Edouard Philippe a dévoilé vendredi un nouveau plan de lutte contre le terrorisme, une menace qui reste selon lui forte malgré les mesures prises après les attentats de 2015. Le Premier ministre a notamment annoncé un renforcement du suivi des personnes sortant de prison et susceptibles de représenter une menace, avec la création d’une unité dédiée, et des personnes placées sous contrôle judiciaire.
“La menace d’inspiration islamiste demeure particulièrement élevée”, a-t-il dit lors d’un discours à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), rappelant que 25 attentats avaient été déjoués depuis janvier 2017. La DGSI, qui voit son rôle de pilote opérationnel de la lutte anti-terroriste consolidé, assurera la coordination opérationnelle du renseignement et des investigations judiciaires sous l’autorité des magistrats et des stratégies de coopération du ministère de l’Intérieur en matière antiterroriste.
“Nous devons nous préparer à faire face à un nouveau défi : celui des détenus terroristes et de la radicalisation en milieu carcéral”, a-t-il ajouté. Selon lui, les prisons françaises comptaient au 1er juin 506 personnes détenues pour actes de terrorisme et 1.109 prisonniers de droit commun identifiés comme radicalisés. D’ici fin 2019, 450 d’entre eux devraient être libérés, a-t-il précisé.
Pour renforcer l’exécution des peines anti-terroristes, un service spécifique sera créé. Le suivi des personnes sous contrôle judiciaire sera renforcé et le recours à l’assignation à résidence sous surveillance électronique facilité. “Le non-respect du contrôle judiciaire par les personnes mises en examen pour faits de terrorisme entraînera une réponse judiciaire systématique”, a-t-il assuré.
Une “cellule de profilage” des auteurs d’attaques terroristes et d’identification des facteurs de passage à l’acte sera constituée. Pour approfondir la formation des magistrats à la lutte anti-terroriste, l’Ecole nationale de la magistrature accueillera à partir de novembre un cycle de formation spécialisé.
INFORMATION DES MAIRES ET NOUVELLES TECHNOLOGIES
Le chef du gouvernement a ajouté que les maires seraient associés à la prévention de la menace, en écartant la possibilité qu’ils puissent accéder librement aux fichiers spécialisés comme certains d’entre eux le demandent. En revanche, “dans le cadre d’une convention passée avec les préfets, le procureur et les maires, des informations à caractère confidentiel peuvent être échangées”, a-t-il dit. Il a confirmé la future création d’un parquet national antiterroriste et d’”un véritable maillage territorial anti-terroriste au niveau judiciaire”.
Il a évoqué les nombreuses mesures engagées sur le territoire français, en Europe et au niveau mondial comme la lutte contre le financement du terrorisme, les trafics d’armes et d’explosifs et la propagande sur internet et les réseaux sociaux, ainsi que les actions dans les pays déstabilisés ou la création d’une Académie européenne du renseignement. Pour accroître les moyens technologiques de sécurité, le préfet Renaud Vedel, coordonnateur pour l’intelligence artificielle au ministère de l’Intérieur, fera des propositions d’ici fin 2018
. Il devra “dire ce qui est envisageable” en respectant les libertés individuelles, a dit le Premier ministre. “En matière de lutte contre le terrorisme, il ne peut y avoir qu’une seule école : celle de la vigilance permanente, celle de la rigueur constante, celle de l’amélioration continue”, a déclaré Edouard Philippe. “Nous avons parfaitement conscience que le risque zéro n’existe pas”, a-t-il ajouté. “
Mais nous savons que nous ne devons jamais renoncer, jamais céder au fatalisme, lutter pied à pied, chaque jour, sans nous caricaturer, sans renoncer à nos valeurs, mais sans complaisance ni concessions.” Edouard Philippe se rendra samedi à Nice, où 86 personnes ont été tuées dans un attentat le 14 juillet 2016. Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse
1 Commentaires
Le Citoyen
En Juillet, 2018 (12:39 PM)Cependant, de telles mesures, si elles sont objectives, protégeront le citoyen français, musulman qu'il soit ou catholique.
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