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Économie numérique et télécommunications au Sénégal : des choix politiques qui attendent réparation, fragilisent un secteur stratégique et menacent le secteur de l’énergie (par Abdou lahad Diakhaté)

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Économie numérique et télécommunications au Sénégal : des choix politiques qui attendent réparation, fragilisent un secteur stratégique et menacent le secteur de l’énergie (par Abdou lahad Diakhaté)
Depuis l’arrivée des nouvelles autorités, la communication au sein du ministère chargé des télécommunications semble centrée sur une seule question, certes importante : la formalisation du métier de la presse. Cependant, cette focalisation se fait au détriment de secteurs stratégiques à fort potentiel de création de valeur, qui sont aujourd’hui laissés en suspens. Certains dossiers cruciaux, pourtant indispensables pour accompagner les ambitions du référentiel Sénégal 2050, nécessitent une attention urgente. L’absence de cohérence d’ensemble et des missions souvent en conflit entre les différents acteurs, risque de compromettre l’efficacité globale d’un secteur clé pour la transformation numérique et le développement économique du pays.

Projet National Large Bande : En décembre 2021, l'ADIE devenait SENUM.S.A, avec pour ambition de rentabiliser les investissements majeurs réalisés dans les infrastructures numériques. Cependant, plusieurs choix politiques antérieurs ont détourné SENUM S.A de ses véritables missions relativement à la loi n° 2021-39 du 13 décembre 2021 autorisant la création de la Société anonyme dénommé « Sénégal Numérique (SENUM SA) » et au décret n° 2022-247 du 15 février 2022 portant approbation des statuts de la Société nationale Sénégal Numérique (SENUM SA). Ses missions devraient plutôt concerner la mise en œuvre de la politique d’informatisation de l’Etat ainsi que la gestion des infrastructures numériques de l'État à travers la dématérialisation des procédures administratives, la réforme de l’état civil, l’interconnexion des bâtiments publics ect..

Parmi ces choix superflus, la réalisation de 6000 km de fibre optique, l’équivalent de 14 fois l’aller-retour entre Dakar et Saint-Louis (environ 420 km par trajet) ainsi que la construction d’un datacenter de dernière génération édifié sur 1 hectare à Diamniadio, ont mobilisé près de 52 milliards de FCFA.  Ces investissements auraient pu être optimisés grâce à une collaboration stratégique avec les opérateurs télécoms, évitant ainsi des coûts inutiles et des redondances structurelles. Il en va de même pour d’autres projets tel que l’acquisition d’une bande passante de 100 Gb/s extensible en 16 Tb/s  sur le câble sous-marin SHARE sur une distance de 720km, soit la distance entre Dakar et Praia, pour un coût estimatif de 95 milliards de FCFA. Ces investissements massifs, bien que prometteurs sur le papier, n’ont malheureusement pas produit les résultats escomptés en termes d’amélioration de la qualité de vie des citoyens ou de renforcement de la compétitivité du Sénégal dans l’économie numérique. Par ailleurs , il n’apparaît nulle part
une quelconque prérogative de l’ADIE ou du SENUM dans l’opérationnalisation et/ou
l’offre d’Internet au Sénégal, alors que les missions qui lui sont assignées sont très loin
d’être réalisées.
?Un autre projet, éponyme « Réseau de Télécommunications Large Bande », concerne cette fois la Société Nationale d'Électricité (Senelec). Dans le cadre de sa stratégie de développement, Senelec a pris l’option de diversifier son portefeuille d’activités en devenant opérateur d’infrastructures télécoms.
Cependant, ce choix suscite des interrogations, notamment au regard des défis structurels auxquels l’entreprise fait face. En effet, l’équation de la subvention de l’électricité reste insoluble, tandis que le pays amorce l’exploitation de ses ressources en hydrocarbures. De plus, dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a reconnu la difficulté que devront engendrer les réformes projetées dans le secteur de l’énergie, en voici un extrait insistant de manière prémonitoire « ces reformes seront difficiles, elles seront difficiles, ces reformes seront difficiles ».

Alors que Senelec occupe une place stratégique dans le cadre du projet « Gaz to Power », pilier du référentiel Sénégal 2050, elle semble s’aventurer dans une diversification risquée qui pourrait éparpiller ses ressources et nuire à ses performances dans son secteur principal.

