La Chambre africaine extraordinaire chargée d’instruire l’affaire Hissène Habré a déclaré vendredi avoir auditionné 1.097 personnes s'estimant victimes de l’ex-président tchadien et une trentaine de témoins, lors d’une récente mission effectuée à N'Djaména (Tchad).
En vue de l’exécution de la Commission rogatoire internationale (CRI) sur l’affaire Habré, la Chambre africaine extraordinaire d’instruction du dossier s'est, sous la conduite de son coordonnateur Jean Kandé, rendue dans la capitale tchadienne, entre le 20 août et le 2 septembre, annonce un communiqué de la Cellule de communication des Chambres africaines extraordinaires.
La Chambre africaine extraordinaire d’instruction de l’affaire Hissène Habré a, à cette occasion, procédé à l’"audition de 1.097 personnes se disant victimes directes ou indirectes" de l'ex-président tchadien. Elles ont été auditionnées "en qualité de parties civiles".
La chambre a aussi auditionné "une trentaine de personnes en qualité de témoins" et visité "des locaux qui faisaient office de centres de détention" à l'époque où Hissène Habré était président du Tchad.
La Brigade spéciale d’intervention rapide (BSIR) et le siège de l’ex-Direction de la documentation et de la sécurité (DDS) ont été visités par les membres de la Chambre africaine extraordinaire d’instruction, selon le communiqué.
A N'Djaména, les membres de la commission d’instruction ont eu des "échanges qui ont permis d’harmoniser les points de vue sur les modalités d’exécution de la Commission rogatoire internationale".
M. Habré, qui vit à Dakar depuis sa destitution en 1990 par Idriss Déby, a été inculpé et placé sous mandat de dépôt en juin dernier pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de torture.
Les Chambres africaines extraordinaires constituent le tribunal spécial chargé de le juger à Dakar. M. Habré, 71 ans, était président du Tchad entre 1982 et 1990.
Au Tchad, Jean Kandé et ses collègues ont aussi procédé à la "délocalisation des archives de la DDS, de l’enceinte de la présidence vers les locaux du Pool judiciaire, en vue de leur exploitation".
Mais, "les sites supposés abriter des charniers n’ont pas pu être visités en raison de l’hivernage qui a rendu les routes impraticables dans ces endroits", annonce le communiqué.
Il explique que "la mission a tout d’abord eu une série d’entretiens avec les autorités judiciaires tchadiennes, notamment le procureur général près la cour d’appel de N'Djaména et les membres du Pool judiciaire chargé de l’exécution de la Commission rogatoire internationale" au Tchad.
Jean Kandé et les membres de sa délégation ont aussi rencontré les représentants des associations de victimes, en l’occurrence Me Jacqueline Moudeina, pour le compte de l’Association tchadienne de la promotion et de la défense des droits de l’homme (ATPDH) et le docteur Zakaria Fadoul Khidir, pour l’Association des victimes de crimes et répression politique (AVCRP).
Selon le texte, ils ont aussi rencontré Outman Moussa, président d’un regroupement d’associations tchadiennes de défense des droits de l’homme.
D’autres missions, dont les dates restent à préciser, seront effectuées au Tchad, dans le cadre de la phase d’instruction de l’affaire Hissène Habré, annonce le communiqué, citant M. Kandé.
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