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Entretien

Mamour Cissé, Sg du Psd/Jant bi : Macky, Wade, Karim et moi

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Mamour Cissé, Sg du Psd/Jant bi : Macky, Wade, Karim et moi

L’opposition est une nouvelle vie. Et Mamour Cissé, dernier directeur de Cabinet du Président Wade vit la tienne dans son propre cabinet. Dans son bureau sis au centre commercial El Malick, là où le beau monde des grandes et petites affaires se côtoie, il y trouve une place et se reconvertit en… commerçant.

Cissé retourne ainsi à ses «mamours». Et le secrétaire général du Psd/Jant bi ambitionne de voir son soleil darder ses rayons là où Macky Sall est assis. Il a fait un «stage» dans la haute administration et le cœur de la politique en prenant l’intérim de Habib Sy dans l’entre-deux tour de la Présidentielle de 2012, là où l’avenir du pays se décide, où le candidat Abdoulaye Wade à qui il voue un amour «filial» est perdu un certain 25 mars, où la caisse noire attire toutes les couleurs politiques, etc. Mamour Cissé dira un jour ce qu’il sait de Wade et ce qui s’est passé sous sa direction et à quelques mois de la Présidentielle. Mais en fait, il le dit d’abord dans cet entretien, fait l’inventaire de la gestion de Macky Sall depuis son installation, réitère une «amitié» presque légiférée depuis l’Assemblée nationale. Le Psd/Jant bi a son Mamour. Un Mammouth aussi dans l’art de manier la parole.

Est-ce que l’opposition est une nouvelle vie pour Mamour Cissé ?

(Rires) Tout à fait ! C’est une nouvelle vie dans la mesure où j’ai retrouvé mes premières amours. C’est-à-dire le business et les affaires. En plus, on ne peut pas ne pas le dire, on se porte à merveille dans l’opposition. Sans doute parce qu’on s’est très vite accommodé à cette posture, pour la bonne et simple raison que ce sont les Sénégalais qui nous y ont mis. Le fait d’être dans l’opposition permet d’être moins stressé et d’avoir un regard différent. C’est pourquoi, c’est toujours bon d’avoir un métier. Nous y sommes et nous ferons en sorte d’être une opposition républicaine ; ce qui ne veut pas dire faire dans la langue de bois.

Est-il plus facile d’être dans l’opposition plutôt qu’au pouvoir ?

Les gens le disent. Si être au pouvoir est une sinécure et pas un sacerdoce, il est évident que se retrouver dans l’opposition n’est pas la meilleure des choses. Mais si, quelle que puisse être la station, on peut servir son pays et son Peuple, nous ne devons pas avoir d’état d’âme par rapport à cela. Si, donc, vous avez en face de vous des thiouné (incapables), peut-être. Mais si vous avez affaire à des gens qui ont une vision, ce n’est pas évident.

Avec le  recul aujourd’hui, est-ce qu’il y a eu des choses qui vous ont perdus et que vous revoyez aujourd’hui ?

Si vous n’êtes pas préparé ou vous n’avez pas un bon programme, ce n’est pas évident d’avoir le recul nécessaire pour apprécier les choses. De ce point de vue, peut-être. Nous avons aujourd’hui un régime qui a une absence de vision criante. Ce qui fait que c’est pain béni pour nous, mais malheureusement pour les populations qui avaient espoir que ce régime puisse prendre en compte leurs préoccupations et aspirations. On est toujours rattrapé par les dures réalités, qu’elles soient économiques, politiques ou sociales. C’est cela le sort de tout régime qui n’a pas de vision.

Vous êtes aujourd’hui dans l’opposition, quelles sont vos relations avec le Pds ?

Avec le Pds, il n’y a aucun problème. C’est un parti allié avec lequel nous avons cheminé depuis l’Ast (Alliance Sopi pour toujours), jusqu’à aujourd’hui dans le cadre de l’Initiative pour le rassemblement populaire (Irp/Booloo takhawou askan wi). En réalité, ce sont mes relations particulières et tout à fait exceptionnelles avec le Président Wade qui sous-tendent cette alliance.