Les risques d’une diversification mal maîtrisée pour Senelec se présentent sur deux aspects : d’abord un Impact financier accru car la diversification augmente la base d’actifs et le capital investi, forçant Senelec à générer davantage de bénéfices pour assurer un rendement du capital investi (ROCE) adéquat. Au jour d’aujourd’hui,  il est important de rappeler que Senelec est toujours obligé de compter sur la subvention de l’Etat (249,280 milliards en 2023).

Ensuite une perte de spécialisation, en se lançant dans les télécommunications, Senelec risque de perdre en expertise et en efficacité dans son cœur de métier, l’énergie. Les processus et procédures internes devront être adaptés à des secteurs fondamentalement différents : l’un stable et prévisible (les télécoms), l’autre très volatil (l’énergie). Dans de telles situations de diversification, les entreprises adoptent souvent des solutions intermédiaires, qui ne conviennent pleinement à aucun des secteurs concernés, compromettant ainsi leur efficacité globale.

Retour de la surtaxe sur les appels entrants : une décision inappropriée ?

Le débat tarte à la crème, relancé lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre sur le retour de la surtaxe sur les appels entrants met en lumière des insuffisances dans la vision stratégique du secteur. Cette mesure, dont la pertinence avait déjà suscité des controverses sous le régime du Président Abdoulaye Wade, semble aujourd’hui encore plus discutable dans le contexte actuel.

En effet les volumes d’appels internationaux ont drastiquement chuté ces dernières années, notamment en raison de l’émergence des plateformes alternatives comme les OTT (Over-The-Top) WhatsApp, Viber, ou encore Messenger qui permettent de communiquer gratuitement via Internet. Dans ce contexte, la surtaxe apparaît non seulement obsolète, mais également contre-productive. En réintroduisant cette surtaxe, l’État risque de détruire plus de valeur qu’il n’en génèrera. 

À l’époque où cette mesure était en vigueur, les acteurs du secteur avaient déjà proposé des alternatives pour compenser les attentes parafiscales de l’État. L’une des solutions avancées était le relèvement du taux de l’impôt sur les sociétés (IS), jugé plus durable et structurant que la surtaxe. Cette suggestion fut adoptée en 2013 dans le cadre de la loi de finances, avec une hausse du taux de l’IS de 25 % à 30 %. Cette réforme marqua l’abrogation du décret instituant la surtaxe, apportant ainsi une solution plus cohérente et pérenne pour l’économie des télécommunications.

Pour finir, le secteur des télécommunications et de l’économie numérique représente un levier essentiel pour la transformation socio-économique du Sénégal, mais il est aujourd’hui fragmenté par des choix politiques incohérents et des stratégies mal alignées. Qu’il s’agisse des projets d’infrastructures numériques mal optimisés ou des réformes fiscales inadaptées, ces incohérences freinent l’émergence d’un écosystème innovant et compétitif.

Redonner une cohérence au secteur, c’est d’abord recentrer chaque acteur sur ses missions (ARTP, FDSUT, SENUM.SA, Direction des télécoms et SENELEC) pour éviter les duplications coûteuses et les pertes d’efficacité. C’est aussi établir une vision stratégique claire où les initiatives publiques et privées se complètent au lieu de se concurrencer. Enfin, c’est s’assurer que chaque investissement génère un réel impact sur la vie des citoyens et renforce la compétitivité du Sénégal sur la scène internationale.

Pour atteindre ces objectifs, une gouvernance unifiée, capable de coordonner les missions des différents acteurs, s’impose. Une telle approche permettrait de maximiser la valeur ajoutée des infrastructures existantes, de stimuler l’innovation et de placer le Sénégal au cœur de l’économie numérique africaine, en parfaite adéquation avec les ambitions du référentiel Sénégal 2050.

Abdou Lahad Diakhate 
Ingénieur Télécommunications 
et consultant en stratégie



13 Commentaires

  1. Auteur

    Ex Collegue

    il y a 3 semaines (12:26 PM)
    Bien dit Lahade

    J'ai jamais compris la précipitation de l'état a se lancer dans des projets structurants de Fibre et Data center qui mobilisent beaucoup d'investissement . Si ce n'est au nom d'intérêt personnel , je ne vois pas d'autre raison et ceux qui brandissent la souveraineté numérique ne comprenne rien au réeaux et telecom.

