C'est un cri d'alarme qu'a lancé le ministre de l'Économie du Brésil, Paulo Guedes. Le pays risque un « effondrement économique » d'ici un mois en raison du confinement induit par la pandémie de coronavirus qui progresse rapidement, et de la désorganisation de la production qu'il provoque.
« L'alerte est sérieuse, a prévenu le ministre de l'Économie. D'ici à 30 jours, il se pourrait que les choses commencent à manquer sur les étagères (des magasins), que la production soit désorganisée et qu'on entre dans un système non seulement d'effondrement de l'économie mais aussi de désintégration sociale ».
Le ministre se trouvait aux côtés du président Bolsonaro ce jeudi lorsqu'il a lancé ce message. Ce dernier a d'ailleurs réitéré son opposition aux mesures de confinement imposées pour sauver des vies par une majorité de gouverneurs et de maires, soutenus par la Cour suprême qui leur a accordé une autonomie de décision dans la lutte contre le coronavirus.
C'est d'ailleurs à l'issue d'une visite, non prévue dans son programme, au président de la Cour suprême, Dias Toffoli, que le chef de l'État s'est exprimé. Nous devons préserver des vies, a concédé le chef de l'État « mais il y a un problème qui nous préoccupe de plus en plus : [...] la question du chômage, de l'économie qui est à l'arrêt ». Le combat contre le virus ne peut pas faire plus de dégâts que le virus lui-même, a rappelé une nouvelle fois Jair Bolsonaro, qui est sur la même ligne que son homologue américain Donald Trump.
Une pandémie qui creuse les inégalités sociales
Selon le Fonds monétaire international (FMI), le Brésil, dont l'économie ne s'est toujours pas remise de la récession historique de 2015 et 2016, risque une contraction de 5,3% de son PIB cette année en raison de la pandémie. Mais c'est aussi le pays d'Amérique latine qui paie le plus lourd tribut à l'épidémie de Covid-19.
La courbe de contamination du Covid-19 progresse à un rythme très inquiétant, et a atteint jeudi soir les 135 106 cas, avec 9 146 décès. Des chiffres qui révèlent une progression de 610 morts au cours des dernières 24 heures et qui sont en outre largement sous-estimés, selon la communauté scientifique.
Dans de grands centres urbains comme São Paulo et Rio, les deux principaux foyers de contamination, mais aussi des villes du Pernambouc (nord-est) ou d'Amazonie, comme Manaus, les unités de soins intensifs des hôpitaux sont déjà quasi saturées.
En outre, quelque 11 millions d’habitants vivent dans des favelasoù, en raison de la promiscuité et de la précarité, les gestes barrières et le confinement sont difficiles à mettre en oeuvre. Aussi la mortalité est-elle particulièrement élevée chez les plus défavorisés, notamment dans la population noire. « La pandémie ne fait que creuser les inégalités historiques héritées de l'esclavage », selon l'institut Fiocruz de Rio de Janeiro, cité par l'Agence France-presse
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