Les acteurs médiatiques en Afrique de l’Ouest éprouvent un réel besoin en renforcement de capacité sur les nouvelles approches d’enquête environnementale. Ceci, d’autant que le mode de story-telling a connu des évolutions notables avec l’avènement du numérique. C’est pourquoi, dans le cadre du projet « Open Climate Reporting Initiative » (OCRI), le Centre for Investigative Journalism (CIJ), en collaboration avec l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO), a organisé un atelier national sur les nouvelles approches d’investigation environnementale basée sur des données et sensible au changement climatique.
Il s’agit ici, d’une session de quatre jours (du 10 au 13 août 2022) qui s’est tenue à Dakar. Son objectif global est de renforcer les capacités de 36 journalistes en Afrique de l’Ouest dont 12 au Sénégal, 12 au Niger et 12 en Côte d’Ivoire, à mener un journalisme environnemental de qualité qui adresse la crise climatique dans toutes ses dimensions. Spécifiquement, il vise à « améliorer les connaissances théoriques de ces journalistes mainstream sur les enjeux du changement climatique dans chacun de ces pays ; renforcer leurs capacités en investigation environnementale et en data-journalisme ».
A signaler que dans chaque pays, ces 12 journalistes dont 40% de femmes et travaillant dans la presse écrite, la presse en ligne et la presse audiovisuelle, ont été sélectionnés sur la base de critères bien définis, à savoir : la collaboration avec des médias mainstream de grande audience du pays ; 4 ans au moins d’expérience pratique en journalisme, toute catégorie de média confondue, et enfin, avoir réalisé une enquête ou un reportage ou un dossier profond sur une question environnementale, de préférence sur un enjeu lié au changement climatique.
« Améliorer la qualité du traitement de l’information environnementale grâce à l’usage des données probantes »
« Open Climate Reporting Initiative » (OCRI) est un projet mené au Sénégal, au Niger et en Côte d’Ivoire par le Centre for Investigative Journalism (CIJ), en collaboration avec l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO). Il vise à améliorer la qualité du traitement de l’information environnementale grâce à l’usage des données probantes, d’ici 2024.
A l’échelle globale, le projet cible principalement les journalistes des pays du Sud, notamment d’Amérique latine (à l’exception du Brésil), et d’Afrique anglophone et francophone. En effet, il fournira les outils, les techniques ainsi que l’expertise nécessaires pour enquêter et dénoncer les actes répréhensibles, rechercher et quantifier des images précises de la situation et de l’impact du changement climatique, encourager la production de récits profonds qui contribuent à influencer positivement les prises de décisions politiques et économiques.
Un intérêt éditorial marginal
Selon le CIJ et l’IPAO, la problématique climatique est en train de devenir la première source d’inquiétude et occupe de plus en plus de place dans les médias du Nord. A en croire ces institutions, au Sahel, aucune étude ne renseigne, pour le moment, sur la place de l’information environnementale dans les médias. « Malgré la récurrence des phénomènes extrêmes, la place du changement climatique reste aujourd'hui trop marginale et ponctuelle dans les champs des médias sahéliens. Le climat n'est mis en avant que lors de catastrophes naturelles ou lors d'évènements majeurs comme la publication des rapports du GIEC ou bien les conférences annuelles de des Etats parties de la Convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) », soutiennent-ils.
Pour eux, « les impacts de la hausse globale des températures sur les ressources naturelles, le cadre de vie, la santé, l’agriculture, rendent cruciale sa compréhension par le grand public. Même si, à cause de la persistance de l’analphabétisme, le fatalisme est encore d’actualité dans bon nombre de communautés sahéliennes ».
Le CIJ et l’IPAO estiment que la perception sociale du dérèglement observé a une incidence sur la manière dont les décideurs politiques traitent la problématique. Et cela nécessite une déconstruction médiatique. « Au fur et à mesure que les catastrophes naturelles se multiplient, les publics s’interrogent et remettent en question les capacités de leurs gouvernements à répondre à ces phénomènes. En dépit de l’émergence des réseaux sociaux, les médias classiques demeurent une source d’informations importante qui peut renforcer l’autonomie des personnes et les pousser à œuvrer pour des changements positifs. Malheureusement, aussi bien au Sénégal, au Niger et en Côte d’Ivoire, les expériences des journalistes en investigation sont également très variées. L’information fondée sur des données climatiques est marginale voire inexistante dans les contenus médiatiques », insistent-ils d’emblée.
1 Commentaires
Moi
En Août, 2022 (22:16 PM)Participer à la Discussion