    S'agissant de la Senelec , vous avez raison de tirer la sonnette d'alarme car la Senelec a vraiment d'autre chat à fouetter et l'avenir de ce monde est dans l'Energie

    Bravo pour cette belle contribution
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    • Auteur

      Reply_author

      il y a 3 semaines (13:52 PM)
      LA COLONISATION NUMÉRIQUE EST BIEN LÀ
      - Le but ultime de la colonisation française en Afrique était dans son projet ultime exclusivement économique: la recherche de richesse dans les colonies à canaliser vers la France. L'avènement des indépendances pour la plupart négocié ne nous a pas permis de s'en défaire d'éviter que le colon se réinvente pour continuer dans cet esprit et les politiques structurelles quinze ans après imposées par la Banque mondiale et le FMI à travers les privatisation ont encore permis la perpétuité de cela par l'accaparement des structures de base de nos économies essentielles et transversales comme les PTT etc.
      - Les événements récents par des actes posés dans la recherche de notre souveraineté déjà politiques dans ses premiers jalons vont inéluctablement aboutir à la prise en charge du destin de nos interactions sociales, économiques etc qui dans ce monde Nouvel du tout digital reposent sur le socle des infrastructures numérique et de leurs gestion qui les contrôle nous contrôle
      - Il est surprenant et inquiétant de voir certains comme ici quelqu'un conseiller à l'état de confier le destin numérique du pays à des opérateurs privés étrangers et de sur quoi de l'ancien puissance coloniale, alors que la BATAILLE MAJEUR qu'il faut d'ores et déjà entamée est de REPRENDRE NOTRE SOUVERAINETÉ NUMÉRIQUE en réduisant à un portion incongru le poids et la possibilité d'influencer de ces opérateurs étrangers sur les structures de base de nos infrastructures de télécommunications et sur leurs capacités d'agir sur la disponibilité et la largeur de la bande passante à allouer.
      - L'état doit continuer à élargir le réseau fibre optique national et à l'achat de grandes capacités de BANDE PASSANTE sur les câbles sous-marins au large de Dakar non contrôlés par l'ancien puissance coloniale par exemple celui de Google "Equiano" et même dans celui de Facebook "2africa" malgré la présence là-bas de nos opérateurs. Et ça contrairement à ce que conseille ce bonhomme encagoulé qui défend la domination étrangère sur notre indépendance numérique qui définira notre destin économique.
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    • Auteur

      Reply_author

      il y a 3 semaines (14:20 PM)
      Parallèlement à la recherche de souveraineté par la création d'un réseau fibre optique autonome des opérateurs de télécom, l'état au Sénégal doit revoir de près les politiques des opérateurs sur le terrain dans la qualité et la disponibilité universelle de l'internet dans les foyers.
      En termes de bande passante disponible à améliorer il est vraiment temps et nécessaire ça à trop durer et on arrive à bout de patience de passer des offres de 10 ou 40 Mbps à des offres de 1 Gbps pour permettre aux utilisateurs de profiter pleinement de services comme le travail en cloud, du télétravail avec des interconnexion de bureaux dispersées, des traitements de vidéos en ultra-haute définition etc. Enfin, pour l’amélioration de l’expérience, l’évolution d’une fibre optique pour la connexion le tout fibre de l'opérateur à la maison FTTH avec le FTTR, des expériences ultra-gigabit sont désormais accessibles partout et à tout moment.
      Au Sénégal les débits Internet sont faibles ils ne dépassent pas les dizaines de Megabits dans les zones urbaines, en périphérique en dehors de la capitale et des grands centres urbains au niveau des zones frontalières avec des habitations dispersées, les populations n'ont même pas l'accès à l'internet fixe illimité et elles sont nombreuses dans cette situation pour ce genre de connexion, certaines sont obligés de se résoudre à utilisation du mobile avec ses coûts exorbitants mais tout le monde ne le peut pas.
      EN TERME DE COUVERTURE UNIVERSELLE l'exemple du Niger qui vient d'être donné avec le contrat avec STARLINK qui permet de résoudre le problème de la disponibilité de l'internet illimité haut débit (200 Mbps par seconde pour STARLINK) disponible dans tout le pays et avec la technologie nouvelle des routeurs satellitaires de connexion de cette société avec son boîtier le Starlink Mini en forme d'ardoise et à la fois WiFi et des prises RJ45 il est possible d'utiliser le solaire parce qu'il suffit d'une alimentation de 12 VOLTS et ainsi dans ces zones avec la mutualisation des efforts, il possible par la création de points de connexion villageois de permettre à ces populations d'être connectées et d'accéder au réseau mondial. C'est pourquoi nous invitons l'état à considérer cette solution d'autant plus qu'il ne faut pas s'attendre à l'établissement d'un réseau terrestre pour une connexion fixe illimité par les opérateurs dans ces zones reculées avec des habitations dispersées non rentables économiquement.
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    • Auteur

