Le 14 octobre 2024, la cour d'appel de Bamako devait examiner la demande de mise en liberté provisoire d’Étienne Fakaba Sissoko, économiste et ancien conseiller à la présidence, actuellement incarcéré depuis plusieurs mois. Sa situation, devenue emblématique des tensions politiques au Mali, soulève des questions cruciales sur la liberté d'expression et l'indépendance de la justice.
Chronologie des évènements
L’histoire d’Étienne Fakaba Sissoko a commencé le 25 mars 2024, lorsqu’il a été arrêté par la Brigade d’Investigation Judiciaire (BIJ). Il était alors sous le feu des projecteurs en raison de son livre publié fin 2023, intitulé Propagande, Agitation et Harcèlement, dans lequel il dénonçait la « propagande » du gouvernement de transition. Le 27 mars, il a été placé sous mandat de dépôt, accusé d’« atteinte au crédit de l’État », d’« injures », et de diffusion de « nouvelles fausses » qui auraient troublé l'ordre public.
Le 20 mai 2024, la justice malienne a rendu son verdict : Sissoko a été condamné à deux ans de prison, dont un an ferme, ainsi qu'à une amende de 3 millions de FCFA. Cette décision a été perçue par ses soutiens comme une atteinte à la liberté d'expression, surtout dans un contexte où Sissoko avait pris une position critique vis-à-vis des autorités.
La situation a pris un tournant le 14 octobre, lorsque la cour d'appel a d’abord autorisé une mise en liberté provisoire, permettant à Sissoko de rentrer chez lui sous contrôle judiciaire. Cependant, le parquet a immédiatement interjeté appel de cette décision par un pourvoi en cassation, bloquant ainsi la libération de l’économiste en détention à la prison de Kéniéroba, située à plus de 75 kilomètres de Bamako.
L’opposition du parquet a renforcé les frustrations des soutiens de Sissoko, qui voyaient en lui une figure critique du gouvernement. Pour eux, le blocage de sa liberté provisoire est une indication d'une volonté de prolonger sa détention, au détriment des droits fondamentaux.
Amnesty International et d'autres organisations de défense des droits de l'homme ont exprimé des préoccupations quant au traitement réservé à Sissoko, qualifiant sa condamnation d'atteinte à la liberté d'expression. L'opinion publique, tant au Mali qu'à l'international, suit de près cette affaire, qui illustre les tensions entre l'autorité de l'État et les voix dissidentes.
Alors que le procès en appel de Sissoko se rapproche, les tensions autour de son cas continuent de croître. Sa situation reste un indicateur crucial de l'état de la justice et de la liberté d'expression au Mali. Les prochains développements, notamment l'audience sur le fond prévue, seront décisifs pour déterminer non seulement le sort d’Étienne Fakaba Sissoko, mais aussi l'avenir du débat public et de la dissidence dans le pays.
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il y a 2 semaines (09:26 AM)Participer à la Discussion