Après la publication du reportage sur la pression sociale poussant les sénégalaise à stresser pour le mariage, plusieurs lecteurs ont contacté la BBC pour témoigner et partager leur expérience. En plus du mariage, la pression sociale s'exerce aussi dans d'autres domaines de la vie quotidienne.
Badara, Sénégal, sept ans de mariage sans enfants
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J'ai fait 7 ans de mariage sans enfant avant de divorcer. En fait, quand nous nous sommes mariés, mon ex-épouse est partie étudier en Europe, six mois après le mariage. On a eu une relation à distance pendant deux ans. Quand elle est revenue, on est resté deux ans sans enfant alors elle est partie consulter un gynécologue qui nous a fait faire beaucoup d'analyses comme un spermogramme. J'ai subi une opération des varicocèles. Et après analyse, un nouveau spermogramme n'a rien pu déceler.
Durant toute cette période, on entendait du tout au point que mon ex ne voulait plus aller aux baptêmes. C'était devenu un problème aux yeux de la famille et, une fois quelqu'un, un proche parent est venu me rapporter que mon épouse était stérile.
Evelyne, Togo, 42 ans, toujours célibataire
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Dans mon pays, la pression commence dès la naissance. Quand un bébé de sexe féminin naît dans une famille, les commentaires sont souvent très négatifs comme si un garçon vaut mieux.Et, avant même le mariage on vit cette pression surtout lorsque tu veux faire des études supérieures car se sont toujours des questions du genre : " tes études ne se terminent jamais ? Une fille n'a pas besoin d'autant de diplômes. Ensuite, dès que tu dépasses la vingtaine, c'est des questions comme : "à quand le mariage ? Qu'attends-tu ? Pourquoi tu fais fuir les hommes?" C'est pire quand tu es l'aînée, et qu'à plus de quarante ans, comme moi, toutes tes petites sœurs sont mariées. Mais, moi je refuse cette pression à chaque fois qu'on me demande à quand le mariage, je rétorque qu'il faut poser la question au Seigneur ou bien peut-être je ne suis pas venue dans ce monde pour me marier uniquement.
Yacine, Mali, 34 ans, bon boulot pas de mari
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Ou bien on te dit : " tu commences à prendre de l'âge si tu veux avoir des enfants il faut te marier". Mais non, je ne me marie pas pour faire des enfants. Je me marie parce que je suis amoureuse. Mon père a une réponse géniale à cette pression, il répond à ceux qui lui disent: "tu sais à un certain âge une fille doit se marier" - "mes filles ne m'encombrent pas".
Dans le milieu professionnel, la pression s'exprime de diverses manières.
"Arrêtes de prendre des taxis. Il faut prendre les transports en commun pour que les gens te voient", me dit souvent un collègue.
"Vous qui êtes célibataires et quittez le bureau à des heures tardives, je me demande comment vous allez rencontrer des hommes. Vous n'avez pas le temps de faire des rencontres"
Y a aussi : "il faut parfois te maquiller. Le make-up attire les hommes". Je réponds toujours avec un éclat de rire. Finalement notre célibat pose plus problème aux autres qu'à nous qui sommes célibataires.
Sophie, libano-sénégalaise qui ne peut pas épouser un Sénégalais
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L'autre chose, c'est qu'on veut te dicter ce que tu portes, comment tu te coiffes. L'autre pression que je ressens le plus durement c'est par rapport à mon poids. Je suis morphologiquement très « en forme » et cela semble gêner. On veut que je maigrisse pour répondre à certains standards.
Arthur, Bénin, célibataire sans enfant qui pense avoir raté sa vie
Chez nous ici, c'est la pression liée au mariage. A un certain âge et quand tu es l'aîné, on te demande souvent à quand le mariage.
A 25 ans, tu travailles déjà, maman te met la pression pour que tu lui présentes ta futur femme. Mes oncles et tantes me demandent souvent tu vas nous présenter ta femme quand ?
On te met une pression psychologique pour trouver une petite amie ou une femme. Mais moi, au fond de moi, je me dis que le mariage ne doit pas être juste pour faire plaisir à des parents mais il faut avoir les moyens de s'occuper d'une femme et de ses enfants.
Marcelin, Cameroun, 39 ans, fatigué de cotiser pour les cérémonies familiales
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Dans mon pays, les cérémonies familiales (funérailles baptême, mariage communion) sont autant d'occasions pour les parents de quémander des sous. Quand on sait qu'en Afrique, un homme qui travaille entretient une dizaine d'autres, ces charges deviennent insupportables quand elle se répètent plusieurs fois durant la même période.Dans notre famille, une tante gère un groupe WhatsApp et toutes les occasions sont bonnes pour faire cotiser les gens et leur soutirer le maximum. Dernièrement, elle a demandé des cotisations de plus de 150 000 francs pour les funérailles d'un grand père commun, considéré comme le patriarche de la famille.
Avec mon maigre salaire d'agent de l'Etat, je ne peux pas suivre le rythme et rivaliser avec mes cousins vivant à Mbengué (Occident). Très souvent, je fais la sourde oreille mais elle a l'art de mettre mal à l'aise les récalcitrants et de t'humilier. Du coup, tu préfères cotiser comme tout le monde et éviter la honte.
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