Un homme a été tué lundi 19 mai à Koudougou, une ville du centre du
Burkina Faso, après avoir été accusé par une foule en colère d’avoir
fait "disparaître le sexe" d’un habitant. Et ce drame n’est pas isolé,
puisque ces accusations étranges se sont multipliées durant le mois de
mai.
ATTENTION LES IMAGES QUI SUIVENT SONT CHOQUANTES
La scène de justice populaire s’est déroulée dans le 10e secteur de
Koudougou, dans l’ouest de la ville. Tout est parti d’une altercation
dans un restaurant entre deux personnes, l’une accusant l’autre de
l’avoir envoûté par un simple contact physique. La présumée victime, un
mécanicien du quartier, affirmait s’être fait "voler son sexe" par cette
personne, inconnue dans le quartier. Après avoir tenté de régler ses
comptes avec le "voleur", la prétendue victime a prévenu la police.
Mais une foule s’était déjà amassée autour d’eux. Pris de colère, des
habitants ont décidé de le lyncher en pleine rue.
Sur
ces images prises par Cyrille Zoma, journaliste pour l'Observateur
Paalga à Koudougou, policiers et personnels de santé interviennent sur
place pour calmer la foule et identifier le problème.
"Les présumées victimes affirment toujours ne plus sentir leur organe génital"
Cyrille
Zoma, un journaliste de Koudougou, a constaté plusieurs accusations
similaires depuis le début du mois de mai. Lundi, il s’est rendu sur les
lieux et a pris les photos.
Le premier cas de "disparition de sexe" à Koudougou remonte au 2
mai. Depuis, j’ai recensé une douzaine de cas similaires en deux
semaines dans la ville. C’est toujours la même histoire : une personne
se plaint d’avoir été approchée et touchée physiquement par un inconnu
dans le quartier. Immédiatement, la victime se plaint de douleurs au bas
ventre, de frémissements, et affirme ne plus sentir son organe génital.
Cela ne touche que des hommes et ça m’a été signalé dans plusieurs
quartiers de la ville.
Après
une altercation dans un restaurant, le présumé "voleur de sexe" avait
été mis à l'écart dans l'atelier du mécanicien "victime" avant d'être
appréhendé par la foule en colère.
La dernière accusation en date remonte au dimanche 18 mai : la
police avait dû intervenir pour sauver un individu accusé d’avoir "volé
le sexe" d’un habitant. Ulcérés, des habitants s’en sont pris au
commissariat central de Koudougou, où le présumé coupable avait été mis à
l’abri. Depuis plusieurs jours, des gens m’affirmaient qu’il fallait
"tuer un de ces voleurs de sexe" pour dissuader les autres et mettre fin
à ces histoires. Lundi, c’est finalement ce qu’il s’est passé. La
police a fait ce qu’elle a pu, mais elle n’était pas en nombre suffisant
pour contenir la colère de la population. Quand les services médicaux
ont ausculté les présumées victimes, ils n’ont constaté aucun problème
particulier au niveau des parties génitales.
Sur les lieux, j’ai pu constater que beaucoup de personnes
affirmaient que le présumé "voleur de sexe" était un étranger : certains
disaient un Congolais, d’autres un Rwandais ou un Burundais. En
l’absence d’explication, on rejetait la faute sur "un étranger". Au
final, il s’avère que cette personne était un marabout burundais du 8e
district de Koudougou.
Les accusations de "vols de sexe" sont un serpent de mer qui ne
concerne pas seulement le Burkina Faso : plusieurs cas ont été recensés
durant les quinze dernières années d’Abidjan à Accra.
Pour des spécialistes de la question, en une quinzaine d’années, la
rumeur des réducteurs de sexe aurait fait près de trois cents morts et
plus de trois mille blessés en Afrique de l'Ouest.
"Souvent, ce sont des escrocs qui disent avoir volé le sexe de quelqu’un pour ensuite lui vendre un produit miracle"
À
Koudougou, Yameogo Baggio connaît bien cette problématique.
Représentant d’une ONG française, il travaille sur la question depuis
plusieurs années.
Le phénomène est bien connu : souvent, ce sont des escrocs qui
jouent sur la crédulité des gens pour les arnaquer. Ils sont en général
deux ou trois complices à agir, en trois temps. Acte 1 : une personne,
qui affirme être dotée de pouvoir, touche sa victime et le persuade
qu’elle lui a dérobé son organe génital. Acte 2 : un complice s’approche
de la victime, enfonce le clou en expliquant que s’il n’achète pas de
suite un produit, il va perdre sa capacité à se reproduire. Acte 3 : la
personne achète à prix d’or [environ 30000 francs CFA soit 45 euros
NDLR] un médicament proche du viagra qui permet à l’individu de
retrouver sa vigueur.
Cela faisait quelques années qu’on n’avait plus entendu parler de
ce phénomène à Koudougou. Il y avait eu quelques cas isolés dans des
localités proches il y a deux ans, mais ça n’était pas allé plus loin.
Cette fois, les premiers cas survenus début mai ont été très mal gérés :
les autorités municipales ne sont pas immédiatement intervenues pour
calmer la population et la psychose s’est emparée de beaucoup de
personnes. Je ne suis pas sûr que le lynchage de cet homme apaisera les
tensions.
Le premier adjoint du maire de Koudougou, Gaston Kagambega,
contacté par FRANCE 24, a expliqué avoir réuni lundi les chefs de
quartier pour appeler au calme. La mairie a également mis en place une
cellule de crise spéciale au centre médical de Koudougou pour accueillir
les personnes qui affirment être victimes de "voleurs de sexe".
9 Commentaires
Dou Demmmmmmmmmmm
En Mai, 2014 (20:35 PM)Caractacusa
En Mai, 2014 (21:10 PM)Pitiant
En Mai, 2014 (22:18 PM)Xcv
En Mai, 2014 (07:11 AM)Ddd
En Mai, 2014 (08:15 AM)En 2014 comment de pareilles stupidites peuvent se produire?
Le mecanicien doit etre emprisonne
Senef555
En Mai, 2014 (09:03 AM)Loi
En Mai, 2014 (15:22 PM)Mon Oeil
En Mai, 2014 (16:36 PM)Rouilla La Diva
En Février, 2015 (20:50 PM)Participer à la Discussion