Pourquoi l’Irp n’arrive pas à être visible ?

Peut-être parce que les partis qui la composent ont des calendriers différents, compte tenu des préoccupations immédiates à court, moyen et long terme. L’allié principal a effectivement des urgences qui peuvent positivement ou négativement in­fluer sur les perspectives.

La traque des biens mal acquis fait partie de ces préoccupations de votre allié principal…

C’est peut-être une explication mais, encore une fois, nous avons besoin de nous coaliser et de donner un espoir au Peuple sénégalais surtout par rapport aux actes posés par la coalition qui est en face de nous (Benno bokk yaakaar). Je pense que l’humilité aurait voulu qu’on fasse notre autocritique. Si on donnait à l’Irp 50% de notre temps, il y a aujourd’hui l’urgence de lui donner 80% pour que le coup de semonce qui nous avait été donné en 1998 puisse être réédité. Il s’agira de prendre l’essentiel des villes de ce pays : les quatorze régions et les quarante cinq départements. C’est possible !

Vous avez collaboré avec le Président Wade. Est-ce que c’est cette fidélité que vous voulez lui rendre en vous alliant avec le Pds ?

Quelque part, oui. Mes relations avec le Président Wade étaient particulières à un moment donné, qui ont naturellement versé dans des relations presque filiales. Cela a été un honneur de travailler avec un homme d’une intelligence aussi fine, très cartésien, très méthodique, avec des valeurs humaines extraordinaires. Il est très exigeant dans le travail. Aujourd’hui lui comme moi avons un seul regret : le fait de n’avoir pas pu travailler ensemble plus tôt.

Vous aviez démissionné de votre poste de député pour accepter d’être ministre d’Etat auprès du Président Wade. Qu’est-ce qui a été à l’origine de ce déclic entre vous deux ?

Je l’avais déjà soutenu en 2007.

Pas toujours avec la même liberté de ton ?

Si, tout le temps ! Je ne me départirai jamais de cette liberté de ton. J’étais, dans sa majorité, un allié critique. Il faut savoir aujourd’hui qu’au Sénégal, avoir cette liberté de pensée et de ton peut déranger. J’ai un côté anticonformiste. Quand je ne suis pas d’accord, je le manifeste. En bon croyant, les choses sont venues d’elles-mêmes. Quand j’étais vice-président de l’Assemblée nationale, même si j’étais dans le groupe parlementaire de l’opposition, c’est parce que quelque part, il y avait la volonté du parti majoritaire. Cette liberté de ton et de pensée m’a valu d’être débarqué de la vice-présidence de l’Assemblée nationale parce qu’il y a eu ce bruit du 23 juin. C’est extraordinaire aujourd’hui de constater qu’il y a beaucoup de gens qui ont eu le monopole du cœur. Ils disent qu’ils sont les artisans de cette révolution. J’étais allié mais ce projet de loi, quand il est venu à l’Assemblée nationale, je l’ai trouvé inique. J’avais interpellé plus d’un pour dire que s’ils croient au Président Abdoulaye Wade, je ne pouvais pas comprendre qu’ils puissent amener pareil projet de loi à l’Assemblée nationale. Je l’ai combattu, je ne l’ai pas voté et j’ai tenu une conférence de presse qui m’a valu ce que cela m’a valu. Malgré tout, le Président Wade a tenu à moi.

C’est cela qui est un peu étonnant puisque vous avez été appelé par la suite aux côtés du président de la République…

Tout à fait ! Est-ce que le Président Wade n’avait pas besoin, à cette époque, de gens critiques à ses côtés. En tout cas, on a perdu un grand homme d’Etat qui, qu’on le veuille ou non, est rentré dans l’histoire. Personnellement, pour l’avoir côtoyé, je le regrette, mais c’est la vie.

On vous a présenté au Palais comme un homme tout puissant au détriment des Libéraux. Vous l’avez été ?

J’étais ministre d’Etat, conseiller spécial du président de la Répu­blique. Je pense que c’est en début de campagne au mois de janvier ou de février que j’ai eu l’honneur d’assurer l’intérim du directeur de Cabinet du président de la République…

Ce directeur de Cabinet, c’était Habib Sy. Y a-t-il eu un froid entre lui et le Président à un moment donné ?

