Moustapha vit en sursis. Souffrant d’un cancer du poumon, les médecins lui donnaient moins d’une année à vivre. « Le choc était énorme. C’est comme si on m’avait posé des électrochocs alors que j’étais conscient. J’ai pleuré et quitté le cabinet du médecin comme un fantôme », se rappelle douloureusement le malade dans des confessions faites à L’Observateur.
Il poursuit : « J’ai pensé à ma femme, mes mômes, et à ma famille. Une fois à la maison, seul dans la chambre avec ma femme que j’ai informée dès mon arrivée, j’ai craqué comme un enfant devant elle. Elle a pleuré aussi. Puis, en pensant à nos enfants, nous nous sommes ressaisis. »
Depuis lors, dit-il, « je fais régulièrement mes chimiothérapies », et « je me sens beaucoup mieux », mais « c’était vraiment difficile »
: « Les médecins m’avaient donné un pronostic vital de moins d’un an. Je suis toujours vivant, mais chaque matin, je me dis que je peux mourir aujourd’hui. Mon épouse en est consciente. Les enfants sont très jeunes, et ne se doutent de rien. »
Moustapha confesse qu’il a « déjà rédigé (son) testament » car « on ne sait jamais. »
Interrogé par le journal, Dr Bolly Diop, président de l’Ordre des médecins du Sénégal, renseigne que le pronostic vital doit être fait dans tout dossier médical. Il reste toutefois confidentiel. « Le pronostic vital est dans la communication interpersonnelle entre le médecin et le malade. C’est obligatoire. Il ne concerne pas seulement les patients mourants. Devant tout malade, le médecin doit faire un pronostic sur l’évolution de la maladie », prescrit-il.
Ainsi, à la surprise de sa famille, les médecins leur ont demandé de ramener leur père, Alioune Dièye, admis aux urgences, à la maison alors que le patient était mourant. Ce qui a mis la puce à l’oreille de son fils Amadou. « Le médecin nous a demandé de le ramener à la maison. Nous étions méfiants. J’ai essayé de connaître les raisons, mais les médecins n’ont rien voulu me dire. Mon père savait tout. Lui aussi ne voulait pas m’en parler. Son état de santé se dégradait de jour en jour. Le médecin venait souvent à la maison pour lui administrer des soins palliatifs. Et quand il m’a dit que les soins n’étaient plus efficaces et que l’état du patient est grandement altéré, j’ai aussitôt pensé à la mort surtout qu’il ne cessait de me demander de prendre soin de la famille. On s’attendait à ce qu’il nous quitte à tout malade. On avait mentalement fait son deuil bien avant qu’il ne succombe. »
Victime d’un Avc, Penda Faye a préféré également taire la vérité aux siens. Elle est ainsi sortie d’hôpital alors que ses jours étaient compter. Elle est décédée à l’âge de 65 ans. « Pour nous épargner la douleur, ma mère nous avait caché qu’il ne lui restait que deux mois à vivre », pleure sa fille aînée, Fanta. Qui poursuit : « C’est bien après les funérailles que mon père m’a avoué la vérité. Ma mère était condamnée. Son médecin le lui avait dit lors de sa dernière consultation. »
« Si maintenant, le patient se trouve dans le coma ou ne peut plus parler, on doit communiquer avec ses parents », précise Dr Diop. C’est ce qui s’est passé pour Souleymane. Trouvé adossé au mur d’une clinique de Thiès, hagard, l’homme, âgé d’une quarantaine d’années, n’est pourtant pas malade. Il confie à L’Obs qu’il venait de recevoir les résultats des examens médicaux (scanner et IRM) de son père.
