Le 12 novembre 2024, la Cour d'appel de Bamako a rejeté la demande de libération provisoire des onze cadres politiques interpellés le 20 juin dernier. Ces anciens ministres et dirigeants de partis politiques, membres de la Déclaration du 31 mars, ont été arrêtés après avoir exprimé leur volonté de rétablir l'ordre constitutionnel, en désaccord avec le gouvernement de transition dirigé par le colonel Assimi Goita. Ils sont poursuivis pour « opposition à l'exercice de l'autorité légitime » et « complot ». Cette décision survient après que le juge d'instruction ait, en septembre, ordonné leur libération sous contrôle judiciaire, mais que le procureur ait formellement opposé son refus. Le rejet de cette demande par la cour d'appel a une nouvelle fois alimenté la controverse, notamment parmi les avocats et proches des accusés.
L'arrestation des onze personnalités politiques fait suite à une réunion organisée en mars 2024, au moment où les autorités de transition avaient suspendu les activités politiques des partis et associations dans le pays. Bien que cette rencontre n'ait pas donné lieu à des manifestations ni à des troubles à l'ordre public, les autorités ont jugé que cette réunion représentait une forme d’opposition à l’autorité en place, ce qui est en contradiction avec la loi en vigueur à l'époque. En effet, sous la transition, l’exercice de toute activité politique, y compris la réunion de dirigeants de partis, était suspendu, ce qui place ces personnalités dans une situation d’illégalité. Pour les avocats des accusés, cependant, cette répression semble disproportionnée, soulignant qu’il n'y a pas eu de perturbation de l'ordre public et que leurs clients ne constituaient pas une menace immédiate.
La question du maintien en détention des onze leaders politiques soulève des débats sur le caractère politique de cette décision. Certains observateurs estiment qu’il s’agit d’une tentative d’étouffer l’opposition politique, surtout dans un contexte où le pays est plongé dans une crise profonde, marquée par des tensions politiques et sécuritaires. De nombreux partisans des accusés dénoncent l’absence de procès et le fait que ceux-ci soient emprisonnés depuis plus de cinq mois sans jugement. Ils critiquent également le refus de leur libération sous contrôle judiciaire, une option que la défense juge raisonnable, étant donné l’absence de risques de fuite ou de perturbation de l’ordre public.
Cependant, les autorités maliennes, confrontées à un environnement politique et sécuritaire complexe, justifient ces mesures par la nécessité de maintenir la stabilité dans le pays. Dans ce contexte, la transition politique, bien qu’engagée sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel, a restreint certaines libertés politiques afin d’éviter des déstabilisations supplémentaires. Cela soulève la question de savoir jusqu'où les autorités peuvent limiter ces libertés sans compromettre leur propre légitimité et le caractère inclusif du processus de transition.
En somme, face à l’absence d’une date précise pour le procès, l'incertitude persiste. La défense des accusés plaide toujours pour une libération sous contrôle judiciaire, et les autorités devront déterminer si de nouveaux éléments justifient une révision de la détention. Cette affaire, qui s'inscrit dans un cadre plus large de répression des voix dissidentes, pourrait avoir un impact significatif sur la perception de la transition politique, tant au plan national et international. Les autorités maliennes se trouvent à un tournant important, devant choisir entre renforcer un contrôle autoritaire ou ouvrir la voie à un dialogue inclusif pour la réconciliation nationale.
1 Commentaires
Bamanankan
il y a 1 jour (22:40 PM)Le combat contre les mercenaires terroristes de l'otan , contre le terrorisme médiatique française,le combat pour la souveraineté la liberté la dignité l'intégrité du territoire nationale nous préoccupe plus que tout
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