      Reply_author

      il y a 3 semaines (14:35 PM)
      Avec la digitalisation du monde le néocolonialisme s'est métamorphosé et est maintenant la domination et le contrôle de l'espace numérique des infrastructures et la politique de gestion d'un pays et non seulement cela mais même dans les applications application de la gestion numérique des finances FINTEK en concurrence des institutions financières privées des autochtones en étant fournisseurs de services et concurrents de prestataires. Les français ont eu une avance sur les africains et on se réveille aujourd'hui dans une COLONISATION NUMÉRIQUE
      L'état du Sénégal cherche à retrouver son indépendance numérique et ce monsieur lui conseille d'abandonner ses efforts pour cela et pire encore, il l'a même écrit ici en le suggérant de confier ses efforts aux mêmes opérateurs français qui sont ici chez nous.
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    • Auteur

      Reply_author

      il y a 3 semaines (14:59 PM)
      SENELEC fait peur à ORANGE
      La technologie des réseaux électriques à beaucoup évoluer et il est désormais possible de FAIRE PASSER L'INTERNET dans le réseau électrique simultanément avec le courant électrique sans incidence sur l'un et l'autre avec seulement un routeur à ajouter chez soi. On l'appelle le CPL pour courant porteur ligne.
      Donc la SENELEC qui a déjà un réseau complet qui est déjà présent dans tous les foyers du Sénégal est fortement avantagée pour résoudre la pénétration universelle de l'internet dans les foyers à moindre coût en engrangeant d'énormes sommes et déjà nos compteurs Woyofal exploitent en de moindres mesures cette technologie et il ne suffit de la volonté politique de l'état et pour pour peut d'investissements d'aboutir à un réseau internet très fiable et performant avec l'achat de Bande passante disponibles au large dans des câbles sous-marins pas loin d'ici, un réseau très fiable je disais parce relié à la disponibilité de l'électricité qui sera la propriété de la SENELEC donc de l'état du Sénégal qui sera aussi une alternative sécuritaire de la disponibilité de l'internet en dehors des mains d'une multinationale d'une puissance étrangère sans revenir sur les accords du passé
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    • Auteur

      Reply_author

      il y a 3 semaines (17:48 PM)
      Réponse à M. Abdou Lahad Diakhaté

      Je tiens d’abord à féliciter M. Abdou Lahad Diakhaté pour son analyse rigoureuse et sa contribution précieuse qui enrichit le débat public sur un secteur aussi stratégique que le numérique. Il est crucial de mettre en avant des réflexions éclairées pour accompagner le Sénégal dans son ambition d’émerger comme une nation pionnière dans la transformation digitale en Afrique.

      Sur le Contrôle et la Taxation des Appels Entrants

      Votre analyse sur le retour de la surtaxe des appels entrants met en lumière des points cruciaux, mais il est essentiel de compléter cette réflexion en abordant les aspects techniques et stratégiques inhérents à cette problématique.

      1. Importance du Contrôle des Appels Entrants

      Le contrôle des appels entrants est tout aussi stratégique que la taxation pour plusieurs raisons :

      Sécurité de la Population : Un contrôle rigoureux permet de protéger les citoyens contre les fraudes, les spams, et autres activités malveillantes. Par exemple, la mise en place de systèmes d’authentification et de filtrage avancés peut réduire significativement les risques de cyberattaques et de fraudes téléphoniques.

      Préservation des Revenus des Opérateurs : En limitant les pertes dues aux contournements des circuits officiels, le contrôle des appels entrants assure une meilleure rentabilité pour les opérateurs télécoms. Cela peut se traduire par une augmentation des investissements dans l’infrastructure et l’innovation technologique.

