Patrice Talon a effectué une visite en Martinique, du 13 au 17 décembre derniers. Lors de son séjour dans ce département français, le président béninois s’est rendu au fort de Tartenson où fut emprisonné Béhanzin (le souverain du royaume béninois de Danxomè) entre 1894 et 1906. Il a également visité le mémorial consacré à l’esclavage au Cap 110.
Mais le voyage de M. Talon en Martinique n’était pas foncièrement touristique.
L’exposition se déroulait sur une ancienne plantation sucrière
Il a surtout fait le déplacement pour inaugurer l’exposition « Révélation ! Art contemporain du Bénin » à la fondation Clément. Une fondation située sur une ancienne plantation sucrière et appartenant à Bernard Hayot, un riche homme d’affaires.
Dans ce département français, des personnes appartenant à la communauté de Bernard Hayot sont appelées les "Békés". Ce sont des Blancs créoles descendants de colons. Beaucoup n’ont pas vraiment apprécié la tenue de cette exposition sur une ancienne plantation sucrière détenue par un Béké. C’est ce qui a lancé la polémique.
« Un lieu où les murs résonnent encore des cris de douleur de nos ancêtres esclaves »
Mahamadou Diallo, membre fondateur de l’association Afrique Caraïbe Fraternité, a clairement indiqué qu’une exposition d’art africain ne pouvait pas se tenir à la fondation Clément. Pour lui, le site est hautement symbolique à cause des centaines d’esclaves qui y ont souffert.
Le président du Conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique, Serge Letchimy, a embouché la même trompette. « Une telle rencontre entre l’Afrique et la Martinique dans un lieu où les murs résonnent encore des cris de douleur de nos ancêtres esclaves heurte profondément ma conscience politique et morale », a-t-il dit sur X, refusant « catégoriquement » l’invitation de la fondation Clément.
« Je ne suis pas venu pour remuer le couteau dans une plaie… »
Patrice Talon a tenté de calmer la polémique, arguant qu’on ne pouvait pas toujours s’enchaîner au passé. « Notre histoire est commune, mais je ne suis pas venu pour remuer le couteau dans une plaie qu’il convient plutôt d’œuvrer à cicatriser. Les polémiques les plus légitimes, les rancœurs les plus légitimes ne doivent pas nous enchaîner au passé, car elles sont des facteurs de sous-développement », a déclaré le numéro un béninois.
Ses propos n’ont pas vraiment convaincu M. Letchimy. Outre cette polémique, Patrice Talon a été accusé de snober les autorités locales.
« Un président de la République qui arrive en Martinique se doit de passer obligatoirement par un canal légal »
En effet, selon Martinique 1re, le locataire du palais de la Marina n’a pas rencontré le président du Conseil exécutif de la collectivité territoriale quand il est arrivé sur cette île des Caraïbes. « Un président de la République qui arrive en Martinique se doit de passer obligatoirement par un canal légal, légitime : celles et ceux qui représentent la Martinique politiquement », lui a rappelé le patron du Mouvement international pour les réparations, Garcin Malsa.
L’homme a ensuite appelé au boycott de l’exposition.
Finalement, Patrice Talon et sa délégation ont rencontré Serge Letchimy, en présence de conseillers exécutifs et de conseillers territoriaux martiniquais. Les échanges ont porté sur la coopération à établir entre le Bénin et la Martinique.
3 Commentaires
Il a relié les villes par des routes.
Il doit être félicité.
Il est souvent critiqué lors de ses voyages à l'étranger.
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En Décembre, 2023 (21:35 PM)Tu pouvais fermer ta gueule et passer ton chemin si ça t'intéresse pas.
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