"L’homme africain est entré dans l’histoire et dans le monde, mais pas assez. Pourquoi le nier ?", écrit M. Guaino dans le quotidien daté de dimanche, un an après le discours de Dakar (26 juillet 2007) qui avait entraîné de nombreuses protestations, dont celle du président sénégalais Abdoulaye Wade.
"Revenons un instant sur le passage qui a déchaîné tant de passions et qui dit que "l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire". Nulle part il n’est dit que les Africains n’ont pas d’histoire. Tout le monde en a une. Mais le rapport à l’histoire n’est pas le même d’une époque à une autre, d’une civilisation à l’autre", affirme M. Guaino.
"Dans les sociétés paysannes, le temps cyclique l’emporte sur le temps linéaire, qui est celui de l’histoire. Dans les sociétés modernes, c’est l’inverse", ajoute-t-il.
"L’homme moderne est angoissé par une histoire dont il est l’acteur et dont il ne connaît pas la suite. Cette conception du temps qui se déploie dans la durée et dans une direction, c’est Rome et le judaïsme qui l’ont expérimentée les premiers. Puis il a fallu des millénaires pour que l’Occident invente l’idéologie du progrès", poursuit le conseiller du président, qui convoque à l’appui de sa thèse le philosophe Emmanuel Mounier et l’historien Fernand Braudel.
"Cela ne veut pas dire que dans toutes les autres formes de civilisation il n’y a pas eu des progrès, des inventions cumulatives. Mais l’idéologie du progrès telle que nous la connaissons est propre à l’héritage des Lumières", affirme M. Guaino.
Le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy avait été vivement critiqué, notamment par le philosophe Bernard-Henri Lévy et par Abdoulaye Wade, qui l’avait jugé "inacceptable".
Le "drame de l’Afrique" est que "l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire", avait-il dit.
"Le paysan africain, qui depuis des millénaires vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles", avait encore déclaré M. Sarkozy.
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