      Traçabilité et Transparence : Une traçabilité optimale des appels permet d’identifier les acteurs impliqués dans la chaîne de communication et de prévenir les abus. L’implémentation de technologies de suivi et de journalisation des appels peut renforcer la responsabilité et la transparence dans le secteur.

      2. Taxation des Appels Entrants : Analyse et Implications

      La taxation des appels entrants, bien qu’importante pour générer des revenus, doit être envisagée dans un cadre global et stratégique :

      Historique et Impact Économique : À l’époque où la surtaxe était en vigueur, le trafic entrant atteignait entre 90 et 100 millions de minutes par an, générant entre 3,5 et 5 milliards de FCFA par mois, soit environ 50 milliards de FCFA annuellement. Ces chiffres témoignent de l'importance économique de cette mesure.

      Évolution Technologique et Changements de Comportement : Malgré la prolifération des smartphones et le choix des abonnés pour les services OTT (Over-The-Top) tels que WhatsApp, Viber, Telegram ou Messenger, le trafic entrant reste substantiel avec plus de 22 millions d'abonnés en 2025, contre une augmentation significative depuis 2011-2012. En 2019, le trafic entrant était à 77 millions de minutes, soulignant la persistance de cette dynamique.

      Données Manquantes et Besoin de Transparence : L'ARTP ne fournit plus de rapports sur les appels entrants des dernières années, ce qui crée un vide informationnel. Une transparence accrue et des rapports réguliers sont nécessaires pour une prise de décision informée.

      Accessibilité et Inclusivité : Selon le FDSUT, plus de 3 000 localités n'ont pas accès à la 3G et 4G, ce qui corrobore un trafic entrant déterminant des appels. Une taxation équilibrée doit tenir compte de cette réalité pour ne pas pénaliser davantage les populations déjà marginalisées.

      Impact Financier des OTT : Des recherches indiquent que la taxation des appels entrants et des OTT avoisinerait plus de 300 milliards de FCFA pour le Sénégal, une charge qui n’est pas supportée par les abonnés. De plus, les appels locaux et internationaux sont soumis à des charges équivalentes, ce qui peut paraître injuste et disproportionné.

      3. Recommandations pour une Approche Équilibrée

      Mise en Place de Mécanismes de Contrôle Robustes : Intégrer des technologies de détection des fraudes et des systèmes de filtrage avancés pour sécuriser les communications.

      Réévaluation de la Taxation : Considérer une taxation différenciée entre appels locaux et internationaux, en tenant compte de l'impact des OTT et des réalités économiques des abonnés.

      Transparence et Reporting : Réinstaurer des rapports réguliers sur le trafic entrant via l'ARTP pour une meilleure transparence et une prise de décision éclairée.

      Extension de la Connectivité : Prioriser l’extension de la 3G et 4G dans les localités non desservies pour réduire les disparités et optimiser l'utilisation des infrastructures existantes.

      Sur la Prolifération des Projets Numériques

      Vous soulevez également des points pertinents concernant la redondance des projets numériques et les chevauchements entre acteurs. Voici une analyse plus approfondie :

      1. Exemple de la Fibre Optique et du Datacenter de Diamniadio

      Redondance Structurelle : La réalisation de 6 000 km de fibre optique et la construction d’un datacenter de dernière génération à Diamniadio, mobilisant près de 52 milliards de FCFA, illustrent une absence de coordination stratégique. Ces projets auraient pu être optimisés en collaboration avec les opérateurs télécoms pour éviter des coûts inutiles.

      Optimisation des Investissements : Une approche collaborative avec les opérateurs permettrait de mutualiser les infrastructures et de maximiser les retours sur investissement, en évitant les duplications et en assurant une meilleure couverture nationale.

      2. Gestion Stratégique par le Ministère

      Le ministère doit jouer pleinement son rôle de gestionnaire stratégique pour :

      Éviter les Duplications Coûteuses : Centraliser la planification des projets numériques pour garantir une utilisation efficace des ressources.

      Rationaliser les Ressources Publiques : Optimiser l’allocation des fonds publics en fonction des priorités nationales et des besoins réels.

      Assurer l’Interopérabilité : Garantir que les infrastructures développées sont compatibles et interopérables entre elles, facilitant ainsi une intégration harmonieuse au sein des institutions.

      3. Cadre Normatif et Vision Stratégique Unifiée

      Pour maximiser l’impact des infrastructures numériques, il est impératif de :

      Établir un Cadre Normatif Clair : Définir des régulations et des standards technologiques qui orientent le développement des infrastructures numériques de manière cohérente et intégrée.

