[ÉDITO DU JOUR] Dictée (mal) préparée
« Wood may remain ten years in the water, but it will never become a crocodile »
Il y a le fond, mais il y a aussi la forme. Même pour une dictée préparée, l’élève le moins intelligent de la classe est censé faire zéro faute. Mais ici, les leçons non sues, les hésitations et les approximations viennent combler le lit des contradictions décelées dans un discours mal ficelé, dépourvu de cohérence. Et ce n’est pas Adji Sarr qu’il faut blâmer ici, mais ces adultes qui la coachent et l’enfoncent dans cette entreprise suicidaire. A quel prix?
La nouvelle déclaration de Adji Sarr fait rire. Peut-être devrait-elle faire pleurer ses proches ainsi que toute personne soucieuse de l’image de la femme, de la femme brisée qu’elle est devenue. Faut-il constater avec regrets, qu’en ce mois « béni » dédié à la femme, à toutes les femmes, l’image de nos sœurs, de nos filles en est réduite à ça ! A des manipulations grossières et décelables même pour un élève de moyenne section, au point qu'on ne puisse démêler le vrai du faux dans son discours.
La dictée préparée, d’ailleurs mal préparée, diffusée dans un faux direct, épouse les contours d’un « sweet forcing », d’un faux devrait-on dire. Elle n’a pas donné lieu à ces scoops tant attendus, mais à des redites noyées dans des contradictions qui confortent les PV rédigés par un capitaine démissionnaire de la Section de recherches dans le cadre de cette même affaire. Car, dans la recherche de la vérité, Adji Sarr aura laissé beaucoup de Sénégalais sur leur faim. Actrice, elle n’est pas très douée dans l’interprétation du rôle à elle assignée, face à la caméra. Et tout laisse croire qu’elle est devenue l’otage d’un groupe qui la manipulerait à sa guise.
Supposée victime de viol, elle est, vraisemblablement, une victime de ceux qui l’ont tenue dans l’ombre pour la soumettre, aujourd’hui, à la vindicte populaire à travers cette sortie médiatique qui lui est préjudiciable. Mais nous tous avions le devoir de l’écouter après l’avoir lue dans les PV d'auditions de la gendarmerie. Sa sortie était très attendue car Adji Sarr, en tant que femme et citoyenne, a droit à la parole ; elle a le droit de livrer sa part de vérité conformément à cette liberté d’expression si chère à notre pays. Mais pas de la manière dont cela a été orchestré. Dictée mal préparée. Aujourd’hui, rien que la mémoire des treize personnes arrachées à l’affection des Sénégalais, devrait contraindre ses marionnettistes à faire profil bas le temps du deuil national. Au moins pour les familles des victimes. Aussi devraient-ils, par décence, faire montre d’un minimum de respect à l’endroit Khalife général des mourides et de toute la classe religieuse dont l’implication intense dans la recherche de la paix aura permis de désamorcer la crise née de cette affaire et déclencheur d’une révolte populaire sans précédent.
Quoi que Adji Sarr ait à dire, vérité ou mensonges, la stabilité du pays lui recommanderait de garder le silence en attendant le procès. Du moins le temps que le pays fasse le deuil des vies perdues, pour éviter au Sénégal un remake du drame du 8 mars et des jours qui l’ont précédé et au cours desquels le pouvoir politique a chancelé.
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