Anne Hidalgo s'offre un nouveau mandat : avec sa campagne résolument écolo, la maire sortante PS l'emporte largement à Paris dimanche, selon les premières estimations, face à une droite qui a tenu ses positions et une majorité présidentielle qui s'est complètement effondrée.
La maire Anne Hidalgo a remporté, dimanche 28 juin, les élections municipales à Paris, en obtenant entre 49,3 et 50,2 % des voix au second tour, selon trois instituts de sondage. La candidate PS, alliée à EELV, a devancé la candidate LR Rachida Dati (entre 31,7 et 32,7 %) et celle de LREM, Agnès Buzyn (entre 13,7 et 16 % des voix), selon Harris Interactive, Ipsos-Sopra Steria et Elabe Berger-Levrault.
Anne Hidalgo récolterait ainsi une centaine de sièges pour sa coalition Paris en Commun, contre une cinquantaine pour la droite LR et de 6 à 12 seulement pour la majorité présidentielle. Comme dans le reste du pays, le scrutin a été marqué par une très forte abstention.
"Vous avez choisi l'espoir, vous avez choisi le rassemblement", a lancé dimanche soir la maire PS de Paris après sa réélection, depuis le parvis de l'Hôtel de Ville. "Vous avez choisi un Paris qui respire, un Paris plus agréable à vivre, une ville plus solidaire qui ne laisse personne au bord du chemin (…). Cette victoire a du sens parce qu'elle est collective."
Triomphe d'une édile très contestée pendant son mandat
Le PS conserve la capitale après 19 ans de règne – 13 ans de mandat de Bertrand Delanoë puis six de la maire sortante, son héritière et ancienne première adjointe. La stratégie d'Anne Hidalgo a payé : en endossant un programme résolument écologiste, la maire sortante a contenu ses partenaires d'EELV au premier tour, puis obtenu leur ralliement.
C'est un triomphe pour une édile très contestée pendant son mandat, critiquée pour la piétonnisation des quais de Seine, l'arrêt brutal du service d'autopartage Autolib, le fiasco de la nouvelle version de Vélib' ou l'annulation par la justice d'un marché publicitaire de la Ville avec JCDecaux.
Le premier tour le 15 mars dernier avait déjà donné un net avantage à la maire socialiste, arrivée largement en tête (29,3 %) devant Rachida Dati (22,7 %) et Agnès Buzyn (17,3 %). Depuis, le classement restait inchangé dans toutes les enquêtes d'opinion menées dans l'entre-deux-tours.
Campagne calamiteuse pour LREM, faible réserve de voix pour LR
Pour La République en marche (LREM), la défaite conclut une campagne calamiteuse où les avanies se sont multipliées : la dissidence de Cédric Villani, l'explosion en vol de la campagne de Benjamin Griveaux après la diffusion de vidéos intimes, puis les maladresses et les hésitations de sa remplaçante, l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, fragilisée par ses propos explosifs sur la "mascarade" du premier tour, sur fond d'épidémie de Covid-19.
Côté Les Républicains, Rachida Dati, réélue dès le premier tour dans le VIIe arrondissement, aura réussi à mobiliser son électorat sur le terrain, avec une campagne énergique, centrée sur les fondamentaux de la droite, dans l'ancien fief de Jacques Chirac puis de Jean Tiberi. Mais elle aura manqué de réserve de voix tout au long de cette campagne inédite, percutée de plein fouet par le Covid-19.
Sûre de ses forces, Anne Hidalgo s'avançait donc en grande favorite de ce second tour, dépourvu de suspense. Comme un symbole, elle avait déjà évoqué dans le courant de la semaine les mesures de son prochain mandat, dont la pérennisation des pistes cyclables mises en place lors du déconfinement ou la piétonnisation des abords du canal Saint-Martin.
Sa plateforme de campagne, "Paris en Commun", va devenir une "structure politique pérenne" et son actuel président, Jean-Louis Missika, appelle à créer une "fédération" avec les listes citoyennes en passe de gagner dans plusieurs grandes villes. Avec notamment pour mission de "préparer les prochaines échéances électorales".
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