      Développer une Vision Stratégique Unifiée : Formuler une stratégie nationale qui aligne les initiatives publiques et privées, favorisant ainsi une synergie et une complémentarité entre les différents acteurs.

      Sur la Gouvernance et la Coordination

      Une gouvernance unifiée est indispensable pour recentrer chaque acteur (ARTP, SENUM, FDSUT, Senelec, etc.) sur ses missions et éviter les conflits de prérogatives. Voici les axes principaux à considérer :

      1. Clarification des Responsabilités

      Définition des Mandats : Chaque organisme doit avoir des mandats clairement définis, évitant ainsi les chevauchements et les ambiguïtés.

      Responsabilité et Accountability : Instaurer des mécanismes de responsabilité pour s’assurer que chaque acteur respecte ses obligations et contribue efficacement aux objectifs communs.

      2. Coordination Renforcée entre Secteur Public et Privé

      Partenariats Public-Privé (PPP) : Encourager les PPP pour mutualiser les ressources et les expertises, favorisant ainsi une mise en œuvre plus efficace des projets numériques.

      Plateformes de Collaboration : Mettre en place des plateformes de dialogue et de collaboration entre les acteurs publics et privés pour faciliter le partage d’informations et la coordination des initiatives.

      3. Évaluation Régulière de l’Impact des Investissements Publics

      Indicateurs de Performance : Définir des indicateurs clairs pour mesurer l’efficacité et l’impact des investissements publics dans le secteur numérique.

      Audits et Revues Périodiques : Réaliser des audits réguliers pour évaluer la performance des projets et ajuster les stratégies en conséquence.

      Conclusion : Vers une Transformation Numérique Inclusive et Durable

      Le secteur numérique représente un levier essentiel pour la transformation socio-économique du Sénégal. Cependant, il est fragmenté par des choix politiques incohérents et des stratégies mal alignées. Pour que le Sénégal puisse pleinement tirer parti de ses ambitions numériques dans le cadre du référentiel Sénégal 2050, il est impératif de :

      Réadapter les Stratégies : Recentrer les initiatives sur les missions fondamentales de chaque acteur et éviter les duplications coûteuses.

      Promouvoir une Gouvernance Unifiée : Assurer une coordination efficace entre les différents acteurs pour maximiser l’impact des investissements et favoriser une synergie constructive.

      Favoriser une Transformation Inclusive : Veiller à ce que le développement numérique bénéficie à toutes les régions et populations, réduisant ainsi les inégalités et stimulant une croissance inclusive.

      En tant qu’outil de souveraineté nationale, le numérique doit être perçu non seulement comme un vecteur économique, mais aussi comme un pilier de la sécurité, de l’éducation, de la santé et de la gouvernance. La vision Sénégal 2050 doit s’articuler autour de cet objectif, en intégrant une transformation numérique inclusive, sécurisée et durable.

      Merci encore pour votre contribution, M. Diakhaté, qui alimente une réflexion indispensable pour le futur numérique du Sénégal.


      Ibrahima SALL
      Commissaire Scientifique en charge du numérique du parti PASTEF
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    • Auteur

      Reply_author

      il y a 3 semaines (19:02 PM)
      Lahad est un cheval de Troie, il cherche à protéger les intérêts d'Orange Télécom, le Sénégal doit retrouver son indépendance numérique et trouver le moyen d'utiliser les télécommunications afin de collecter des fonds supplémentaires pour améliorer le budget national d'où les appels entrants et autres taxes majorées sur les unités d'appels, en plus de tout faire pour créer et des réseaux alternatives sous son total control. On ne comprend pas aussi ses critiques sur le réseau national fibre optique et sur le projet de la SENELEC.
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  2. Auteur

    Abdou

    il y a 3 semaines (12:29 PM)
    Tres bel article et des idees pertinentes
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    Auteur

    Lakh

    il y a 3 semaines (12:43 PM)
    Vous ne commentez pas. ¨Parce que c'est sérieux?

