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Tout au long du parcours, jalonné par des policiers français, des propos hostiles au Capitaine Dadis Camara et à la junte ont marqué la manifestation. Au fur et mesure que le cortège s’éloigne de la Place de la République, la foule s’agrandit. Des trottoirs des avenues et des rues adjacents, des curieux observent la foule qui danse au son du Jembé. La foule était composée non seulement de Guinéens venus du pays, de Paris et de sa banlieue, des provinces, mais aussi des sympathisants sensibles à la cause que défendent les forces vives de la Guinée, qui regroupent des partis politiques, des associations et des personnes ressources. L’enjeu, c’est contraindre Moussa Dadis Camara à accepter de renoncer à sa candidature, comme il l’avait promis au début de sa prise de pouvoir. Mais les manifestants adressent aussi, par le biais de cette sortie, un message à la communauté internationale, notamment à la France ‘un acteur essentiel du groupe international de contact sur la Guinée’, fait remarquer le président du Réseau national des associations des jeunes de Guinée, Gayo Diallo. ‘Il faut que la France pèse de son poids pour que Dadis Camara ne se présente pas aux élections.Ce message est également adressé aux autorités de la Guinée pour leur dire que nous sommes contre la candidature de Dadis et des membres du Cndd’, ajoute-t-il.
Mais cette manifestation sera-t-elle suffisante pour amener Moussa Dadis Camara à renoncer à sa candidature ? ‘Il faut savoir que cette marche n’est qu’une forme d’expression. Il y a une mobilisation que nous sommes en train d’organiser au niveau national. Si Dadis insiste pour se présenter aux élections, nous allons créer un gouvernement parallèle pour rendre le pays ingouvernable’, répond Gayo Diallo. Qui n’exclut pas le boycott des élections si le chef de la junte militaire persiste. Quand on leur demande les raisons qui expliquent cette opposition à la candidature du capitaine, au-delà des promesses de Moussa Dadis Camara, le président dudit réseau, Gayo Diallo, répond sans ambages : ‘Dadis est incompétent, mais surtout déséquilibré. Il est incohérent à la fois dans ses actes, dans ses prises de parole, dans ses positions. Il n’a pas la formation suffisante pour mener à bien un pays comme la Guinée. Pour le moment, les actes qu’il a posés inquiètent énormément. Ce n’est pas lui que nous voulons pour une Guinée démocratique. On lui demande seulement de gérer la transition. On ne lui demande pas de développer la Guinée’.
Le peuple de Guinée est souverain
L’on pensait que la manifestation devant l’ambassade du Sénégal à Paris allait mettre un terme sur la campagne contre le chef de l’Etat du Sénégal. Mais que nenni ! Abdoulaye Wade a été vilipendé durant la procession. Des slogans qui lui sont hostiles ont rythmé la marche. Et Deux pancartes sonnent tocsin en ces termes : ‘Wade, traître’ ; ‘Wade, stop au soutien à Dadis’. Dans le bruit du Jembé et des cris, Gayo Diallo lance ce message devant les journalistes sénégalais : ‘Nous disons au président Wade que le peuple de Guinée est souverain. De la même manière que le Sénégal s’exprime pour choisir ses dirigeants, c’est de la même manière que nous lui demandons de respecter la volonté du peuple de Guinée. Certes il a le droit de s’exprimer, mais ce qu’il n’accepte pas pour le Sénégal, qu’il ne l’accepte pas non plus pour la Guinée. Parce que je suis persuadé qu’il n’acceptera jamais au Sénégal que des militaires viennent au pouvoir. Et nous voulons qu’il respecte aussi cette logique pour la Guinée. Nous lui demandons surtout de ne pas être la cause d’un divorce entre le peuple du Sénégal et le peuple de la Guinée’.
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