À la Médina, Lamine Bâ est un coiffeur couru par les femmes. Un succès exemplaire et atypique qu’il a su bâtir à force de résilience.
Lamine Ba ne se gêne pas. Il n’a pas de complexe. Le jeune âgé de 18 ans excelle dans la coiffure des femmes. Il le fait avec passion. C’est au marché Tilène que « Petit Model » tient son salon. Dans cette fourmilière, on ne perdra pas du temps pour retrouver Lamine Bâ. Il est connu de tous. Parce qu’il s’est distingué par sa spécialité : tresser des femmes. Originaire de la Guinée, le coiffeur de nature joviale, et d’apparence soignée, accueille cordialement les personnes qui sollicitent ses services. Il prête une attention particulière à ses hôtes. Sa créativité est fabuleuse. On peut dire qu’il a le sens de l’esthétisme.
Quittant sa Guinée natale, il atterrit au Sénégal en 2019. Très vite, il embrasse le métier de coiffeur dès l'âge de 14 ans. Le jeune garçon a très tôt pris conscience qu'il est le seul espoir pour aider sa mère qui vit avec un handicap. Comme tous les aînés, Lamine Ba est condamné à se battre pour subvenir aux besoins de sa famille. Il décide alors de prendre son destin en main et d'emprunter la voie qui mène vers la réussite.
C'est ainsi qu'il a arrêté ses études en Arabe pour quitter son pays. Sa destination préférée étant l'Italie, le jeune a finalement débarqué au Sénégal par manque de moyens et de papiers. Sous l’aile protectrice de son oncle, il apprend les ficelles de la coiffure. Doué et déterminé, il se hisse à un autre niveau avant la fin de sa formation. Son maître le bénit avant la fin de sa formation.
Le coiffeur n’a pas mis tous les œufs dans le même papier. Il s’adonne aux activités génératrices, ce qui lui a permis de faire des économies. En même temps, il renforçait sa connaissance en coiffure en travaillant comme apprenti dans d'autres salons de coiffure qui font la promotion de la beauté de la femme. Il puise son énergie dans sa détermination jusqu’à ouvrir son salon.
Sous l’aile protectrice de maman
Inspiré par les paroles de sa mère qui ne cessait de lui répéter tout le temps "d’emprunter la bonne piste en tant qu’aîné et espoir", il a su se relever après chaque chute.
« J'ai vécu des moments très durs. Quand je suis venu au Sénégal pour la première fois. Je ne connaissais personne ici. Mais j'ai gardé ma dignité et mon courage. Je me contentais toujours des paroles de ma mère qui ne cessait de me répéter qu'elle veut que je sois une fierté pour elle et pour ce faire il faut qu’on trouve du travail n'importe lequel pour la soutenir », raconte le coiffeur.
Dans ces conditions difficiles, sa mère tenait à ce qu’il se conforme à la droiture, qu’il se contente à gagner dignement. Ces paroles de sa mère lui servent de bréviaire. « A chaque fois que ces paroles me reviennent en tête, je me tiens debout et je me dis que je ne dois pas échouer en tant qu’espoir de ma mère. Je me mets au travail car je l'aime beaucoup. Malgré son handicap, je l'aime plus que tout et je me battrai pour qu'elle soit fière de moi. Je ne travaille pas pour moi, mais plutôt pour elle », confie-t- il avec beaucoup d'émotion.
Railleries des amis, altercation avec son père
A cause de sa spécialisation dans la coiffure des femmes, Lamine Ba avale des quolibets. Il fait l’objet de railleries et moqueries venant de ses amis et de ses proches. Il a même eu une altercation avec son père et sa famille qui se trouvent en Guinée. En apprenant son métier, ces derniers n'ont pas du tout apprécié, estimant qu'un homme ne devrait pas exercer cette activité qu'ils qualifient de « trop féminine » et qui est méconnue de leur réalité.
Il a finalement prouvé à son père ainsi qu'à ses détracteurs qu’il exerce ce métier non pas pour incarner le rôle d’une femme mais pour gagner dignement sa vie et soutenir sa famille. Ce qui lui a permis de convaincre son père. Aujourd’hui, grâce à ses belles réalisations, il a su se faire respecter par beaucoup de ses amis et proches qui tentaient de le décourager dès le début. En gagnant honnêtement sa vie, il parvient petit à petit à envoyer de l’argent à sa mère en Guinée.
« Je n’envie personne grâce à mon travail. Ma mère est fière de moi et j'ai fini par convaincre mon père même si les autres membres de ma famille n'arrivent toujours pas à digérer mon choix. J'ai réussi à convaincre mon père et ma mère qui m’encouragent à aller de l'avant. C’est l'essentiel. En plus, mes amis et proches qui me raillaient, qui disaient que ce métier n'est pas pour les hommes. Ce sont eux qui m’encouragent aujourd'hui et c’est une fierté », affirme-t-il.
Convaincu que le métier de coiffeur fait vivre son homme, le jeune homme conseille aux jeunes de ne pas sous-estimer leur métier. Il les exhorte plutôt à avoir confiance en eux et exercer la profession qu’ils aiment sans complexe et sans prêter attention.
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