
A Mody Guiro, Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts)
Très cher grand-frère,
J’accuse réception de votre lettre. Je suis honoré par vos remerciements que je ressens comme une somme de privilèges. Votre demande de clémence à l’endroit de l’agent, Madame Fatou Ly Sall Croquette, licencié pour fautes lourdes, m’oblige.
Deux bonnes raisons justifient ce renoncement : mon attachement fraternel à votre personne ; le respect scrupuleux du droit d’aînesse institué par les bonnes vieilles traditions de nos sociétés africaines, qui interdisent à un cadet de dire NON à son aîné. Or, un aîné agissant et protecteur, vous l’avez toujours été pour moi, depuis plusieurs décennies ; depuis l’aube de notre rencontre alors que vous cheminiez aux côtés de votre mentor, feu Madia Diop. Que Dieu ait pitié de son âme.
Par ailleurs, je suis très à l’aise en prenant cette décision que vous qualifiez de «haute portée sociale et humanitaire», car, il est avéré et constant que je n’ai pas bafoué les droits d’une travailleuse, encore moins avoir été tenté de la stigmatiser. C’est cette conviction qui expliquait, d’une part ma ferme volonté de ne céder à aucune forme de pression, de quelque nature et d’où qu’elle vienne, et, d’autre part ma détermination à aller jusqu’au bout dans cette affaire, devant la justice, armé des atouts qui, à mon sens, fondent la légalité d’une mesure adossée aux textes (Lois, Règlement intérieur) régissant le fonctionnement de la SSPP Le Soleil.
Pour avoir été un témoin attentionné de mon propre cheminement comme travailleur – ce que je suis toujours et ambitionne de demeurer – vous savez que l’injustice sociale me révulse. Hier, travailleur débutant, elle m’a poussé à la révolte et au licenciement. Aujourd’hui, au risque de heurter certaines convenances qui se sont sédimentées, je la combats sans relâche, ici à la SSPP Le Soleil, depuis ma nomination comme Directeur général par Son Excellence le Président de la République Macky Sall.
D’ailleurs, pouvait-il en être autrement vu que je suis corseté par mon devoir de loyauté à son endroit et mon obligation de respecter la feuille de route qu’il m’a assignée ? Convaincu qu’il n’y a de pouvoir que celui de Dieu, ceux des Hommes sur cette terre étant éphémères et rien que vanité trop souvent, je m’interdis d’user de mes prérogatives actuelles pour brimer mon prochain. Bref, je n’en dirai pas plus. Wolof Ndiaye n’enseigne-t-il pas que «neetali xulo, xulo leu». Autrement dit dans la langue de Molière : il n’est pas judicieux de remuer le couteau dans la plaie.
Alors, très cher grand-frère, je vous dit ce qui suit : pour me conformer à l’engagement sur l’honneur que je vous ai fait, j’ai instruit le Directeur de l’Administration générale de la SSPP Le Soleil pour qu’il prenne immédiatement toutes les dispositions nécessaires à la réintégration de Madame Fatou Ly Sall Croquette, qui sera réhabilitée dans tous ses droits.
Je ne peux clore mon propos sans vous demander de signifier à la section Cnts-Soleil l’expression de ma gratitude. Elle a osé se positionner dans le camp de la vérité jusqu’à s’exposer aux injures et à la stigmatisation. Ce qui ne l’a nullement dissuadée d’œuvrer à l’apaisement du climat social au sein de la SSPP Le Soleil.
Mes remerciements vont aussi à vos principaux collaborateurs, Messieurs Makhary Samb, Ndiogou Wade et Lamine Fall. Le premier, qui a accompagné mes premiers pas dans la vie depuis notre Richard-Toll natal, et auprès de qui je vous ai découvert, a œuvré sans relâche à l’extinction de cette tension sociale. Les deux derniers ont mené avec mesure et brio, la mission de médiation que vous leur aviez confiée. Que Dieu vous garde très cher grand-frère.
0 Commentaires
Participer à la Discussion