Avec la Tv nationale, l'espace public est confisqué, livré aux mains d'autorités politiques qui se transforment en preneurs d'otages et font de nous, envers et contre tout, des marionnettes silencieuses, victimes consentantes d'un forcing exacerbé.
La télévision comme vitrine sur le monde, un œil ouvert sur tant de réalités nôtres ou étrangères ? La définition qui s'en rapprocherait le mieux. Si tant est que l'on se place dans la posture qui consisterait à faire du petit écran un outil ou médium donnant libre-accès à tout un éventail de connaissances ou richesses que l'on peut, à l'échelle du monde, avoir en partage. Or, les politiques d'aujourd'hui se veulent toutes axées sur la question de la diversité culturelle. Une opportunité pour l'ensemble des cultures d'avoir un droit de regard sur ce qui se dit ou se fait. La possibilité également pour chacun de s'exprimer au nom de sa culture propre… tout un festival culturel.
Un débat que l'on peut aisément ramener à notre mesure, transposer pour mieux comprendre. Car, pour dire les choses telles qu'elles sont, on la cherche désespérément cette diversité culturelle et elle n'a aucun cadre défini d'expression qui se voudrait paradoxalement accordé à tous. Pour ce qui est de notre télé nationale, l'espace public est définitivement confisqué, livré aux mains d'autorités politiques qui se transforment en preneurs d'otages et font de nous, envers et contre tout, des marionnettes silencieuses, victimes consentantes d'un forcing exacerbé. Nous n'en voulons pour preuve que ce matraquage quotidien auquel nous soumet la télévision, lorsqu'il ne s'agit en définitive que de suivre les moindres faits et gestes du président de la République. Quand il n'est pas question de mettre tout simplement l'accent sur tout ce qui le concernerait de près ou de loin. À telle enseigne qu'il n'y a plus rien à voir ou à espérer, quand chaque soir, tout est déjà dit ou presque, et que l'info périt avant de voir le jour. Parce qu'elle perd sa dimension-surprise et que l'on sait de quoi elle sera faite.
Une façon bien malhabile de décourager des millions de téléspectateurs désabusés et en mal d'espoir ou de rêve. Muselés parce que l'espace public leur file entre les doigts. Dominante de l'actualité : le pouvoir, son président et ses ministres, ses hôtes et ses alliés, ses tournées et autres visites. Et le peuple dans tout ça ? Il se plaint sans se faire entendre, comme un condamné criant inlassablement du fond de sa chambre de torture insonorisée. Car il n'y a plus moyen pour lui de se retrouver dans tout ce cirque audiovisuel où pratiquement rien ne l'évoque, où rien ou presque ne le rattache à sa culture. Et pourtant, l'on feint de la plus astucieuse (ou perverse) des manières…de ne parler que du peuple.
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