Non, pas du tout. Le Président a demandé à Habib Sy qui, comme vous le savez, est un baron à Linguère, d’aller au front pour travailler. Le Président n’a pas d’état d’âme. Au contraire, pour lui, c’étaient des éléments qui devaient bouger chaque fois que de besoin et, pour le cas d’espèce, puisqu’on était à des élections aussi importantes, il a pensé que Habib devait aller naturellement…

Le Pds vous en a quand même voulu de lui avoir chipé un poste aussi stratégique.

Oui, peut-être certains, mais j’ai eu quand même de très bonnes relations avec d’autres qui avaient cette intelligence de savoir qu’on était dans une coalition et que le Président Wade n’a pas d’état d’âme. S’il vous prend, c’est parce que vous êtes à même de pouvoir exercer avec toute la rigueur et l’intelligence nécessaires telle ou telle fonction. Donc, c’est comme ça que je l’ai pris.

Est-ce aussi parce qu’il est sans état qu’il a déchargé au second tour le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, qui était son directeur de campagne ?

Je pense que non. Encore une fois, à Kaolack aussi, on avait besoin d’avoir un homme d’envergure. Qui mieux que le Premier ministre pour aller gérer cette grande région à problèmes ?

Macky Sall a été Premier ministre et directeur de campagne en 2007…

Jusqu’au moment de la défaite, Souleymane Ndéné Ndiaye était le Premier ministre du Sénégal et directeur de campagne du Président Abdoulaye Wade. Compte tenu du fait que je n’ai été que son directeur de Cabinet par intérim, il était plus aisé et plus pertinent peut-être que moi qui suis resté à la Présidence, je puisse coordonner mais sur instruction du président de la République et de Souleymane Ndéné Ndiaye. Nous avons géré la campagne de façon collégiale et tout ce qui touchait aux deniers du Pds était confié à Samuel Sarr  et Omar Sarr. On m’a demandé de rester à Dakar et à la présidence de la République pour servir de courroie de transmission.

Il y a eu aussi du bruit autour de la caisse noire dans l’entre-deux tour gérée par Mamour Cissé. C’est quand même un gros enjeu ?

Oui, quelque part. Je vais vous faire une confidence : nous avons passé la plus difficile campagne présidentielle en termes financiers. L’autre camp avait mille fois beaucoup plus d’argent que nous, alors que nous peinions à boucler notre budget.

Comment savez-vous que l’autre camp avait beaucoup plus d’argent que vous qui étiez au pouvoir ?

Ah non, nous avons vu et entre les deux tours, beaucoup de gens nous ont quittés sans compter, comme on dit en wolof, le ngaralé (l’opportunisme) qui a permis à certains de mettre deux fers au feu. Quand ils ont senti le vent du changement, ils sont partis, mais je ne leur reproche pas leur choix.

Et pourtant il y a eu beaucoup d’argent dépensé de votre côté ?

Oh oui ! Raisonnablement, je pense que tous ceux que j’ai eu à contacter avaient par ailleurs travaillé dans les différentes campagnes du Président Abdoulaye Wade. Même le Président Macky Sall, qui était son directeur de campagne en 2007, sait pertinemment que ce qu’il a géré n’avait rien à voir avec ce que j’ai géré.

Ah bon ?

Ah oui ! En 2007, il n’y avait pas moins de 20 ou 30 milliards de francs Cfa…

Et en 2012 ?

Est-ce qu’on a eu 6 milliards de F Cfa ?

Et pourtant il y avait plus d’enjeux en 2012 qu’en 2007 ?

Quelque part.

Est-ce parce qu’il n’y avait pas assez d’argent ou c’est le Président qui ne voulait plus dépenser ?

Non, ce n’est pas lui. Enfin, je pense. Comment comprendre qu’il y ait eu des structures du Pds qui ont été financées à la veille des élections ? Cela veut dire qu’on avait des tensions de trésorerie extrêmes, aussi bien au premier qu’au deuxième tour.

Est-ce que ce sont des tensions de  trésorerie de la caisse noire ?

