Malgré les nombreux nuages qui menaçaient depuis le début du processus électoral (parrainage, rejet de la quasi-totalité des candidatures dont celles de Khalifa Sall et Karim Wade), la présidentielle s'est tenue le dimanche 24 février 2019 avec 5 candidats en lice, comme l'avait prédit le Premier ministre Mouhamed Boun Abdallah Dionne des mois avant. Idrissa Seck, le constant briscard, Issa Sall le petit poucet, Ousmane Sonko le sérieux prétendant et l'Ovni Madické Niang, étaient dans starting blocks aux côtés Macky Sall
Au terme d'un scrutin très contesté, au soir du 24 février, Macky Sall s'en sort vainqueur avec 58,26% des suffrages, suivi d'Idrissa Seck 20,51%, Ousmane Sonko 15,67%, Issa Sall 4,07% et Madické Niang 1,48%. Mais la partie est loin d'être terminée. Tard dans la soirée électorale, ses adversaires font une déclaration commune dans laquelle ils contestent les résultats tout en décidant de ne pas introduire un recours auprès du Conseil constitutionnel qu'ils jugent partisan.
À la suite du Conseil constitutionnel qui a validé, le 5 mars, les résultats provisoires, sans triomphalisme, le président réélu décide, au cours d'une déclaration, de tendre la main à l'opposition et toutes les franges de la nation en annonçant la tenue d'un dialogue national. Dans la foulée d'un quinquennat placé sous le signe du "fast-track" et la recherche d'efficacité dans la diligence des politiques publiques, le président Macky Sall annonce lors de la mise en place du nouveau gouvernement, le 6 avril 2019, la suppression du poste de Premier ministre jusqu'ici incarné par Mouhamed Boun Abdallah Dionne qui devient ministre d'Etat secrétaire général de la présidence de la République en remplacement de Maxime Jean Simon Ndiaye, le nouveau secrétaire du gouvernement.
L'adoption de loi modifiant au moins une vingtaine d'articles de la constitution n'est pas passée sans heurts puisqu'aussi bien les députés de l'opposition que les membres de la société civile ont manifesté leur désaccord. Guy Marius Sagna, Abdourahmane Sow, Babacar Diop et Ousmane Ndiaye qui protestaient contre ce qu'ils qualifiaient de ‘'présidentialisme à outrance'' sur la place Soweto ont été arrêtés et déférés au parquet avant d'être relâchés quelques jours plus tard.
Alors que l'exécutif tardait à s'accommoder avec les conséquences de la suppression du poste de Premier ministre, un débat nocif sur un éventuel 3e mandat de Macky Sall pollue les rangs de la mouvance présidentielle. Soulevé par Sory Kaba au cours de son passage à l'émission Grand Jury du 20 octobre 2019 sur la Rfm, le débat sur le troisième mandat déchire le parti. Le directeur des Sénégalais de l'extérieur qui a allumé le feu a été éjecté de son poste dès le lendemain. Il ne sera pas le seul puisque l'ancien ministre-conseiller, Moustapha Diakhaté ne sera pas épargné, lui qui a passé-outre l'injonction du président Macky Sall en livrant sa position sur ce débat sur sa page Facebook. Il sera limogé une semaine après son frère de parti.
Or, si l'enjeu principal de la réélection de Macky Sall était de lui octroyer un second mandat, la question de sa succession s'impose dès lors au niveau de l'opinion, dans la classe politique, pouvoir et opposition confondus. Une succession "fast-truck" s'invite alors dans les médias dès le lendemain de sa réélection et ce, jusqu'en 2024 sans doute.
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