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    Auteur

    Djibson

    il y a 3 semaines (12:43 PM)
    Instructif. Point de vue intéressant.
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    Auteur

    il y a 3 semaines (13:39 PM)
    Beaucoup ne vont pas commenter cette parce que ne connaissant rien de ce que vous dites

    Bravo
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    Auteur

    il y a 3 semaines (14:39 PM)
    Merci Lahad pour ce partage de diagnostic qui nous permet de souffler un peu et quelque part d’espérer
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    Auteur

    il y a 3 semaines (14:51 PM)
    Bla bla bla avec ton gris nez
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    Auteur

    il y a 3 semaines (14:56 PM)
    Grand ta tête me fait rire! Mangui diégualou bou bakh!
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    Auteur

    il y a 3 semaines (15:13 PM)
    Il y’a vraiment des gens très cons derrière leur clavier
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    Auteur

    Parole D'expert

    il y a 3 semaines (16:47 PM)
    Je rejoins entierement M. Diakhate dans son raisonnement.



    Je me suis Toujours pose la question a quoi sert le Datacenter de la Senelec? A QUELLE FIN?

    SENELEC appartient a l'etat. Et pourtant L'etat a deja investi un DC National a Diamniadio. Avec le SCP (Senegal Connect Park) ex PTN (Parc de Technologies numeriques) qui va aussi abriter un DC a Diamniadio.

    De Quelles capacites de Stockage de donnees Senelec dispose pour se lancer dans un DC. Ne serait il pas plus judicieux a l'etat de recommender a la Senelec le DC national du Senum afin de decrocher un tres gros client B2B en hebergement (Hosting) pour aider l'etat a rentabiliser les investissements massifs du SENUM?

    La SENELEC a-t-elle l'expertise pour piloter un DC? De quelles prerogatives techniques et commerciales dispose la Senelec dans ce secteur du numerique ou Orange Senegal meme (Leader du marche) peine a faire decoller son portefeuille B2B en herbegement dans son DC?

    D'ailleurs c'est l'une des raisons pour lesquelles Orange Senegal et Orange Maroc ont signe un partenariat avec AWS (Amazon) pour booster leurs hebergeement.



    Qui serait les clients de la Senelec a heberger dans son DC alors que le Senum a ete cree dans ce sens?

    Un pays comme le Senegal (avec moins de 20M d'habitants et un ARPU relativement faible) a-t-il reellement besoin de 5 Datacenter (DC Orange, DC Free, DC SENUM et DC Senegal Connect Park)? Absoluement pas!

    Les operateurs telcos (Orange et Free) sont toujours a la recherche de nouvelles niches d'opportunites dans leur coeur de metier; c'est qui est tres legitime. Mais pourquoi ne pas mutualiser toutes les donnees d'etat (SENUM, SENELEC, et Connect Park) au sein d'un seul et unique DC National avec des sites distants de backup et replication? Ca serait 2 a 3 fois moins cher a l'etat du Senegal et l'etat aurait plus de controle dans la gestion nationale de ses donnees.



    Au lieu de ca, des projets sont montes de gauche a droite a des fins que le Senegalais Lamba ne saurait reellement sentir l'impact.



    Le numerique dou ay Tiakhane. C'est la colonne vertebrale de developpement mondial. L'IA, le maching learning et d'autres technologies sont actuellement entrain de dominer le monde.

    A titre d'exemple, les hommes les plus riches du monde (Elon Musk, Jeff Bezos, Marc Zubergk....) sont dans le numerique par ce que un bon modele economique numerique permet de connecter des milliards de personnes dans la planete.



    Aux nouveaux dirigeants, si vous voulez vraiment reussir le , confiez ce secteur (epine dorsal du PROJET) aux experts. Plus d'amateurisme dans tel ou tel secteur. A plus fort raison le numerique ou les resultats sont palpables au jour le jour.



    Modeste contribution d'un d'expert numerique.
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    Auteur

    il y a 3 semaines (16:57 PM)
    Très bien dit Lahat.

    Merci pour cette contribution
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    Auteur

    Brc

    il y a 3 semaines (18:58 PM)
    Très belle contribution
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    Auteur

    Ahmed Sakhir Ndoye

    il y a 3 semaines (21:34 PM)
    En voyant l'intervention de Mr Abdou Akhad Diakhaté Nous voyons une personne qui maîtrise bien le secteur du numérique c'est très pertinent le Sénégal actuel a besoin des gens comme vous Merci beaucoup a chaque fois que vous intervenez on voit un grand homme parlant pour l'amour de son pays bonne continuation Mr
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