire prévue pour le 5 de ce mois de janvier. Si ce jour-là Barack Obama confirme sa victoire du 3 janvier, il aura crée une dynamique qui sera difficile à stopper. Alors qu’un faux pas à ce niveau, s’il est accompagné d’une stagnation des suffrages en faveur de Mme Clinton, risque de relancer la candidature de John Edwards, le seul grand prétendant blanc et male dans la course à la candidature du Parti démocrate. Et tout le monde sait qu’une partie des électeurs aura toujours des difficultés à accepter un chef de l’Exécutif noir ou femme.

Il est vrai que si on était en Europe, Obama n’aurait pas été considéré comme un noir mais plutôt comme un métisse étant de mère blanche. Mais en Amérique, comme disait l’écrivain noir James Baldwin, le métissage, au lieu de vous hisser vers les classes supérieures, vous repousse vers les Noirs. Dès lors ce fils d’un immigrant kenyan, marié à une femme noire est classé parmi les descendants du continent noir. Lui-même ne semble pas se poser une telle question. Il base toute sa campagne sur deux idées principales : l’espoir et le changement. Et si l’on s’en tient aux sondages du moment, ces deux idées semblent bénéficier d’échos favorables dans l’électorat en général.

Au début de la pré-campagne, Hillary Clinton caracolait à la tête des études d’opinion avec des pointes des plus 20% d’avance sur Obama et sur tous les autres concurrents. Cette avance qui faisait apparaître Mme Clinton comme le choix inévitable du parti de Carter s’érode de jour en jour.

Du côté Parti républicain on peine encore à trouver le candidat idéal. Ce parti du président Bush, actuel occupant de la Maison blanche est confronté à une situation inédite. C’est l’une des rares fois que le parti au pouvoir aborde un cycle électoral avec un président en fin de second mandat et un vice-président qui n’est candidat au fauteuil.

Au sortir des résultats des Caucus républicains de l’Iowa, c’est Mike Hukkabee un ancien gouverneur de l’Etat d’Arkansas, inconnu au bataillon au début de la compétition. Rudolph Guiliani, ancien maire de New York city qui est jusque là à la tête des sondages des candidats républicains, avait décidé ne pas battre campagne à Iowa estimant que ses ressources sont mieux utilisées à préparer les compétions dans les autres Etats plus populeux tels que la Floride et autres. Certains analystes politiques pensent que ce choix de Guiliani ne manquera pas d’avoir un effet de boumerang. L’autre candidat de poids qui est Mitt Romney ancien gouverneur de l’Etat Massachusetts a déversé beaucoup de millions dollars de son propre argent dans cette compétition locale. Cela ne l’a pas empêché d’être largement battu par l’inconnu qui est Mike Hukkabee.

John McCain qui était considéré au départ comme le candidat sérieux et expérimenté n’a pas encore pu se placer avec des chances de devenir le candidat de son parti au mois de novembre prochain.

Quoi qu’il en soit, dès le lendemain du mardi 2 février prochain, qualifié de Mardi Gras politique à cause du nombre important d’Etats (une vingtaine) qui y organise leurs primaires, on saura déjà qui sont les deux à trois prétendants qui auront la possibilité de continuer le combat pour devenir l’homme le plus puissant de la terre en tant que chef de la Maison blanche.