Des nouvelles manifestations sont prévues, dimanche, contre le maintien au pouvoir d'Alexandre Loukachenko. Le président biélorusse vient d'ordonner à l'armée de veiller à l'intégrité territoriale du pays et accuse les protestations d'être impulsées "de l'extérieur".
Plusieurs importantes manifestations sont prévues, dimanche 23 août, contre le maintien au pouvoir d'Alexandre Loukachenko, dont la réélection n'a pas été reconnue par l'Union européenne. Le président biélorusse appelle, quant à lui, l'armée à veiller à l'intégrité territoriale du pays.
"Je suis si fière des Biélorusses maintenant car, après 26 ans de peur, ils sont prêts à défendre leurs droits", a confié samedi à l'AFP la cheffe de file de l'opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa.
"Je les appelle à continuer, à ne pas s'arrêter, parce que c'est vraiment important maintenant de rester unis dans la lutte pour nos droits", a ajouté la professeure d'anglais de 37 ans qui s'était présentée à l'élection présidentielle du 9 août. "Ils doivent comprendre que nous ne sommes pas un mouvement de protestation. Nous sommes le peuple de Biélorussie, nous sommes une majorité et nous ne partirons pas. Nous n'avons plus peur d'eux."
L'opposante s'est réfugiée à Vilnius, la capitale de la Lituanie, où est prévue une manifestation sous forme de chaîne humaine jusqu'à la frontière avec la Biélorussie.
"Défendre l'intégrité territoriale de notre pays"
Samedi, le président Loukachenko, qui gouverne cette ex-République soviétique d'une main de fer depuis 26 ans, est allé inspecter les unités militaires déployées à Grodno, près de la frontière polonaise, selon un communiqué diffusé par la présidence biélorusse.
Arrivé sur le polygone militaire de cette ville de l'Ouest, le dirigeant de 65 ans a dénoncé le mouvement de protestation, impulsé selon lui "de l'extérieur". "J'ordonne au ministre de la Défense (...) de défendre avant tout la perle occidentale de Biélorussie dont le centre est à Grodno. Et de prendre les mesures les plus strictes pour défendre l'intégrité territoriale de notre pays", a déclaré Alexandre Loukachenko.
Le chef de l'État a affirmé constater d'"importants agissements des forces de l'Otan à proximité immédiate" des frontières biélorusses, sur les territoires polonais et lituanien, et annoncé que l'essentiel des forces armées du pays avaient été placées en état d'alerte. De vastes manœuvres militaires biélorusses sont déjà prévues dans la région de Grodno pour la fin du mois.
Svetlana Tikhanovskaïa a estimé que cette décision d'Alexandre Loukachenko était "une tentative de nous détourner des problèmes intérieurs" et qu'il n'avait plus d'autre choix que d'engager le dialogue avec l'opposition.
Faisant face à un mouvement de contestation inédit dans son pays, et clamant avoir remporté la présidentielle avec 80 % des voix, Alexandre Loukachenko avait déjà annoncé vendredi qu'il allait "régler le problème" du mouvement de protestation.
"Propagande du régime"
Concernant les accusations formulées par Alexandre Loukachenko samedi, l'Alliance atlantique a démenti le soir même tout "renforcement militaire" à la frontière de la Biélorussie, assurant que les allégations en ce sens étaient "sans fondement". "Comme nous l'avons déjà dit clairement, l'Otan ne représente aucune menace pour la Biélorussie ou tout autre pays et n'a pas de renforcement militaire dans la région", peut-on lire dans un court communiqué.
Le gouvernement du président Loukachenko "cherche à détourner l'attention des problèmes intérieurs biélorusses à tout prix avec des déclarations tout à fait sans fondement sur des menaces extérieures imaginaires", a quant à lui dit le président lituanien, Gitanas Nauseda.
Krzysztof Szczerski, le chef de cabinet du président polonais, a réagi sur le même registre, qualifiant les déclarations du chef de l'État biélorusse de "propagande du régime", qu'il a qualifiée de "déplorable et étonnante". "La Pologne (...) n'a aucun projet de ce genre", a-t-il déclaré à l'agence de presse polonaise PAP.
De son côté, le secrétaire d'État adjoint américain Stephen Biegun se rendra la semaine prochaine en Lituanie et en Russie pour discuter de la situation en Biélorussie. Il prévoit de rencontrer à cette occasion Svetlana Tikhanovskaïa, selon l'entourage de cette dernière.
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