
Le Sénégal est à nouveau secoué par un affrontement politique entre deux figures incontournables : Ousmane Sonko, actuel Premier ministre et leader du Pastef, et Macky Sall, ancien président de la République. Alors que Sall a quitté le pouvoir en avril 2024 après deux mandats, son retour à la tête de la coalition Takku-Wallu pour les législatives anticipées de novembre 2024 a ravivé une rivalité déjà tendue avec Sonko. Dans ce contexte, les récentes déclarations de Sall, notamment lors d’une interview accordée à Jeune Afrique le 27 février 2025, jettent de l’huile sur le feu.
Un passif explosif comme point de départ
La rivalité entre Sonko et Sall s’est cristallisée dès 2019, lors de la présidentielle où Sonko a défié Sall, président sortant. Le véritable point de rupture est survenu en 2021, avec l’arrestation de Sonko dans l’affaire de viol présumée sur la masseuse Adji Sarr, qu’il a dénoncée comme un « complot » orchestré par Sall. Les émeutes qui ont suivi, faisant une quinzaine de morts, ont exposé les fractures profondes du pays.
Condamné en 2023 à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse », Sonko a été libéré en mars 2024 grâce à une loi d’amnistie votée sous Sall, une mesure visant à calmer les tensions avant la présidentielle. Cette amnistie, aujourd’hui au cœur des débats, est devenue un symbole des divergences entre les deux hommes.
Le retour de Sall et les législatives de novembre 2024
Après avoir cédé le pouvoir à Bassirou Diomaye Faye, en avril 2024, Macky Sall semblait s’éloigner de la politique nationale, occupant un rôle d’envoyé spécial du Pacte de Paris. Pourtant, son retour surprise en octobre 2024 pour mener Takku-Wallu aux législatives anticipées du 17 novembre a marqué un tournant. Ce scrutin, remporté haut la main par le Pastef avec 121 sièges sur 165 contre seulement 7 pour Takku-Wallu, a été un camouflet pour Sall. Mais loin de se retirer, il persiste à défier ses successeurs.
Une guerre des récits autour du bilan
Depuis son entrée en fonction, Ousmane Sonko n’a eu de cesse de critiquer l’héritage de Macky Sall. En septembre 2024, il a dénoncé une « falsification des finances publiques » sous Sall, pointant un déficit budgétaire de 10,4 % du PIB et une dette publique de 76,3 %.
Lors de sa déclaration de politique générale le 27 décembre 2024, Sonko a franchi une étape supplémentaire en proposant d’abroger la loi d’amnistie de mars 2024. Cette décision pourrait ouvrir la voie à des poursuites contre Sall et ses proches pour les violences politiques de 2021 à 2024, qui ont coûté des dizaines de vies. « La justice est un pilier sans lequel aucune paix ne peut exister », a-t-il déclaré.
Face à ces attaques, Macky Sall a répondu dans son interview à Jeune Afrique. Il a affirmé n’avoir « rien à se reprocher » et défié Sonko de prouver ses accusations de falsification. « J’ai laissé un pays en paix », a-t-il insisté, soulignant avoir choisi la « voie de la démocratie » en renonçant à un troisième mandat controversé : « J’aurais pu être candidat, et le troisième mandat serait passé, mais j’ai préféré respecter les institutions. » Sall a également défendu la loi d’amnistie comme un geste d’apaisement : « Elle a permis à ceux qui étaient en prison de sortir. Nous sommes allés aux élections de manière apaisée. Ils ont gagné. Qu’ils travaillent au lieu de critiquer ce qui a été fait ces douze dernières années. »
Une bataille aux enjeux multiples
Ce duel ne se limite pas à une querelle personnelle. Il oppose deux visions du Sénégal : Sall met en avant son bilan – stabilité, infrastructures, croissance économique – tandis que Sonko incarne une rupture, portée par des promesses de justice sociale et de souveraineté. La menace de poursuites judiciaires contre Sall, si l’amnistie est abrogée, pourrait transformer cette rivalité en un affrontement juridique sans précédent.
Vers une polarisation durable ?
La victoire écrasante du Pastef aux législatives montre un désir de changement, mais la détermination de Sall à défendre son legs et son refus de céder face aux « menaces de poursuites » – qu’il dit ne pas craindre – laissent présager une lutte prolongée. Ce bras de fer, entre un ancien président et l’actuel Premier ministre, pourrait soit purger les contentieux du passé, soit plonger le pays dans une polarisation encore plus profonde.
13 Commentaires
Reply_author
il y a 13 heures (14:29 PM)Golden Sentinelle
il y a 12 heures (14:51 PM)Ya Plus Match, Carton Rouge Ou
il y a 12 heures (15:05 PM)Reply_author
il y a 10 heures (16:59 PM)Président Par Interim
il y a 12 heures (14:33 PM)La différence entre un courageux et un poltron
Vous avez beaucoup d’humour
Lucide
il y a 11 heures (15:49 PM)Tourem
il y a 11 heures (15:52 PM)Doudou
il y a 11 heures (15:54 PM)Lool
il y a 11 heures (16:19 PM)Participer à la Discussion