Mais non, en tout cas pour ce que j’en sais, par rapport aux dernières élections de 2012, on n’a pas financé la campagne avec les fonds secrets. Je l’affirme. Contraire­ment à 2000, quand Wade prenait le pouvoir, le régime de Macky Sall a trouvé beaucoup d’argent disponible : plus de 500 milliards. On a eu deux personnes qui ont eu à cœur leur job, l’ancien ministre des Finances mais aussi au premier chef Abdoulaye Wade qui n’était pas d’accord pour le mariage de la carpe et du lapin ; c’étaient deux choses distinctes. Tant que c’était dans le cadre de l’Administration, on peut user et abuser de sa caisse noire, mais il y va quand même du souci de la pérennité de notre pays. Ce sont des amis, certaines bonnes volontés qui ont financé la campagne, mais pas le régime en place.

Vous avez été investi sur la liste du Pds aux dernières législatives à la 13ème position…

C’est un mauvais chiffre d’ailleurs (Rires).

Est-ce que vous vous y attendiez ?

Pas du tout. Mais ma relation avec Abdoulaye Wade, Incha Allah, traversera la clameur. En 2007, j’ai soutenu le candidat Wade et il n’empêche que je suis allé seul à ces élections. Macky Sall n’avait pas compris qu’il fallait que j’aille me peser. C’est ma philosophie. Si je l’ai fait en 2007 à plus forte raison en 2012 où j’ai eu davantage d’audience, de crédibilité pour au moins avoir deux ou trois députés. Mais quand on a quitté le pouvoir, il y a eu les trahisons d’hommes proches, faits de toutes pièces par le Président Wade, les invectives, les insultes. Et alors que le père, Abdoulaye Wade, traversait des moments tellement difficiles, moralement, il était de mon devoir, quels que puissent être les états d’âme de mes partisans, de taire mes intérêts et d’aller jusqu’au bout avec lui. «Gor dafa am way (Il faut être digne) !» Le Peuple sénégalais n’a pas que des préoccupations de richesses ; il a soif de moral, de dignité, de Koleuré (fidélité). Mais si Abdoulaye Wade était passé, j’allais jouer un rôle fondamental aujourd’hui.

 Vous disiez, en 2008, que le Pds était pressé d’en finir avec quelqu’un qui gêne ? Expliquez-nous.

Tout à fait. Par rapport à tout ce qu’il avait subi à l’époque, à tort ou à raison, j’ai trouvé que ce n’était pas bon d’abord pour l’institution, l’Assemblée nationale, mais surtout parce que l’essentiel des députés, comme moi, n’avait pas grand-chose à lui reprocher. Je suis d’ailleurs, quelque part, nostalgique de cette Législature qui n’a rien à voir avec celle en cours.

Avant cette Législature, il y a eu une Assemblée nationale présidée par le successeur de Macky Sall, Mamadou Seck. Y a-t-il eu cette continuité-là sous Mamadou Seck ?

Pour être honnête, oui. Peut-être que ce qui a péché, c’est ce fameux ticket présidentiel. J’avoue que je n’ai pas compris l’entêtement de ceux qui ont présenté ce projet. Mais l’erreur est humaine. Je pense qu’on a mis le Président dans cette histoire, mais le gardien du temple devait avoir comme mission les critiques vis-à-vis de leur engagement avec le Président ; ce qui n’a pas été le cas.

Vous aviez dit encore : «Macky Sall avait posé des actes salutaires pour moderniser l’Assemblée.» Vous le maintenez ?

Mais, je le pensais en toute bonne foi. Tout ce qui est aujourd’hui sorti de terre, que certains socialo-communistes prenaient comme des éléphants blancs, a vu le jour grâce à la vision du Président Wade, mais sous le magistère de Macky Sall. J’en veux pour preuve l’autoroute à péage. C’est pourquoi je ne désespère pas que la sérénité revienne.

