Le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé mardi la prolongation au moins jusqu'au 3 mai du confinement de son pays de 1,3 milliard d'habitants, la plus grande population au monde soumise à cette mesure dans la lutte contre la pandémie de coronavirus.
Un confinement sévère est en place depuis le 25 mars dans tout le pays, le deuxième le plus peuplé de la planète. La mesure avait initialement été déclarée pour trois semaines. Mais face à l'accélération de la croissance de cas locaux de Covid-19, de nombreux États avaient appelé ces derniers jours le gouvernement central à prolonger le dispositif.
La vie des Indiens avant tout
"D'un point de vue économique, nous avons payé un prix important", a déclaré le dirigeant nationaliste hindou dans une adresse télévisée à la nation, "mais les vies des Indiens sont bien plus précieuses". L'Inde a recensé à ce jour 10.363 cas confirmés de coronavirus et 339 morts, selon le dernier bilan officiel mardi matin. Ces chiffres sont vraisemblablement sous-estimés en raison de la faiblesse du dépistage.
Modi, le foulard sur la bouche
Le chef de gouvernement, qui a commencé son allocution avec un foulard sur la bouche avant de le descendre autour de son cou au bout de quelques phrases, s'est félicité que l'Inde ait décrété ce confinement alors que le nombre de cas était encore relativement peu élevé sur son territoire. Si cette décision n'avait pas été prise, "la situation de l'Inde aurait été différente. De l'expérience de ces derniers jours, il est clair que la voie que nous avons choisie est correcte", a-t-il estimé.
L’Inde complètement à l’arrêt
Le géant d'Asie du Sud est au point mort depuis la fin mars. Les transports publics sont à l'arrêt et les frontières entre les différents États fermées, perturbant fortement les chaînes d'approvisionnement. Après le discours de Narendra Modi, l'interdiction des vols d'avions commerciaux, domestiques comme internationaux, et des trains de passagers a également été prolongée au 3 mai.
Coup dur pour les plus pauvres
L'arrêt brutal de l'activité a porté un coup terrible aux Indiens les plus pauvres, qui vivent au jour le jour et ont peu ou pas d'économies. Des millions de travailleurs journaliers se sont retrouvés soudain sans gagne-pain et ont dû rentrer à pied dans leurs villages, marchant parfois des centaines de kilomètres. Privés de ressources, nombre d'Indiens dépendent aujourd'hui pour survivre des distributions de nourritures opérées par les autorités ou des organisations caritatives.
“Un engagement sans faille”
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a salué mardi la décision du gouvernement indien de maintenir le confinement national. "Malgré des défis énormes et multiples, l'Inde a fait preuve d'un engagement sans faille dans son combat contre la pandémie", a déclaré Poonam Khetrapal Singh, responsable régional de l'OMS, dans un communiqué.
Assouplissements à prévoir
À partir du 20 avril, les districts les moins touchés pourraient bénéficier d'assouplissements du confinement au cas par cas pour reprendre un semblant d'activité, a précisé Narendra Modi dans son allocution. De nouvelles règles pour le fonctionnement de secteurs essentiels, comme l'industrie et l'agriculture, seront annoncées mercredi.
Croissance en berne
Des analystes s'attendent à une croissance de seulement 1,5 à 2% pour cette année en Inde, bien en dessous des 8% en progression annuelle dont elle a besoin pour absorber le million de jeunes entrant chaque mois sur son marché du travail.
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