C’est un procès particulièrement attendu qui doit s’ouvrir ce 19 mai devant le tribunal criminel d’Abidjan. Celui de Guillaume Soro et d’une vingtaine de ses proches et de militants de Générations et peuples solidaires (GPS), qui devront répondre des charges d’ « atteinte à la sureté de l’État », de « complot » et de « diffusion de fausses informations ».
Mais ce procès se tiendra en l’absence de Guillaume Soro, en exil depuis son retour avorté de décembre 2019, et de ses avocats. Selon nos informations, les défenseurs de l’ancien président de l’Assemblée nationale ont en effet fait savoir, par un courrier adressé au président et aux juges du tribunal, qu’ils ne « prêteront pas leur concours au simulacre de procès ».
Dans leur lettre, datée du 17 mai et déposée le 19 en fin d’après-midi au tribunal, Affoussiata Bamba-Lamine, Robin Binsard, Charles Consigny et Emmanuel Daoud se montrent particulièrement critiques au sujet de l’ordonnance de renvoi rendue le 7 octobre 2020 par le doyen des juges d’instruction, Victor Ousmane Coulibaly.
À les en croire, celle-ci aurait été prise « au mépris de deux décisions de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) », en date des 22 avril et 15 septembre 2020. Ils ajoutent que même si la Côte d’Ivoire a annoncé qu’elle se retirait du protocole de la CADHP, cela « n’affecte pas les litiges en cours ».
Sur le fond, la défense de Soro estime en outre que les éléments à charge ne sont pas suffisants. Les enregistrements, interceptés par les services de renseignement ivoiriens et dont une partie a été dévoilée dès le mois de décembre 2019 par le procureur Richard Adou, sont « tronqués, truqués et issus d’une captation illicite ».
Quant à « l’important arsenal d’armes de guerre » découvert « dans la lagune bordant la résidence de Soro », à Assinie-Mafia, et « dans une résidence nouvellement achetée par Guillaume Soro et jouxtant le Golf Hôtel », à Abidjan, il n’aurait « aucun lien avec GPS et a fortiori avec Guillaume Soro. »
Enfin, l’équipe de défense de Soro remet en cause le renvoi, devant le tribunal criminel d’Abidjan, de Me Affoussiata Bamba-Lamine pour « diffusion de fausses nouvelles », au nom du principe selon lequel « la parole de l’avocat de la défense est libre. »
Une vingtaine de personnes vont comparaître devant les juges, ce 19 mai. Parmi eux, les frères cadets de Guillaume Soro, Rigobert et Simon, ainsi que son ancien directeur de protocole, Souleymane Kamagaté (dit « Soul to Soul »), et que l’ancien ministre Alain Lobognon. Également poursuivis mais en exil, Affoussiata Bamba Lamine, mais aussi l’ex-directeur de la communication de Soro, Moussa Touré, son aide de camp, Abdoulaye Fofana, et l’ancien député Issiaka Fofana.
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