Dans Le Matin en 2008, vous ajoutiez : «Sa porte ne m’a jamais été fermée.» Mais vous, semble-t-il, vous lui avez fermé aujourd’hui la porte d’une éventuelle alliance avec le Psd/Jant bi…

Mais non, pas du tout ! Je le dis pour être conséquent avec moi-même. Nous sommes restés des amis. Il venait chez moi, j’allais chez lui. Il a mérité cette charge suprême. Je disais à ceux qui faisaient leur cam­pagne à la place de l’In­dé­pen­dance (Ndlr : l’opposition) : «Faites comme Macky Sall qui fait le tour du pays !» Donc, j’ai eu des relations avec Macky Sall, mais il se trouve qu’à un moment, j’étais le collaborateur le plus proche du Président Wade pour qui j’ai tout fait pour qu’il gagne dans les règles républicaines. Alors qu’on nous promettait du sang et des larmes, nous avons fait une très belle transition démocratique et Abdou­laye Wade, avec dignité, a accepté. Le 25 mars, à 18h30, j’étais avec lui seul. Mais quelle élégance ! Quelle dignité !

On vous a quand même accusé, vous et Thierno Lô, d’avoir conseillé au Président Wade de se maintenir et de faire croire qu’il a gagné dès le Premier tour. Qu’en est-il ?

Le 26 février, j’étais dans le bureau de Ousmane Ngom (ministre de l’Intérieur) et le Premier ministre (Souleymane Ndéné Ndiaye) où nous avons passé la soirée électorale et cela jusqu’à 7h du matin.

Il n’y avait pas donc une volonté de faire un forcing…

Pas du tout !

Mais cette sortie de Serigne Mbacké Ndiaye à minuit, disant que Wade a eu 51%, a quand même semé le doute…

Non du tout ! Je respecte ses déclarations mais je ne les partage pas. La preuve : qu’est-ce qui est advenu de ses déclarations ? Les gens ont corrigé. Quand des fonctionnaires émérites, devant leur pupitre, vous sortent une analyse extrêmement fine, vouloir ensuite changer le cours des choses relève de la témérité. Et pour moi, la témérité, c’est de la folie. Macky Sall, qui était le directeur de campagne du candidat Wade en 2007, avait déclaré dans la soirée même que le Président Wade avait gagné. Donc, dans son intime conviction, il savait pertinemment qu’au sortir du premier tour, il avait mille chances de passer. Je vais vous faire une petite confidence aujourd’hui. A 19h 45, ce jour-là, le Président Wade était dans les dispositions de féliciter Macky Sall, mais on ne parvenait pas à le joindre.

Est-ce parce que vous n’aviez pas son numéro ?

Oui, d’une part…

Et c’est pourquoi, comme l’a dit Serigne Mbacké Ndiaye, vous avez fini par passer par Me Alioune Badara Cissé ?

Oui, par la suite. C’est Karim Wade qui a donné le bon numéro qu’il fallait appeler pour joindre Macky Sall. A 20h 30, le président de la République a convoqué la totalité du cabinet pour faire sa déclaration.

Quelle ambiance !

Mais quelle ambiance ! C’est la raison pour laquelle j’ai dit tantôt que je donnerai ma part de vérité sur ce que j’en sais et ce que je sais du Président Wade.

Sous forme d’un livre ?

(Hésitant) En tout cas, je ne dirai que ce que j’ai vu. Mais encore une fois, Macky Sall a toutes les raisons de se réconcilier avec un homme comme Abdoulaye Wade. Confidence pour confidence, j’étais très proche de Macky Sall. Une fois, il me disait : «Mamour, j’ai commencé à avoir des problèmes.» Au lendemain des élections de 2007, quand le Président Wade m’a appelé dans son bureau, il a appelé quelqu’un d’autre pour lui dire : «Je souhaite que vous souteniez Macky Sall qui nous a permis de rempiler et je veux qu’il devienne notre candidat en 2012.» Donc, Macky Sall sait qui n’avait pas intérêt à ce que le vœu du Président Wade se réalise. Macky Sall sait ; Abdoulaye Wade sait. Cela n’enlève en rien l’affection qu’on lui porte. Aujourd’hui, mon ambition, c’est de remplacer Macky Sall. C’est le contraire qui aurait étonné (Rires).

