“kan j'ai vu ça j tellement pleuré... c comme si je connaissè le gars!!!! je ne peux pas imaginer k'en ce millènaire on arrive encore à traiter l'étre humain de cette façon, c seulement scandaleux!” Commente une Sénégalaise sur un forum.
On a tous ressenti la même peine que cette dame quand on a vu cette vidéo terrible d’un immigré sénégalais ligoté et bâilloné par des policiers espagnols à l’aéroport de Madrid. Son seul crime est d’être un sans papier. Cela n’est qu’une petite partie de ce que vive les immigrés sénégalais dans les pays occidentaux.
L’Etat a le devoir et l’obligation de défendre les Sénégalais où qu’ils soient sur terre. Mais au lieu de cela, il est le premier à leur compliquer la vie avec des tracasseries administratives à n’en pas finir. Combien d’immigrés ont vu leurs permis de séjour ou de travail non renouvelés parce que l’Etat était incapable de leur fournir un passeport? Combien d’entre eux ont perdu leur boulot à cause de ces problémes de passeport? Combien d’entre eux pensent se tourner vers nos représentations diplomatiques pour solliciter un soutien quand ils sont confrontés à des problèmes de racisme, de tracasseries administratives, de difficultés financières ou de problémes de santé? Qu’est-ce que nos représentations diplomatiques savent de leurs conditions de vie, de leurs difficultés, de leurs projets? QUE DALLE. Et pourtant la mission d’un consul ou d’un ambassadeur ne se résume pas à délivrer des papiers administratifs ou à assister à des soirées mondaines.
Nos dirigeants ont signé, avec des pays Européens, des accords de rapatriement, moyennant des sommes d’argent minables qui ne servent qu’à remplir leurs comptes bancaires. Pour nous embarquer dans leurs plans, ils nous servent l’argument selon lequel ces signatures vont permettre aux jeunes d’aller travailler en Espagne; aux hommes d’affaires, artistes et étudiants d’obtenir facilement un visa français; aux étudiants sénégalais en France d’obtenir de petits boulots chez Mc Donald; aux jeunes diplômés de travailler en France pendant trois ans histoire d’acquérir de l’expérience. C’est bien tout ça. Mais depuis la signature de ces accords, où sont les contrats promis par les Espagnols? Est-il plus facile aujourd’hui pour un Sénégalais d’avoir un visa français? Les étudiants sénégalais vivent-ils mieux en France depuis lors? Quel est le pourcentage réel de Sénégalais ayant obtenu la carte de séjour compétence et talent par rapport aux objectifs fixés par l’accord avec la France?
Nos ONG, qui ne vivent que grâce à l’Etat et à l’Union européenne, ferment les yeux sur le traitement réservé à ces immigrés dans leurs pays d’accueil. C’est totalement absurde de les voir défendre avec ardeur la cause palestinienne, le mandat d’arrêt international contre Béchir, le droit à l’homosexualité, alors que juste sous leurs yeux des compatriotes sont victimes de racisme, de tracasseries, de violence physique et morale, d’assassinat et j’en passe.
Il est clair que les immigrés sénégalais ne peuvent que compter sur eux-même. A mon humble avis, ils ont les moyens de se défendre efficacement, car ils représentent une force financière et électorale non négligeable. S’ils sont unis, c’est-à-dire s’ils pensent d’abord à leurs intérêts communs et dépassent leurs clivages politiques, ils représentent une force de pression énorme sur nos gouvernants.
Combien de personnes au Sénégal sont entretenues en vivres, habits et bijoux en or par des immigrés? Combien de maisons et de terrains appartiennent des immigrés? Combien de personnes se soignent avec l’argent des immigrés? Combien d’emplois les immigrés ont-ils créé dans ce pays? Combien d’écoles, de dispensaires, de routes, de forages, ont été construits grâce à leur argent?
Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), en 2005, le montant global des transferts d’argent des immigrés vers le Sénégal était estimé a 823 milliards de FCFA soit 19% du Produit intérieur brut (PIB). Pour rappel, le PIB est un indicateur économique qui mesure le niveau de production d'un pays. Il est défini comme la valeur totale de la production interne de biens et services dans un pays donné au cours d'une année donnée par les agents résidant à l’intérieur du territoire national. C'est aussi la mesure du revenu provenant de la production dans un pays donné.
Tantôt, je disais que les immigrés représentent une force électorale. C’est moins vrai en terme de voix, mais en terme d’influence, ils représentent énormément. Qui n’a pas un proche à l’étranger? On sait que l’Etat ne subvient pas aux besoins en nourritures, en santé et en éducation de la population. Pour de nombreuses familles, se sont les immigrés qui le font. Pourquoi alors voter pour un candidat qui nous priverait du soutien financier des immigrés? Personnellement, si un proche parent à l’étranger me demande de voter pour un candidat qui pourrait améliorer ses conditions de vie, sans hésiter je le ferai, car il y va également de mon intérêt.
Comme je le disais également plus haut, les immigrés doivent arrêter de compter sur l’Etat qui n’est là que pour se faire de l’argent sur leur dos. C’est à eux de mener leur combat avec le soutien des familles. Quand un immigré est victime de violence ou d’injustice dans son pays d’accueil ni les ONG, ni les familles ne protestent alors qu’elles le font pour des causes qui ne nous concernent pas directement ou pour un pauvre politicien enfermé par le régime. Comme on dit en wolof « Oudé, ni mou la guissé, la lay euwolé ». Nous sommes responsable en partie des difficultés de nos compatriotes à l’étranger.
Aujourd’hui, avec le développement des médias et de l’Internet, on peut communiquer, dénoncer, s’entraider, sensibiliser, échanger des informations. Bref mener le combat pour défendre nos immigrés. Ces armes sont plus efficaces que les insultes, les machettes, les pierres et compagnies. Les pays occidentaux et nos gouvernants tiennent à leur fausse image d’ange, c’est à cette image qu’il faut s’attaquer.
On savait tous que des immigrés se faisaient maltraiter et même tuer au cours des expulsions vers leur pays d’origine, mais le fait de l’avoir vu en image a réveillé beaucoup de gens sur cette réalité. J’ai été trés surpris de voir l’émoi et les réactions qu’a suscité cette vidéo, vue par des millions de gens à travers le monde en moins de 24 heures.
Personnellement, je n’apprécie pas beaucoup nos journalistes, mais il faut reconnaitre qu’ils sont parmi les rares personnes qui se soucient du sort des immigrés avec des reportages, des émissions télé et radio, mais aussi en dénonçant leurs conditions de vie à travers les journaux, les sites et portails web. Ils doivent redoubler d’effort. Chacun de nous doit faire de son mieux et selon ses moyens pour défendre ces braves gens. Il est injuste qu’ils nous mettent dans le confort alors que nous les regardons se noyer dans un océan de solitude et de haine.
Amadou Mahany Cissé
Diplômé en Etudes Stratégiques et
Politiques de Défense
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