De violents incidents ont éclaté de nouveau dans la nuit de samedi à dimanche dans plusieurs quartiers de la capitale malienne. Quatre civils au moins y ont trouvé la mort. Vendredi déjà, des heurts en marge d'une manifestation organisée à l’appel du Mouvement du 5 Juin contre le président avaient été meutriers.
La troisième manifestation à Bamako à l'appel du Mouvement du 5 Juin vendredi 10 juillet a été émaillée de saccages et de graves violences qui ont fait au moins « quatre morts », selon le Premier ministre malien Boubou Cissé.
De violents incidents ont de nouveau éclaté samedi soir dans plusieurs quartiers de la capitale malienne, où quatre morts supplémentaires sont à déplorer, selon une source hospitalière consultée par RFI.
Bamako s’est réveillée ce matin défigurée à certains endroits. Sur le pont du Roi Fahd, on pouvait apercevoir plusieurs bornes en béton. Un camion y déchargeait des graviers. Des barbelés étaient également visibles, rendant le passage difficile. À la place de l’Indépendance, au centre-ville, des milliers de bouts de papiers jonchaient le sol. Des pneus brûlaient vers la Bourse du travail. Très peu de policiers ont été aperçus en ville ce matin.
Nuit mouvementée
La nuit a été pourtant très mouvementée, notamment près du QG de l’imam Mahmoud Dicko. C’est dans ce quartier de Badalabougou que de violents affrontements ont eu lieu entre forces de l'ordre et manifestants.
Ce sont les forces armées qui ont commencé à tirer sur les gens. On a eu plein de décès ici. S’ils avaient écouté la population, on n’en serait pas arrivé là. Mais la lutte continue, c’est le début du commencement.
Des manifestants et habitants racontent les violences de la nuit à Badalabougou
Coralie Pierret
D'ordinaire, Badalabougou est un quartier résidentiel calme. Mais c'est aussi le siège de l'URD, le parti de Soumaïla Cissé, le lieu de résidence de Manassa Diakono, la présidente contestée de la Cour constitutionnelle et celui de l'imam Mahmoud Dicko. C'est dans les rues entre ces deux maisons que les affrontements ont été les plus violents, témoigne un habitant du quartier, joint par RFI.
« Depuis ce matin, il n’y pas eu de mouvements mais nous ne sommes pas en sécurité, raconte celui-ci. Les policiers sont là. À n’importe quel moment, ils peuvent faire des dégâts. Hier soir, on n’a pas dormi. Il y avait des tirs partout. Il y a eu des morts. Ils [les policiers] voient que vous êtes assis – je ne sais pas si c’est de la panique – ils tirent à n’importe quel moment. Ils tirent pour rien. C’est quoi, ce genre de police ? Franchement, au Mali, aujourd’hui, on en a marre du président et même de la police aussi. C’est le mauvais gouvernement qui nous gouverne aujourd’hui. Cela fait trois ans que les enfants n’ont pas eu école et en même temps, il n’y a pas de sécurité non plus au Mali. Vraiment, c’est la misère. »
L’appel au calme de l’imam Dicko
À la mi-journée ce dimanche, l'imam Mahmoud Dicko, autorité morale des contestataires, a lancé un appel au calme. « La lutte doit continuer mais sans violences », a-t-il déclaré à RFI.
Je demande, encore une fois, à la jeunesse malienne de faire preuve de retenue et de calme, nous pouvons vraiment trouver et obtenir tout ce que nous cherchons dans la patience, dans les bonnes manières. Évitons toute sorte de violences.
Imam Mahmoud Dicko
Serge Daniel
L’opposant Mountaga Tall interpellé puis relâché
Depuis vendredi, plusieurs leaders du Mouvement du 5 juillet ont été arrêtés entre vendredi et samedi, à Bamako. Parmi eux, Choguel Maïga et Mountaga Tall. Ce dernier a été relâché, tard dans la nuit de samedi à dimanche. Joint par RFI, il revient sur les circonstances de sa libération.
Le Bâtonnier de l’Ordre des avocats est intervenu pour rappeler qu’on ne peut pas arrêter, ni garder un avocat de cette façon, en raison des règles, non pas maliennes, mais communautaires.
Mountaga Tall, l'un des leaders du Mouvement du 5 juin
0 Commentaires
Participer à la Discussion