Nguur gui di enjoy, askan wi di jooy (Le pouvoir se régale alors que le Peuple souffre). Expliquez-nous cette trouvaille de votre parti, le Psd/Jant bi ?

C’est au bureau politique du Psd/Jant bi que le slogan est sorti. C’est aussi les frustrations et les peines ressenties lors de la fête de la musique avec ce spectacle du ministre du Tourisme au Cices et d’autres membres du gouvernement. Il y avait des urgences dans ce pays : l’électricité, les agressions, la campagne agricole. Si tant est qu’ils devaient le faire, cela devait être dans un cadre strictement privé, «sobre», comme ils le disent. Nous avons notre image d’homme public à préserver.

N’est-ce pas exagéré, de votre part, de qualifier le Yoonu yokkuté, programme du Président Sall, de «la plus grande arnaque du siècle» ?

En dehors d’un slogan, quel est le contenu à mettre dans Yoonu yokkuté ? Il n’y a pas de vision. Comment peut-on faire en si peu de temps autant d’emprunts obligataires, signer 26 décrets d’avance de plus de 100 milliards. Comment comprendre aussi, selon Baïdy Agne, président du Cnp, qu’il y ait 376 entreprises formelles qui ont fermé. Comment comprendre que sur les semences certifiées, le Premier ministre déclare qu’on a du tout-venant.

Et pourtant, dit-on, le Yoonu yokkuté est un programme essentiellement social avec des bourses familiales et une couverture maladie universelle par exemple…

On attend. La bourse familiale ne saurait être une politique pérenne. On peut comprendre que, de façon ponctuelle, pour des inondations et autres, qu’on puisse aider tel Sénégalais ou telle couche sociale, mais en faire une politique me pose problème, car c’est la meilleure façon de refuser aujourd’hui le développement et de clochardiser le pays.

Macky Sall se trompe de priorités, à votre avis ?

Oui. On donne à Amadou Makhtar Mbow et à sa commission 700 millions pendant qu’il y a 150 jeunes qui risquent de mourir parce que le centre thoraxique et cardio-vasculaire de Fann, qui est unique aujourd’hui au Sénégal, ne peut pas les opérer pour 300 millions de francs seulement. Je veux bien lancer un appel aux Sénégalais de bonne volonté, mais ils sont devenus frileux depuis cette campagne de mobilisation de fonds pour les sinistrés. Vous avez entendu Mbaye Ndiaye (ancien ministre de l’Intérieur) qui demande à son tour que le ministre de l’Economie et des Finances clarifie cette question. Ils ne sont même pas en mesure de nous dire ce qui a été fait de cet argent.

Il doit être convoqué par l’Assemblée nationale…

Oui, c’est un minimum. C’est un problème d’affectation des ressources. Ensuite, on nous avait promis dans le cadre de Yoonu yokkuté 500 000 emplois sur 7 ans, ramenés à  70 000 emplois par an.  Et il peine déjà à prendre 5 000 jeunes dans la fonction publique sur une demande de 240 000. Et puis la vocation d’un Etat n’est pas de recruter, mais de créer les conditions pour que ceux qui sont dans les affaires puissent créer de la richesse. Et c’est parce qu’on crée de la richesse qu’on a forcément besoin de main d’œuvre. Qu’on nous crée un environnement sain, qu’on facilite aux petites et moyennes entreprises l’accès au financement par le démarrage effectif de la Banque nationale de développement économique (Bnde) dont l’actionnariat est aussi une nébuleuse. Et ce sont ces gens-là qui nous parlent de gouvernance vertueuse. Il (Macky Sall) a beau être mon ami, mais les réalités sont têtues.

A vous entendre, les premiers signaux envoyés par le pouvoir ne sont pas au vert…

Je n’en vois pas, à part qu’ils ont diminué l’impôt sur les salaires, quoique moi, j’aurais fait plus.

Avant les décrets d’avance de Macky Sall, il y avait ceux du Président Wade pour lesquels le groupe parlementaire de la majorité avait promis d’ouvrir une commission d’enquête parlementaire. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Je dis à mon ami Moustapha Diakhaté (Président du groupe Benno bokk yaakaar) que si les deux décrets d’avance de Wade méritent une commission, les 26 décrets de Macky Sall devraient nécessiter alors quatre commissions d’enquête.

