Les étals ont été désertés. Les clients viennent au compte-gouttes. Les recettes hebdomadaires sont devenues maigres. La crise financière est passée par là. De 1500 dollars par semaine, soit près de 800000 F Cfa, El Hadji Thiam ne gagne maintenant que 500 dollars, soit 250000Fcfa. «Je ne vois plus de clients. Je ne peux plus faire face à mes obligations. Par exemple, je n’ai pu envoyer de l’argent à ma famille pour la dernière fête de Korité. Ce sera ainsi pour la Tabaski si la crise continue».
Pour faire face, le vendeur sénégalais a été obligé de réduire ses dépenses. «J’ai éliminé certaines chaînes de télévision câblées chez moi. J’ai aussi réduit la consommation de téléphone et d’électricité».
En 15 ans de présence aux Etats-Unis, El Hadji Thiam n’a jamais vécu une telle situation. «Mon père comprend la crise, il est informé, il est courant de la situation que nous vivons ici aux Etats-Unis. Mais les autres membres de la famille pensent que je refuse de répondre à leurs sollicitations. Je ne peux pas. J’ai une femme et des enfants à ma charge ici ; ce que je gagne aujourd’hui nous permet juste de survivre», dit-il.
Quant à Abdou Fall, naguère vendeur de sacs, il a changé de métier. Il est devenu fleuriste. Et vend à la sauvette dans les rues de Virginie dans la proche banlieue de Washington D.C
«J’arrive à écouler mes fleurs. Je vends moins cher que les grands magasins. J’ai les mêmes fournisseurs que les grandes surfaces. Seulement, maintenant, les clients ne se soucient pas de la qualité, l’important pour eux est d’avoir leurs fleurs. C’est une tradition souvent les vendredis d’en offrir à son conjoint ou d’aller fleurir les tombes».
Notre fleuriste constate un phénomène nouveau dans le comportement de ses clients. «Avant, l’Américain achetait sans compter. Maintenant, il compare les prix et fait même du marchandage.
Je suis surpris de cette nouvelle habitude» Le fameux «wakhalé sénégalais».
Ici aux Etats-Unis, beaucoup d’Américains sont durement frappés par la crise financière. Les parkings se vident quotidiennement. Certains se mettent au vélo ou prennent le métro, d’autres font des coupes sur leurs dépenses.
Conséquence : ils ont les yeux rivés sur l’économie. Elle est devenue le facteur décisif pour le choix du prochain Président des Etats-Unis. Pour l’instant, El Hadji et ses amis affrontent le froid de canard de Georgestown et se demandent à quand la fin de la crise financière.
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