Le Mediator pourrait être responsable de 220 à 300 décès à court
terme et 1.300 à 1.800 à long terme, selon une projection
épidémiologique communiquée vendredi aux différentes parties dans le
dossier tromperie de l'affaire, a indiqué le parquet.
Les précédentes études, qui faisaient état de 500 à 2.000 morts,
s'avèrent "robustes et solides", selon cette nouvelle expertise, qui
estime qu'au vu des premiers signalements de pathologies associées au
Mediator, ce médicament aurait dû être suspendu du marché entre 1998 et
2003.
Le Mediator, qui a été retiré du marché en 2010, après plus de
vingt ans de commercialisation, provoquait des valvulopathies et de
l'hypertension artérielle pulmonaire, selon plusieurs études.
Les chiffres communiqués vendredi par les experts concernent la
première pathologie, aucune donnée épidémiologique n'étant disponible
sur la seconde, rare et actuellement incurable.
Les laboratoires Servier, qui ont commercialisé le Mediator, sont
soupçonnés d'avoir dissimulé la vraie nature du médicament, un
coupe-faim présenté comme antidiabétique.
La molécule présente dans le Mediator possède des propriétés
coupe-faim qui ont été "minimisées ou occultées des documents
scientifiques des laboratoires Servier pendant toute la vie commerciale"
du médicament, selon les experts.
Cet effet du médicament a été "systématiquement écarté de la
stratégie d'information par les laboratoires Servier", poursuivent-ils,
soulignant que le Mediator apparaît comme "aussi anorexigène" que deux
coupe-faim commercialisés par Servier, le Ponderal et l'Isoméride, et
qui ont été retirés du marché français en 1997.
"Rien ne justifiait qu'il soit maintenu sur le marché" alors
qu'on envisageait le retrait de ces deux autres médicaments, estiment
ces trois experts scientifiques, mandatés par les juges d'instruction.
FIN DE L'ENQUÊTE DURANT L'ÉTÉ
Ces experts ont travaillé pendant 20 mois sur le sujet, se fondant
tant sur des études existantes que non publiées, mais aussi sur les
auditions de chercheurs ayant travaillé pour les laboratoires Servier.
Les parties auront désormais deux mois pour faire valoir leurs
observations sur cette étude. Les juges d'instruction doivent terminer
leur enquête au cours de l'été pour un règlement à l'automne.
A ce jour, 3.300 personnes sont plaignantes dans le cadre de ce
dossier. Une autre information judiciaire a été ouverte dans le cadre de
l'affaire pour homicides involontaires et blessures involontaires.
1 Commentaires
Bakis 44
En Avril, 2013 (18:53 PM)Participer à la Discussion