Abbé Léon Ndour est le premier prêtre du diocèse de Kaolack, ordonné par Mgr Sarr, le 20 Avril 1981, en la Cathédrale Saint Théophile de Kaolack. Monseigneur venait d’avoir 7 ans d’épiscopat. Nous sommes allés à la rencontre de l’actuel Recteur du Grand Séminaire Propédeutique Saint Paul Keur Mariama à Ndiaffate, qui se considère comme « le fils aîné spirituel de Son Eminence le Cardinal Théodore Adrien Sarr », pour recueillir son témoignage.
La relation du fils et son père
N’ayant pas suivi le cursus normal d’un cheminement vocationnel, je suis entré au grand Séminaire Libermann de Sébikhotane en octobre 1976, après la terminale. C’était dur pour un jeune qui n’avait jamais fait une maison de formation, de franchir un tel pas. Mais cela a été possible par la grâce de Dieu et le soutien de Monseigneur Théodore Adrien. C’est lui, qui m’a façonné en quelque sorte. Pendant les vacances je vivais quelques semaines avec lui, avant qu’il ne m’envoie en stage dans une paroisse. J’étais véritablement un fils pour lui. Voilà, pourquoi, je lui dois une fière chandelle.
Je me rappelle, le jour qu’il est parti avec moi à Diohine, mon village natal, pour faire la connaissance de mes parents, mon papa était tellement heureux, qu’il prit ma main et la mit dans celle de Monseigneur SARR, en lui disant : je te confie mon fils. Je crois que Monseigneur a pris cela au sérieux. Il m’a beaucoup soutenu durant mon cheminement vocationnel. Il m’a fait confiance, et m’a appris à faire confiance en Dieu.
Que retenez-vous de votre père spirituel ?
Ce que je retiens de mon papa spirituel, je voudrais le résumer en sept points, sans enjoliver.
Il est un homme de prière. Ayant vécu avec lui, comme le jeune Samuel, j’ai appris auprès de lui à prier, à faire oraison, à méditer la Parole de Dieu. Chaque matin, je participais à l’Eucharistie avec lui. C’est là que j’ai mieux mesuré l’importance de l’intimité avec le Seigneur. La prière occupe une très grande place dans sa vie.
Il est un homme relationnel et très affable A Kaolack son bureau ne désemplissait pas. Il accueillait tout le monde musulmans comme chrétiens. Il ne fermait jamais son bureau tant qu’il y avait du monde à recevoir, du travail à faire. L’heure de manger ne comptait pas pour lui. L’essentiel pour lui, c’était de servir Dieu en servant l’homme, son frère, dans le respect et la dignité.
Monseigneur SARR, un homme qui sait écouter, comprendre les situations et agir avec pondération. Il écoute chacun personnellement, sans prendre sa place, dans la solution à entreprendre pour résoudre son problème, mais il l’accompagne et le guide judicieusement. Il n’est pas prompt à donner un remède miracle à toute situation, de manière subtile il propose une solution adéquate et durable. Il n’écoute pas d’une seule oreille, comme disent les Sereer. C’est un sage, un grand pasteur. A l’époque, dans les rues de Kaolack, on rencontrait souvent des gens qui faisaient ses éloges : « Musagnor de nit ku lewet, te teey la, xeebul te tanqamluwul ken » Autrement dit : Monseigneur SARR, est un homme bon et pondéré, ne minimisant et n’ignorant personne.
Il est un homme humble et discret Dans ses propos et dans ses actions, il manifeste une délicatesse et une discrétion sans égales. Dans les moments difficiles de notre pays, de nos diocèses et même de l’Afrique, n’a-t-il pas souvent pris, dans la discrétion, son bâton de pèlerin pour régler des situations ? Les faits sont là.
Il est un homme endurant et perspicace dans le travail. Il ne lésine pas dans le travail, quelques soient les difficultés et les souffrances rencontrées. Au travail, il n’a pas de répits. J’aime travailler avec lui, puisqu’il accepte d’emblée ta réflexion, quitte à l’orienter, à l’approfondir. La sagacité de sa réflexion fait qu’il est toujours innovant. Toute rencontre est unique pour lui et mérite d’être prise au sérieux. Il ne fait pas les choses à moitié.
Pour nous prêtres diocésains de Kaolack, Monseigneur fut un père. Participant à nos rencontres de l’UCSK, il nous prodiguait toujours de très sages conseils. Il rencontrait régulièrement chaque prêtre pour faire le point avec lui et le stimuler dans sa charge pastorale. Il était vraiment ouvert à tous et à chacun personnellement. Il faisait réellement confiance à chacun, mais n’hésitait pas, si besoin en était, de rappeler à l’ordre. Il nous aimait vraiment comme un père !
Monseigneur SARR est homme serein. Il ne panique pas devant les situations difficiles. Il est même capable de faire un saut qualitatif, pour l’intérêt du Christ et de son Eglise. Mais personne ne lui fera dévier de sa trajectoire de témoin du Christ et de ministre de l’Eglise. Sa sérénité et son courage devant la vérité, fascinent beaucoup.
Monseigneur Sarr a été évêque de Kaolack pendant 25 ans. Quelles étaient les priorités pastorales qu’il partageait avec vous et les autres prêtres ?
La pastorale des vocations. C’était sa première préoccupation. Arrivant dans un diocèse où il n’y a aucun prêtre diocésain et les rares vocations sacerdotales qui naissent avortent aussitôt, était inquiétant. C’est pourquoi lui-même a pris son courage à deux mains pour parler aux jeunes, aux familles, aux prêtres l’importance des vocations. Il y va de l’enracinement du Christ dans le Sine-Saloum. Dieu a béni ses paroles et exaucé ses prières ; puisqu’avant son départ pour Dakar, il ordonné 19 prêtres. Encore un chiffre symbolique ; puisque 19= 1+9=10 le chiffre de Dieu.
La Caritas diocésaine. Les populations de son diocèse souffraient d’un manque d’eau criard, si bien qu’à chacune de ses tournées dans les paroisses, les principales doléances étaient l’eau. Les prêtres fonçaient beaucoup de puits, mais sans résultats probants. Alors, Monseigneur Sarr fonde une Caritas diocésaine pour répondre d’une part à la préoccupation de l’eau. C’est ainsi que l’Eglise avait entrepris un programme louable de forages et des secours d’urgence pour les plus démunis.
La formation des jeunes paysans par la création de centres agricoles : Ndiébel et Keur Babou Diouf pour former le futur paysan de demain.
Son dernier projet pastoral : Bâtir des communautés vivantes, lieux de réalisation du Christ. Où le chrétien était appelé à être témoin dans son milieu de vie.
oficom
3 Commentaires
Peuls,
En Mai, 2014 (11:39 AM)Je l'avoue je suis raciste, claniste et ethniciste et alors ? chacun ses défauts.
PEULS,
Marcel Sidy Dione
En Mai, 2014 (13:38 PM)Pitie
En Mai, 2014 (14:15 PM)Participer à la Discussion