Que savez-vous des décrets de Wade ?

C’est dommage que, dans ce pays, les gens soient parfois amnésiques. Un décret d’avance dans un secteur productif, même s’il est à combattre, tant qu’il concerne la Sécurité nationale, on peut le comprendre.

N’est-ce pas aussi une façon de se réfugier derrière la Sécurité nationale pour en abuser ?

C’est vrai que les décrets d’avance ont bon dos. Regardez, même la réfection du building administratif, on nous parle de décret d’avance. Le ridicule ne tue pas ! Le cas de Jaxaay est une nébuleuse totale puisque je suis dans le secteur des Btp.

C’était aussi le cas avec Jaxaay version Wade …

Au moins tout le monde avait constaté que les règles étaient très restrictives. C’étaient des villas à 5 ou 6 millions et il fallait de la témérité pour le faire. Le mettre carré linéaire coûtait 3 500 francs pour une maison à 6 millions ; ce n’était pas possible. Mais aujourd’hui, ils l’ont réévalué et c’est une bonne chose. Tout le monde sait que quand le secteur des Btp marche, tout marche. Aujourd’hui, le secteur agricole contribue à hauteur de 10% du Pib pour 60% de la population. C’est extrêmement grave !



7 Commentaires

  1. Auteur

    Jalooo

    En Août, 2013 (01:53 AM)
    reflechis ..30 secondes avant d insulter...sais tu d ou venaient ces 30 milliards ??? le sais tu ...en tous les cas tres certainement des comptes publics....quand tu auras la vraie reponse ...mais vraiment ...et pas en trichant ..eh bien on en parlera ...ensuite je te signale que ces milliards sont bouffes par des Senegalais et pas par WADE et ça c est deja certain..pauvre idiot
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  2. Auteur

    Namoury

    En Août, 2013 (06:50 AM)
    Le plus grand "sobman"produit par le Senegal.

    A l'ecouter on sent rapidement des mensonges....Un mythomane!!!!
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    Auteur

    Borome Gualem Gui

    En Août, 2013 (12:23 PM)
    idypresident,je vous conseille d aller a nimjatt ziara mame cheikhna cheikh saadbou khertou avant 2017,allahou Akbar.
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    Auteur

    Yatt

    En Août, 2013 (12:44 PM)
    Cette quantité négligeable de Mamour CISSE, sans honneur et fourbe, adoubé par un président fossilisé par l'âge et les frasques, a bien besoin de publicité pour paraître !!!

    En suivant la classification faite ici dans ce forum par CAPORAL DIEDHIOU, le "Quotidien" est, sans doute, dans la rubrique "mercenaires de la plume".

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    Auteur

    Dembadreamer

    En Août, 2013 (19:35 PM)
    Mamour un Corrompu qui est maitre dans l'Art de Corrompre! Dieu seul sait s'il n'a pas achete cet article!?
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    Auteur

    Clopin

    En Août, 2013 (21:11 PM)
    Seul la vérité tu , Mamour deug la wakh franchement bayilen mana doul ak ignane sinon si finaux mamour tel t'en di des, Wa salam
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    Auteur

    Alerte

    En Août, 2013 (00:59 AM)
    Le jour où idy seck deviendra president de la republique, son fils ablaye prendra ce pays en otage.Plus impoli que ce gosse tu meurs.Aujourdhui, sur la route de mbour , en quittant saly, il s'est amusé à jouer à la flèche avec une des 8x8 de idy(faisant certainement partie du butin), sirenes en marche et talky walky en main.Il fallait voir comment les dizaines de vehicules accostaient au bat coté pour ceder le passage,pensant avoir affaire à un cortege officiel. .Il s'en est pas limité à cela.Le gosse qui était assis devant avec son chauffeur s'amusait à crier dessus ceux qui tardaient à s’exécutaient.



    Quelques heures apparavant, il a procédé à un véritable tapage avec sa moto squad là hauteur de la rue qui mene vers les hotels neptunes , royam .
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