Le diagnostic tombe tel un couperet : « Votre père souffre d’un cancer du foie à un stade très avancé. Il est même en phase terminale. Je lui donne 7 mois. Mais, si nous agissons il pourra vivre plus longtemps. Cependant, je ne vous garantie rien. »
Selon lui, « il n’y a pas plus dur que de savoir qu’un parent ou un proche vit ses derniers instant » d’autant que dans son cas, il a préféré tout gardé pour lui, suppliant le médecin de n’en parler ni à son père ni à sa mère. « J’ai gardé ce pronostic pour éviter d’intensifier leur souffrance. Il (mon père) a assez souffert, et le fait de savoir qu’il est en phase terminale pourrait anticiper sa mort », justifie-t-il.
Sociologue spécialisé en psychologie, Dr Abdoukhadre Sanoko indique qu’annoncer le pronostic à une personne mourante peut pousser celle-ci à baisser les bras. « Tout dépend de son mental. Si le patient n’est pas fort mentalement, il va céder et précipiter la déchéance à coup sûr. Son métabolisme peut être influencé par cette chute qui finalement le propulsera facilement vers la mort », confirme le spécialiste. Concernant les parents des malades, il fait savoir qu’ils auront au moins l’avantage d’anticiper sur le deuil :
« Il n’y a plus d’effet de surprise pour les parents d’un malade dont le pronostic vital révèle sa mort proche. Ce qui facilite l’expression de la peine plus ou moins et la préparation au soutien vis à vis de la victime aux derniers moments de sa vie. »
Pour lui, la nature de cette pratique médicale dépend de la déontologie et de la perception du professionnel traitant. « Si le malade est très fort mentalement, il serait tenté de lui dire pour lui permettre de se repositionner sur les derniers détails à régler avant sa mort. S’il n’est pas très résistant, il est préférable d’aviser ses proches », préconise-t-il.
C’est ainsi que le vieux Ousmane Barry avait entamé le deuil de son fils, plongé dans le coma à la suite d’un accident de la circulation : « Il avait perdu beaucoup de sang et son crâne était endommagé. A l’hôpital, le médecin m’a dit qu’il avait peu de chances de s’en sortir. J’étais désespéré et désemparé. J’ai passé des nuits blanches, et j’avais déjà entamé son seuil. Il s’est éteint deux semaines plus tard ».
9 Commentaires
Votre article du jour sera le même au Kenya, en Grèce ou en Corée, suffit de changer les patronymes...
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En Mars, 2024 (10:40 AM)1. Jeanne Calment, 122 ans et 164 jours, France
2. Kane Tanaka,119 ans et 107 jours, Japon
3. Sarah Knauss, 119 ans et 97 jours, États-Unis
4. Lucile Randon, 118 ans et 340 jours, France
5. Nabi Tajima, 117 ans et 260 jours, Japon
Allah SWT est terriblement injuste envers l'Afrique et favorise trop le Japon et la France.
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En Mars, 2024 (14:31 PM)Poir.mirux.faire.leur.boulot.le.peuple.souffre
Parlez nous de la faillite du système local et de la mediocrité de TOUS LES CANDIDATS et de leur programmes afférents....
On s'en balek du gros dethié, du baiseur de pute...du voleur de riz...ils ont tous des programmes vides pour des moutons décerebrés.
Et cela confine parfois à une méticulosité étonnante : « Quand un agent prend un café, explique Lionel, il doit fournir la pièce justificative expliquant pourquoi il a utilisé les fonds spéciaux pour inviter quelqu'un. C'est normal. Ce sont des fonds de nature particulière et il est absolument essentiel que l'on soit capable d'avoir une traçabilité impeccable, parfaite, exhaustive. On n'a pas eu d'écart qu'on n'ait été capables de justifier. » Non les fonds secrets, même lorsqu'ils sortent de la Banque de France sous forme de billets, n'ont pas vocation à s'envoler dans la nature… C'est ainsi que les mythes volent en éclat.
Djibson
En Mars, 2024 (12:57 PM)Reply_author
En Mars, 2024 (14:08 PM)Djibson
En Mars, 2024 (17:25 PM)Participer à la Discussion